Liberation - 2019-08-12

(Sean Pound) #1
CULTURE/

et suite plus ou moins logique de ses touts
premiers pas de musicien comme percus-
sionniste à l’école avec des boules de lavage,
puis en improvisant de lanoisesur des ma-
gnétos et des synthés. Quand ils créent Ste-
reolab, Lætitia Sadier devient parolière«par
défaut»,livrant ainsi une leçon d’économie
marxiste surPing PongouWow And Flutter:
«Parfois je suis un peu gênée par le manque
de poésie des textes, la maladresse de certai-
nes paroles mais je ne venais pas d’un milieu
littéraire. J’ai mis le fond de mon âme dans
ces textes et ça rayonne, parfois un peu bizar-
rement... Le sens tient encore debout et je
peux être sur scène et croire en ce que je
chante. J’avais l’impression qu’on était à la
veille d’une guerre à l’époque alors imaginez
comment je ressens les choses maintenant.»
Les pochettes d’albums déclinent des pha-
ses: des débuts avec le chien Cliff, emprunté
à une BD révolutionnaire suisse, puis celle
plusnerdsrendant hommage aux effets de
studios analogiques. Les titres d’albums sont
autant d’exercices mnémotechniques dont
les auteurs eux-mêmes peinent parfois à se
souvenir de l’ordre (Transient Random-
Noise Bursts With Announcementsen 1993,
Cobra And Phases Group Play Voltage in the
Milky Nighten 1999). Les concepts qu’ils ab-
sorbent peuvent sembler capillotractés mais
Tim Gane nous assure que le groupe ne po-
sait pas. Pourtant, la discographie de Stereo-
lab aujourd’hui rééditée est une allégorie du


progrès, de ses débuts lo-fi rappelant la
beauté grinçante du Velvet Underground
aux fulgurances plus électroniques et com-
plexes à venir. Les allers-retours dans le
passé se font sans dévotion : pour rendre
hommage au superbe groupe d’idéalistes
The Free Design, ils samplent ainsi Abba.
A l’écoute des centaines de pistes ressorties,
on comprend l’étonnement de Tim Gane :
«Nous avons eu la réputation de sonner tou-
jours de la même façon, maintenant quand
j’écoute nos disques, je vois que nous voulions
changer mais que quelque chose restait cons-
tant d’un album à l’autre. J’ai lu des articles
au prisme bien trop intellectuel sur nos al-
bums. Nous allions surtout très vite, avec
presque un album par an. C’était un proces-
sus incroyable, on enregistrait et on mixait
tout en six semaines»,se souvient-il. Ils
fixent ainsi en deux semainesMusic for the
Amorphous Body Study Center,projet arty
avec le sculpteur new-yorkais Charles Long:
«C’est devenu un de mes albums préférés... il
nous avait dit avoir ce concept où des gens fe-
raient de la pâte à modeler en même temps
qu’ils écoutent notre musique.»Si l’album en
question a été suivi d’une exposition, la mu-
sique de Stereolab fut une inspiration pour
d’innombrables autres. CertesThe Flower
Called Nowhereélue meilleure chanson à
écouter pour une fellation par Pharrell
Williams dans sa jeunesse, ce qui met
d’ailleurs bien mal à l’aise le duo, qui préfère
citer J Dilla, parmi les premiers à les avoir
samplés:«Un initiateur, il était grand collec-
tionneur de vinyles.»

«Des attaques personnelles»
Depuis, Busta Rhymes, Madlib, Brandy ou
encore Mac Miller ont été prélever leurs
échantillons de ce son si vertigineux et hors
norme, qui demande qu’on y prête atten-
tion.«A notre époque du streaming, tout est
donné au public, qui demande avant tout à
être impressionné. Avant, il devait être intri-
gué, il cherchait quelque chose. A nos débuts,
nous ne parlions peut-être qu’à 400-
500 personnes»,admet Tim Gane.
La pop de Stereolab, qui a, depuis, fait des
petits avec un groupe comme Aquaserge,
a tardé à trouver grâce en France:«Pendant
dix-sept ans, on a été insultés parles In-
rocks,qui nous comparaient à du Mylène
Farmer happé par un aspirateur. J’ai fait
l’objet d’attaques personnelles et misogynes
et j’ai l’impression que notre carrière a alors
été mise entre parenthèses en France à cause
de ça. C’est dommage car je chante beau-
coup en français et c’est le trop rare public
qui pouvait comprendre toutes mes paro-
les»,s’attriste Sadier, sans se laisser acca-
bler :«C’est un peu comme avec lemail art,
ce mouvement à l’intersection de la sphère
artistique et de la vie quotidienne : des artis-
tes ont passé des heures à dessiner et à don-
ner une forme incroyable à des lettres, mais
très peu de gens comprenaient ce qu’ils rece-
vaient.»•

Albums de STEREOLAB réédités
chez Warp. Rens.: stereolab.co.uk
Concert le 15 août à la Route du rock,
à Saint-Malo.

Libération Lundi12 Août 2019 u 23


SWANN ARLAUD MAUD WYLER


FANNFANNYY AARRDDAANNTT NNIICCOLASOLAS MMAAURURYY


SWANN ARLAUD MAUD WYLER


PERDRIX DYNAMITE LA COMÉDIE ROMANTIQUE


Première ++++

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