Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1
197

jeudi 22


t 21.05 TFX Film

War Dogs


| Film de Todd Phillips (USA, 2016) | 125 mn. VM | Avec Miles Teller
(David Packouz), Jonah Hill (Efraim Diveroli), Ana de Armas (Iz).
| GEnrE : rêVES AMérIcAInS.
Dans Lord of War, Andrew Niccol dénonçait le business du trafic
d’armes. Connu pour une trilogie potache (Very Bad Trip), Todd
Phillips lui emboîte le pas et politise son discours avec ce récit (vé-
ridique) de l’ascension et de la chute de deux jeunes Juifs de Miami
devenus millionnaires sous l’administration Bush Jr en vendant
armes et munitions à l’armée. C’est ça aussi, l’Amérique : n’importe
qui peut répondre aux appels d’offres de Washington pour équiper
les GI ou fournir les militaires en missiles.
Mi-pamphlet, mi-blockbuster, cette comédie décomplexée vaut
surtout pour l’abattage de Jonah Hill, pas si éloigné de son rôle de
trader cocaïné dans Le Loup de Wall Street. Au milieu du désert ira-
kien, dans un entrepôt d’armes russes ou au volant d’un bolide à
ses initiales, il incarne l’arrogance et la décontraction américaines
et ne laisse pas beaucoup de place à son partenaire de crime, inter-
prété par Miles Teller, révélation de Whiplash. — Jérémie Couston

t 20.55 Arte Série

Top of the Lake : China Girl


t 21.05 Chérie 25 Film

Möbius


| Film d’Eric rochant (France, 2012) | 125 mn
| Avec Jean Dujardin, cécile de France,
Tim roth, John Lynch, Emilie Dequenne.
| GEnrE : MALDonnE PoUr DEUx ESPIonS.
Aucun des personnages ne suscite l’empa-
thie, pas même les deux héros : le fils spi-
rituel sans scrupule du futur patron des
services secrets russes et une tradeuse
sans foi ni loi, aussi belle et froide que ses
tenues chics. Mais ces deux-là tombent
amoureux. Les voilà donc vulnérables et
attendrissants, comme l’étaient Ingrid
Bergman et Cary Grant dans Les Enchaî-
nés. Hitchcock semble avoir été en effet le
modèle d’Eric Rochant. Mais pour suggé-
rer l’entente physique entre ses héros,
Hitchcock imaginait un long baiser où ils

Hartswood Films tournoyaient interminablement dans le


| BBC/


see


saw ProduC


tions


australia/


sally Bonger


Vers la fin, l’intrigue
compte moins
que la subtilité
et les tourments
des personnages
(Elisabeth Moss).

| Série créée par Jane campion et Gerard Lee (saison 2, 1 à 6/6,
Australie/nouvelle-Zélande, 2016) | 6 × 60 mn. VM. rediffusion
| Avec Elisabeth Moss (robin Griffin), Gwendoline christie
(Miranda Hilmarson), Alice Englert (Mary Edwards), nicole Kidman
(Julia Edwards), David Dencik (Alexander « Puss » Braun).
La détective Robin Griffin reprend son poste à Sydney. Encore sous
le choc de son enquête en Nouvelle-Zélande — la disparition d’une
fillette, au cœur de la saison 1 —, elle s’attaque à une nouvelle affaire :
le cadavre d’une prostituée asiatique a été retrouvé dans une valise
sur la plage touristique de Bondi Beach. On la contraint à faire
équipe avec Miranda Hilmarson, débutante un peu trop collante.
Au même moment, elle accepte de rencontrer sa fille biologique,
abandonnée à la naissance, adolescente rebelle. Investigation poli-
cière et questionnements intimes vont rapidement se rejoindre...

Ce deuxième volet de Top of the Lake quitte l’arrière-pays néo-
zélandais, paysage sauvage et mystique, pour un décor urbain
plus classique. Comme dans la première saison, le drame repose
moins sur l’intrigue policière que sur des personnages atypiques,
ici tous tourmentés par la question de la maternité. On s’inté-
resse à eux grâce à leurs formidables interprètes — à commencer
par l’impressionnante Elisabeth Moss —, mais Jane Campion, ob-
nubilée par sa thématique, multiplie les facilités scénaristiques
et les seconds rôles caricaturaux, sacrifiant son histoire à une dé-
monstration idéologique pas toujours très fine. China Girl s’im-
pose comme une étrange suite, tour à tour intrigante, émou-
vante et déconcertante. — Pierre Langlais
Jeudi dernier a été diffusée l’intégralité de la première saison
(lire page 122).

décor. Eric Rochant, lui, a choisi de fil-
mer des orgasmes... Le double (triple)
jeu des espions sert de prétexte à des
scènes spectaculaires. Deux sont parti-
culièrement réussies. Côté suspense,
une lutte, suivie d’un meurtre, dans un
ascenseur. Côté émotion, le moment où,
dans un restaurant, les deux amants,
abasourdis, se reconnaissent tels qu’ils
sont, sans mesurer encore à quel point le
destin s’est joué d’eux.
On nage dans les invraisemblances,
bien sûr : l’agent russe Dujardin parle sa
langue avec un accent à couper au cou-
teau. Plus embêtant : cette mode insis-
tante du happy end forcé. Les produc-
teurs iront-ils jusqu’à imposer, un jour,
que Roméo épouse Juliette, qu’Emma soit
fidèle à Charles Bovary et que les trois
sœurs de Tchekhov s’en aillent à Moscou?
— Pierre Murat

Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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