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Sony PictureS
entertainment-Heyday FilmS-ViSiona
romantica
le rendez-vous
once upon a Time in...
Hollywood
QuenTin TaranTino
Page précédente,
Brad Pitt et
Leonardo DiCaprio.
Ci-contre, Margot
Robbie dans le rôle
de Sharon Tate,
actrice assassinée
par la secte de
Charles Manson.
ries télé, de plus en plus abonné aux
rôles de méchants. Il est sur le déclin,
il doute, il picole trop. Un producteur
(Al Pacino) l’incite à aller tourner en
Italie un western spaghetti. Pour Rick,
c’est le signe qu’il est devenu un has
been. Il s’épanche auprès du casca-
deur Cliff Booth (Brad Pitt), qui est
plus que sa doublure : son homme à
tout faire, son chauffeur et sa nounou.
L’un est au service de l’autre, les deux
n’ont pas les mêmes moyens, mais ils
sont comme des frères.
En parallèle, on suit l’épouse de Ro-
man Polanski, Sharon Tate (Margot
Robbie), starlette sur le point d’être
star. On connaît son nom et sa fin
atroce, surtout aux Etats-Unis, où son
assassinat par des hippies illuminés,
membres d’une communauté regrou-
pée autour de Charles Manson, a trau-
matisé le pays. Impossible ici, au
risque de « spoiler » le lecteur, d’en
dire plus sur la façon dont Tarantino a
traité ce fait divers en alimentant, for-
cément, un certain suspense. Tout
juste peut-on annoncer qu’il a surtout
tenu à rendre un hommage qui se veut
léger et fluide à Sharon Tate, en la fil-
mant toujours en mouvement, fleur
blonde pleine de candeur, gracile,
rieuse. Le film, rappelons-le, est un
conte (« Once Upon a Time »...). Il mêle
astucieusement des éléments vrais
avec d’autres, imaginaires. Rick y ap-
paraît comme un panaché de Clint
Eastwood (vedette de Rawhide) et de
Steve McQueen (Au nom de la loi). Once
Upon a Time in... Hollywood regorge
ainsi de citations (voir encadré) et
d’appropriations diverses.
Les cocktails sirotés par dizaines,
les piscines, le vertige des descentes
en voiture sur les pentes de Los An-
geles (magnifiquement filmé), les ru-
meurs, les réputations qui se font et se
défont, l’acteur liquéfié, rongé par
l’angoisse, qui n’arrive pas à dire son
texte (DiCaprio, émouvant) : tout cela
s’enchaîne en mode mineur, sans in-
trigue véritable, sans trame à rebon-
n
Depuis sa Palme d’or, en 1994,
avec Pulp Fiction, Quentin
Tarantino est un cinéaste à la
hauteur de la rock star. Chacun de ses
nouveaux films est attendu comme un
événement incontournable, à même
d’intéresser plusieurs générations.
Cette attente, il la met en scène, il sait
en jouer et la déjouer à chaque fois (ou
presque), trouvant le moyen de réin-
venter quelque chose, de surprendre,
de déconcerter, tout en maintenant le
fil d’une histoire qui la fonde en pro-
fondeur, à savoir sa cinéphilie dévo-
rante, sans limite, éclectique. Une pas-
sion qui n’est pas pure et dure : elle va
de pair avec toute la pop culture (mu-
sique, polars bon marché, émissions
de radio, etc.) que ce bidouilleur exal-
té mixe et remixe, mieux que qui-
conque sans doute. Ainsi dans ce der-
nier film est-il question de cinéma
mais aussi et surtout de télévision.
Once Upon a Time in... Hollywood
est une déclaration d’amour presque
tendre (si, si, vous avez bien lu) à une
époque révolue. Le film se déroule sur
plusieurs journées, au début d’août
- Hollywood doit alors composer
avec la télévision, devenue un média
de masse. Rick Dalton (Leonardo Di-
Caprio) est justement un acteur de sé-
,
on aime un peu
N
Beaucoup
B
Passionnément
.
on n’aime pas
Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19