Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1

60


Sony PictureS

entertainment-Heyday FilmS-ViSiona

romantica

le rendez-vous


once upon a Time in...


Hollywood


QuenTin TaranTino


Page précédente,
Brad Pitt et
Leonardo DiCaprio.
Ci-contre, Margot
Robbie dans le rôle
de Sharon Tate,
actrice assassinée
par la secte de
Charles Manson.

ries télé, de plus en plus abonné aux


rôles de méchants. Il est sur le déclin,


il doute, il picole trop. Un producteur


(Al Pacino) l’incite à aller tourner en


Italie un western spaghetti. Pour Rick,


c’est le signe qu’il est devenu un has


been. Il s’épanche auprès du casca-


deur Cliff Booth (Brad Pitt), qui est


plus que sa doublure : son homme à


tout faire, son chauffeur et sa nounou.


L’un est au service de l’autre, les deux


n’ont pas les mêmes moyens, mais ils


sont comme des frères.


En parallèle, on suit l’épouse de Ro-


man Polanski, Sharon Tate (Margot


Robbie), starlette sur le point d’être


star. On connaît son nom et sa fin


atroce, surtout aux Etats-Unis, où son


assassinat par des hippies illuminés,


membres d’une communauté regrou-


pée autour de Charles Manson, a trau-


matisé le pays. Impossible ici, au


risque de « spoiler » le lecteur, d’en


dire plus sur la façon dont Tarantino a


traité ce fait divers en alimentant, for-


cément, un certain suspense. Tout


juste peut-on annoncer qu’il a surtout


tenu à rendre un hommage qui se veut


léger et fluide à Sharon Tate, en la fil-


mant toujours en mouvement, fleur


blonde pleine de candeur, gracile,


rieuse. Le film, rappelons-le, est un


conte (« Once Upon a Time »...). Il mêle


astucieusement des éléments vrais


avec d’autres, imaginaires. Rick y ap-


paraît comme un panaché de Clint


Eastwood (vedette de Rawhide) et de


Steve McQueen (Au nom de la loi). Once


Upon a Time in... Hollywood regorge


ainsi de citations (voir encadré) et


d’appropriations diverses.


Les cocktails sirotés par dizaines,


les piscines, le vertige des descentes


en voiture sur les pentes de Los An-


geles (magnifiquement filmé), les ru-


meurs, les réputations qui se font et se


défont, l’acteur liquéfié, rongé par


l’angoisse, qui n’arrive pas à dire son


texte (DiCaprio, émouvant) : tout cela


s’enchaîne en mode mineur, sans in-


trigue véritable, sans trame à rebon-


n


Depuis sa Palme d’or, en 1994,


avec Pulp Fiction, Quentin


Tarantino est un cinéaste à la


hauteur de la rock star. Chacun de ses


nouveaux films est attendu comme un


événement incontournable, à même


d’intéresser plusieurs générations.


Cette attente, il la met en scène, il sait


en jouer et la déjouer à chaque fois (ou


presque), trouvant le moyen de réin-


venter quelque chose, de surprendre,


de déconcerter, tout en maintenant le


fil d’une histoire qui la fonde en pro-


fondeur, à savoir sa cinéphilie dévo-


rante, sans limite, éclectique. Une pas-


sion qui n’est pas pure et dure : elle va


de pair avec toute la pop culture (mu-


sique, polars bon marché, émissions


de radio, etc.) que ce bidouilleur exal-


té mixe et remixe, mieux que qui-


conque sans doute. Ainsi dans ce der-


nier film est-il question de cinéma


mais aussi et surtout de télévision.


Once Upon a Time in... Hollywood


est une déclaration d’amour presque


tendre (si, si, vous avez bien lu) à une


époque révolue. Le film se déroule sur


plusieurs journées, au début d’août



  1. Hollywood doit alors composer


avec la télévision, devenue un média


de masse. Rick Dalton (Leonardo Di-


Caprio) est justement un acteur de sé-


,
on aime un peu

N
Beaucoup

B
Passionnément

.
on n’aime pas

Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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