livres
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RobeR
t-WalseR
stiftung,
beRne
Ce que je peux dire
de mieux sur la musique
Anthologie
robert Walser
Des fragments de l’écrivain suisse
allemand habité par les sons, qui
le révèlent en improvisateur de génie.
t on aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout
l’estrange malaventure de mirella
RomAn jeunesse + 12 Ans
Flore vesCo
u
Il suffit de quelques lignes pour être
transporté. Transporté au xiiie siècle,
dans la ville de Hamelin, célèbre pour
sa légende du joueur de flûte populari-
sée par les frères Grimm. Transporté
dans une histoire addictive, remarqua-
blement contée, mêlant avec un art
consommé du sucré-salé le drame à la
fantaisie. Transporté surtout par une
langue exceptionnelle, où chaque mot
est un trésor, chaque ligne un bonheur
de lecture, aussi savoureux que pi-
quant : Flore Vesco ressuscite magnifi-
quement le français médiéval, aux
notes fleuries et gouleyantes. Si vous
connaissez l’histoire du joueur de flûte
de Hamelin, qui débarrassa la bour-
gade de ses rats et bientôt de ses en-
fants, oubliez tout. Flore Vesco imagine
une autre version et sort de l’ombre la
jeune Mirella, 15 ans, enfant trouvée,
misérable porteuse d’eau, « fillotte du
Diable » selon certains, et véritable hé-
roïne de la légende. Sous couvert d’hu-
mour, les hommes en prennent au pas-
sage pour leur grade, à commencer par
le bourgmestre, pleutre et boursouflé.
Et l’on se plaît à voir ainsi renversées les
hiérarchies. Bref, largement de quoi
s’esbaudir! — Michel Abescat
| ed. l’e cole des loisirs, 224 p., 15,50 €.
y
Ce livre trouvera sa place dans la poche
de tout festivalier de musique classique,
tant il recèle de trésors à picorer pen-
dant que les instruments s’accordent,
en compagnie de quelques lucioles ou
cigales blotties dans la lumière de la
page. Mais il a aussi de quoi combler
n’importe quel être vivant, glaneur de
sensations imprévues, tout ouïe devant
le hasard des phrases qui font mouche.
Rassemblés avec un sens allègre du
rythme et du vibrato, ces textes du
grand écrivain suisse allemand
chantent la joie suave d’écouter le
monde. Comme Paganini, dont il loue
l’art de se laisser « emporter par les sons
vers tous les sons, de degrés en degrés, de
vagues en vagues, des pensées obscures
aux pensées ayant l’éclat de l’or », Robert
Walser laisse les mots cheminer hors de
lui au hasard de son génie de l’improvi-
sation littéraire. Poèmes cocasses ou
désenchantés, hymnes à des composi-
teurs ou à des musiciens dont il sonde
l’âme dans les moindres détails,
comptes rendus d’expériences sonores
où même le tapage suscite ses égards, il
partage en direct l’élargissement inté-
rieur que provoque la musique, « cha-
grin mélodieux, souvenir fait de sons, ta-
bleau pour l’oreille ». Avec une touche
personnelle omniprésente, difficile à
exprimer musicalement : l’humour.
— Marine Landrot
| traduit de l’allemand, éd. Zoé, 224 p., 21 €.
Robert Walser
(1878-1956)
décrit la musique
comme un
« tableau
pour l’oreille ».
Top poche
De même que le train qui va de Paris à Balbec
emprunte un itinéraire aux multiples stations, ce
proust par lui-même, réédition de l’Autodictionnaire
Proust, paru en 2011, propose des centaines
d’entrées tirées de La Recherche, mais aussi
d’articles de journaux ou de la correspondance.
pierre assouline confesse être plus « proustophile »
que « proustolâtre » et prend un plaisir évident
à semer les occurrences comme autant de petits
cailloux qui conduisent à la lecture continue
de l’œuvre. « Amour », « Aubépines », « Confidence »,
« Journal », « Littérature » ou « NRF »... Assouline donne
à voir un Proust curieux de tout et qui « nous pousse
à la passion des nuances, qui est l’enseignement
même de la littérature ». — Gilles Heuré
| ed. tallandier, coll. texto, 672 p., 12,50 €, y.
Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19