Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1

84 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


câble | satellite


t 19.0 0 Museum Documentaire

Les Plus Grands Peintres du monde


Vuillard, Bonnard
| Série documentaire. Réalisation : Jacques Vichet (Fr, 2017) | 55 mn. Rediff.
Le film a été tourné à l’occasion de l’exposition « Bonnard/Vuil-
lard » organisée voici deux ans au musée Pierre-Bonnard, au Can-
net. Les deux hommes ont cultivé tout au long de leur vie une ami-
tié sans faille : « Si je vous écrivais chaque fois que je pense à vous, à
notre passé, à la peinture, etc., vous auriez une bibliothèque à com-
pulser », écrivit Edouard Vuillard un mois et demi avant sa mort.
Le doc, très sobre, dessine le portrait de ces deux maîtres de
l’intériorité au travers de la collection Marcie-Rivière, dont le legs
au musée d’Orsay, en 2010, constitua un événement considé-
rable : quarante-neuf tableaux entrèrent dans la collection pu-
blique. Il est difficile de distinguer les œuvres des deux peintres
au début de leur carrière ; c’est particulièrement vrai avec Jeune
Fille, la main sur la poignée de la porte, de Vuillard, et Portrait de
jeune fille, réalisé par son comparse, deux huiles des années 1890.
Durant cette décennie, Edouard et Pierre appartiennent au
groupe des nabis. Le mouvement explore les suites à donner à la
peinture après l’expérience impressionniste.
Filmé comme une déambulation dans un musée, le documen-
taire, ponctué d’entretiens avec des conservateurs, agit comme
une promenade bienfaisante dans l’univers intime de deux
géants de la peinture française. — Jean-Baptiste Duchenne

t 22.30 OCS City Film

Pris de court


| Film d’Emmanuelle Cuau (France, 2017) | 85 mn | Avec Virginie Efira,
Gilbert Melki, Marilyne Canto, Renan Prévot, René Remblier.
| GEnRE : EnGREnAGE.
Nathalie, la quarantaine, joaillière de profession, se rend sur son
nouveau lieu de travail lorsqu’on lui apprend que quelqu’un
d’autre a été choisi à sa place. La nouvelle est d’autant plus an-
xiogène qu’elle vient de quitter le Canada pour s’installer à Paris,
avec ses enfants. Se sentant coupable, et soucieuse de protéger
ses deux garçons, elle leur cache son infortune et trouve un job
de serveuse. Son mensonge est le début d’un engrenage...
Ce thriller singulier est centré sur des personnages fragiles, a
priori étrangers au genre. C’est du cinéma épuré, fait de silences
et d’ellipses, mais révélateur d’une société du sauve-qui-peut gé-
néral, qui pousse à la malhonnêteté. La force de Pris de court tient
pourtant à l’affection qui lie les personnages et à leurs solitudes
respectives. Tout ce qui est dit et montré à la maison, entre
scènes de conflit et de concorde, sonne juste. On pense à une ver-
sion contemporaine du Gloria de John Cassevetes. D’ailleurs, Vir-
ginie Efira, batailleuse très lucide, ferme et douce, évoque par-
fois Gena Rowlands. Elle est formidable en mère prête à tout, y
compris à trahir, pour sauver de la violence du monde ceux
qu’elle aime le plus. — Jacques Morice
Rediffusions : 13/8 à 12.15, 18/8 à 19.15, 21/8 à 2.35. OPéra

rO

yal de Wall

Onie-liège

Flanqué de sorcières


à cornes, un Macbeth
vieilli, pleutre,
dont la noirceur est
sublimée par l’illustre
baryton Leo Nucci,


âgé de 76 ans.


y 20.3 0 Mezzo Opéra

Macbeth


| Opéra de Giuseppe Verdi. Livret de Francesco
Maria Piave, d’après William Shakespeare
| Enregistré à l’Opéra royal de Wallonie-Liège,
les 14 et 17 juin 2018 | Mise en scène : Stefano
Mazzonis di Pralafera | Décors : Jean-Guy Lecat.
Costumes : Fernand Ruiz. Lumières : Franco
Marri. Chorégraphie : Rachael Mossom.
Chef des chœurs : Pierre Iodice
| Réalisation : nicolas Foulon | 165 mn.
Rediffusion | Par l’Orchestre et les Chœurs
de l’Opéra royal de Wallonie-Liège,
dirigés par Paolo Arrivabeni et la compagnie
del Centro di Danza-Balletto di Roma
| Avec Tatiana Serjan, Leo nucci,
Gabriel Mangione, Giacomo Prestia,
Papuna Tchuradze, Roger Joakim.
La première adaptation de Shakespeare
par Verdi constituait une gageure : tragé-
die à la mécanique implacable, réflexion
pessimiste sur le pouvoir, personnages
principaux aussi lâches que sournois,
triomphe du mal et de l’horreur, la noir-
ceur absolue de Macbeth ne supposait au-
cun contraste, aucune empathie et pas la
moindre rédemption. De ces difficultés,
Verdi se joua si bien que son opéra fut un
immense succès dès sa première, à Flo-
rence, le 14 mars 1847.
Avec ses sorcières à cornes et sa scène
transformée en échiquier, cette produc-
tion qui puise dans la version de 1847 et
dans celle, révisée, de 1865, combine le
cauchemar baroque et l’allusion symbo-
lique avec habileté, quand bien même elle
peine à insuffler du rythme aux déplace-
ments des chanteurs. Chez Shakespeare,
Lady Macbeth est un monstre froid et
cruel, la femelle serpentine par où le mal
s’insinue. Verdi en fait une exaltée qui en
appelle aux forces infernales comme elle

chanterait l’amour : de tout son cœur.
Aussi les mélodies qu’il lui réserve sont-
elles particulièrement brillantes, dans un
registre héroïque ou funèbre que la sopra-
no Tatiana Serjan embrasse avec l’ardeur
et la démesure attendues. A ses côtés, le
légendaire Leo Nucci, âgé de 76 ans lors de
cette représentation, compose un Mac-
beth vieilli, pleutre et indécis — et c’est

bien ainsi qu’il fallait le jouer : comme un
médiocre, une âme noire dépourvue de
génie que seule la musique parvient à
transcender. — Louis-Julien Nicolaou
Rediffusions : 20/8 à 8.30, 25/8 à 16.30.
Mezzo Live HD : 31/8 à 2.00, 3/9 à 17.0,
6/9 à 9.30, 8/9 à 21.00, 9/9 à 6.0, 11/9 à 13.00,
14/9 à 17.00, 15/9 à 9.30, 19/9 à 2.00,
25/9 à 6.00, 26/9 à 13.00, 27/9 à 21.00.

Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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