Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1

dimanche


90 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


tnt


t 23.0&0 France 2 Film

Rien que pour vos yeux


| Film de John Glen (For your eyes only, GB, 1981) | Scénario : Richard
Maibaum et Michael Wilson, d’après Ian Fleming | 120 mn. VM
| Avec Roger Moore, Jack Hedley, Carole Bouquet, Topol, Julian Glover.
| GenRe : eSpIonnAGe FAnTAISIe.
Bond, épisode 12. Arrivée à la réalisation de John Glen (depuis
longtemps monteur de la série). Il apporta du souffle aux scènes
spectaculaires. Ça commence par une poursuite dans un village
grec où une 2 CV jaune canari tient la dragée haute à des bolides.
Ça continue par d’homériques cascades à Cortina d’Ampezzo
où, en un quart d’heure, Bond devient champion incontesté de
descente à skis, de hockey sur glace et de bobsleigh! Et ça finit
par une athlétique escalade d’un simili-mont Athos.
Si les scènes d’action ont du souffle, le scénario en manque.
Un émetteur codé, nommé Atac, commande la mise à feu de
missiles nucléaires. Les Anglais, qui perdraient n’importe quoi,
égarent ce petit bijou que les Russes voudraient bien récupé-
rer. L’humour de Roger Moore grandit avec ses rides, sans
qu’un seul instant Carole Bouquet ne se déride. Elle a tellement
l’air de s’ennuyer que c’en est une pitié. Lors d’un épilogue ba-
lourd apparaît, dans sa cuisine et en tablier, Margaret Thatcher
(interprétée par une certaine Janet Brown) qui félicite 007 pour
ses exploits et tape sur les doigts de son mari s’apprêtant à
saisir un petit-four. — Pierre Murat
précédé d’un Bond-pierce Brosnan de 1999 : Le monde ne suffit pas
(lire page de droite).

y 20.55 Arte Film

Good bye, Lenin!


| Film de Wolfgang Becker (Allemagne, 2003)
| Scénario : Bernd Lichtenberg | 115 mn. VM
| Avec Daniel Brühl (Alex Kerner), Katrin Sass
(Christiane Kerner), Maria Simon (Ariane Kerner),
Florian Lukas (Denis Domaschke), Tchoulpan
Khamatova (Lara), Alexander Beyer (Rainer),
Burghart Klaussner (le père d’Alex),
Michael Gwisdek (Klapprath).
| GenRe : CoMéDIe HISToRIque.
Aussitôt le Mur tombé, les Allemands de
RDA ont entonné Good bye, Lenin! Pas la
camarade Christiane Kerner, militante
émérite, alors dans le coma. Quand elle
rouvre les yeux, huit mois plus tard, il ne
reste rien de sa chère « patrie socialiste ».
Problème : un choc émotionnel pouvant
lui être fatal, son fils va devoir cacher la vé-
rité. Comment? En recréant l’ancien
monde, ni plus ni moins.
C’est la clé de cette comédie douce-
amère, et bien mieux qu’un simple truc
scénaristique. En une cascade de péripé-
ties drôlement inventives, la satire pointil-
liste d’un système totalitaire calcifié
jusqu’au ridicule fait contrepoids aux dé-
sillusions nées du brutal basculement des
« Ossis » dans l’inconnu. Reconstruire la
société est-allemande à l’identique, c’est
aussi simple et aussi compliqué, donc aus-
si drôle, que de partir en chasse d’une
marque de cornichons disparue des su-
permarchés de la nouvelle Allemagne.
Mais, entre deux gags, le réalisateur in-
suffle une émotion contenue, une mélan-
colie, qui est cette « ostalgie » de certains
Allemands de l’Est pour les reliques d’une
identité perdue. — Jean-Claude Loiseau
La même idée que pour Hibernatus, avec Fufu. L’“ostalgie” en plus, ce qui fait toute la différence. Rediffusion : 15/8 à 13.35.

y 23.45 Arte Documentaire

Depeche Mode et l’Allemagne de l’Est


Just Can’t Get Enough
| Documentaire de Heike Sittner et nils Werner (All, 2018) | 55 mn. Inédit.
« Le 6 mars 1988, une berline noire traverse Berlin-Ouest en direction
du poste frontière. A l’intérieur, un groupe britannique de new wave
nommé Depeche Mode, en route pour son premier et unique concert
en Allemagne de l’Est. » Ainsi débute ce doc sur les traces du qua-
tuor de Basildon, parfois qualifié de plus grand groupe... alle-
mand. Numéro un en RFA avec le titre People Are People dès 1984,
Depeche Mode enregistrait ses albums au studio Hansa de Ber-
lin-Ouest et tournait le clip de Stripped (1986) au pied du Mur.
Mais ses fans se rencontraient en RDA où, arborant le look de leur
idoles, ils passaient pour des rebelles. Producteur du groupe sur
son label Mute Records, Daniel Miller analyse cette connexion :
« C’était la culture des outsiders. Du gamin assis au fond de la classe
que les autres n’appréciaient pas trop. Ça ressemblait à la relation
que les Allemands de l’Est entretenaient avec l’Ouest. »
Riche en archives, le film collectionne les témoignages des
membres de Depeche Mode, des spectateurs et des organisa-
teurs du concert finalement autorisé, le 7 mars 1988, dans une
salle de Berlin-Est, pour six mille cinq cents privilégiés. En lâ-
chant du lest de cette façon, les autorités pensaient qu’elles cal-
meraient la jeunesse révoltée. C’est évidemment l’inverse qui se
produisit et le retentissement de cette soirée contribua à fissurer
le Mur, qui chutera vingt mois plus tard. — Eric Delhaye
Rediffusion : 17/8 à 1.20.

Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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