Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1

182 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


tnt câble | satellite


y 20.50 Canal+ Cinéma Film


Pupille


| Film de Jeanne Herry (France, 2018) | 105 mn.

Inédit | Avec Sandrine Kiberlain (Karine),


Gilles Lellouche (Jean), Miou-Miou (Irène),


Elodie Bouchez (Alice), Stéfi Celma (Elodie),


Youssef Hajdi (Ahmed).


| GEnrE : ItInérAIrE d’un nouvEAu-né.

Théo, né sous X, est confié à l’adoption par


sa mère biologique le jour de sa naissance.

Alice, 41  ans, attend depuis dix ans, et


nombre de démarches, de devenir mère


adoptante. Pupille est l’histoire de leurs


trajets respectifs vers leur rencontre, ac-

mé bouleversante permise par une chaîne


de travailleurs sociaux dévoués. A partir


d’un long travail de documentation, et


grâce à une savante construction scéna-

ristique, la réalisatrice Jeanne Herry tisse


un véritable thriller affectif.


Il y a d’abord cette « recueillante », qui

aide la mère biologique dans sa décision,


puis chaque maillon des services de l’aide


sociale à l’enfance et de l’adoption, atten-
tif à ce qu’un lien, neuf, naisse. Jeanne

Herry rend un bel hommage à ces fonc-


tionnaires qui négligent leur propre vie,

l’une d’elles cachant même sa grossesse


pour ne pas blesser ses interlocuteurs pri-


vés d’enfants. Le romanesque s’engouffre


partout : dans une chambre d’hôpital, un


bureau d’administration, jusqu’à la mai-
son de cet accueillant qui veille sur ce bé-

bé en attendant qu’il trouve une nouvelle


maman. Dans ce rôle-là, Gilles Lellouche,


tout en humanité, apporte une chaleur
tendre et inquiète quand, soudain, le pe-
tit Théo semble souffrir d’un trouble de

l’attachement. Et puis il y a Elodie Bou-


chez, dont la voix claire, puis tremblante


de dépit ou de bonheur, restitue, à elle


seule, le difficile et lumineux chemin

d’une adoption. Pupille offre, entre autres,


cette émotion-là : la renaissance d’une


grande actrice. — Guillemette Odicino

t 20.40 OCS Max Documentaire

Game of Thrones : The Last Watch


y 22.30 Planète+ Documentaire

Corée du Nord :


les hommes du dictateur


| documentaire de Marjolaine Grappe (France, 2018) | 70 mn. rediffusion.
Ne vous arrêtez pas au titre, il est trompeur. Cette remarquable enquête, prix Albert-
Londres audiovisuel 2018, est une exploration complète et ultra documentée du régime
nord-coréen. Partant de ce simple constat : comment un pays sous embargo, considéré
comme l’un des plus pauvres de la planète, a-t-il pu se doter de l’arsenal nucléaire? La
réponse se trouve à l’étranger. Pour contourner le boycott, le pouvoir a décidé d’expor-
ter massivement une main-d’œuvre bon marché et tous secteurs ( médecins, ouvriers,
restaurateurs...). Ils sont plus de cinquante mille en Russie ou en Chine, et s’exportent
aussi au Qatar, en Afrique ou en Europe. Placés sous étroite surveillance, logeant le plus
souvent sur le lieu de travail, ces employés de l’Etat voient 80 % de leur salaire confis-
qué par le régime pour alimenter « le fonds spécial ».
Un système aussi discret que lucratif décortiqué ici grâce aux précieux témoignages
de certains de ces travailleurs expatriés devenus réfugiés politiques, exposant leur fa-
mille aux représailles. Ce documentaire sans frontière nous conduit de Séoul à New York,
en passant par Oulan-Bator, pour finir à Pyongyang, la si secrète capitale de la Corée du
Nord. Un visa obtenu au prix d’une visite téléguidée. Peu importe, au-delà de la propa-
gande grossièrement gênante, il y a ces images rares d’un pays et du quotidien d’un
peuple soumis aux diktats de Kim Jong-un. Edifiant. — Etienne Labrunie

Tres

Or Films - Chi-F

Ou-mi Pr

OduCTiOns -

sTudiOCanal - FranCe 3 Cinema -

ar

Temis Pr

OduCTiOns | 2018

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Te G.

e.i.e

Dans ces yeux-là,
la chaleur, l’ardeur
de ceux qui ont fait
allégeance au tyran.

|  documentaire de Jeanie Finlay (uSA, 2019)
| 120 mn. rediffusion.
The Last Watch, à l’image de Game of
Thrones, est un programme à deux visages,
l’un spectaculaire et l’autre humain. Le
premier, plus voyant, captivera les fans de
la série. On y découvre par le menu ses
coulisses, le travail minutieux des décora-
teurs, des costumières, des assistants de
toute sorte, des centaines de gens qui s’af-
fairent pour que les moindres souhaits des
showrunneurs — quasi absents —, des réali-
sateurs et des acteurs — très discrets — de-
viennent réalité. Jeanie Finlay capte cer-
tains moments forts, comme la découverte
par Kit Harington de la fin de la série en
séance de lecture, ou ses adieux sur le pla-
teau. Le documentaire, gardé secret
jusqu’à sa diffusion, révèle aussi deux ou
trois détails pointus, notamment la pré-

sence sur le tournage d’une scène clé d’ac-
teurs qui n’y apparaissent pas, pour brouil-
ler les pistes et éviter aux fans rôdant dans
la région de deviner l’issue de la série.
Ce documentaire à rallonge aurait ga-
gné à se décliner en quelques épisodes,
histoire d’être moins chargé. L’intérêt du
film se situe par ailleurs bien plus du cô-
té des personnages que suit Finlay que
dans la machinerie technique. The Last
Watch, sans doute monté à partir de cen-
taines d’heures d’images, se concentre
sur ce qui plaira aux fans — et sur ce que
HBO a sans doute demandé à sa réalisa-
trice. Mais se glissent ici ou là dans son
récit des morceaux d’humanité, des té-
moignages émouvants, des instants qui
en disent bien plus long sur l’épopée
Game of Thrones que toutes les séquences

Elodie Bouchez, remarquable incarnation du si de making of. — Pierre Langlais
difficile et si lumineux chemin d’une adoption.


Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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