C’est«le dossier le plus diffi-
cile»du moment pour la di-
plomatie française, de l’aveu
même de l’un de ses arti-
sans. Jeudi soir, Donald
Trump a dit sur Twitter tout
le mal qu’il pensait de la mé-
diation française sur l’Iran:
«L’Iran a de graves problè-
mes financiers. Ils veulent
désespérément parler aux
Etats-Unis, mais ils reçoivent
des signaux contradictoires
de tous ceux qui prétendent
nous représenter, notam-
ment le président français
Macron. Je sais qu’Emma-
nuel pense bien faire, tout
comme d’autres, mais per-
sonne ne s’exprime au nom
des Etats-Unis à part les
Etats-Unis eux-mêmes.»
Dans son style habituel, le
président américain faisait
manifestement référence à
des informations parues
cette semaine dans la presse.
Le site d’informationsAl
Monitora révélé que Macron
avait proposé à son homolo-
gue iranien Rohani de venir
au G7 organisé à la fin du
mois à Biarritz. Refus du
président de la République
islamique et démenti sec de
l’Elysée, qui a transmis le
message en direct à John
Bolton, le conseiller à la sé-
curité nationale de Trump.
Tout en niant à nouveau
cette invitation, une source
diplomatique française as-
sure:«On ne parle que pour
nous-mêmes. Nous agissons
conformément à nos intérêts
et à notre sécurité natio-
nale.»Et ajoute:«On ne fait
pas de diplomatie sur Twit-
ter.»Même si l’Elysée refuse
de parler de médiation, la
France s’est bel et bien enga-
gée pour sauver l’accord sur
le nucléaire iranien (JC-
POA), adopté à Vienne
en 2015 par les cinq mem-
bres permanents du Conseil
de sécurité et l’Allemagne.
Macron s’entretient réguliè-
rement avec Rohani. Son
conseiller diplomatique,
Emmanuel Bonne, s’est
rendu deux fois à Téhéran
ces dernières semaines.
La France n’a pas pris la roue
de l’administration améri-
caine. Dernière illustration:
alors que Washington en-
tend lancer une opération
militaire pour sécuriser le
golfe Persique et le détroit
d’Ormuz, théâtre de fortes
tensions depuis mai, Paris
n’entend pas participer. Tout
comme Berlin, d’ailleurs, qui
a sèchement décliné, au
contraire du Royaume-Uni,
qui s’y est rallié alors qu’il
souhaitait lancer une initia-
tive européenne.
Paris reste persuadé que
l’accord de Vienne peut être
sauvé. L’Iran a commencé à
y déroger fin juin, en dépas-
sant le seuil d’uranium légè-
rement enrichi conservé sur
son territoire, puis début
juillet, en enrichissant légè-
rement au-dessus de la li-
mite autorisée. Le directeur
de l’agence de l’énergie ato-
mique iranienne a prévenu
que de nouvelles clauses ne
seraient plus respectées à
partir de septembre.
La partie est-elle perdue
d’avance? Paris veut croire
que non. Trump, tout
comme son chef de la diplo-
matie, Mike Pompeo, répète
qu’il veut un accord, objectif
officiel de sa politique de
«pression maximale».
Dans la région, la situation
bouge: les Emirats arabes
unis, pourtant très proches
de l’ennemi juré de l’Iran
dans la région, l’Arabie Saou-
dite, ont envoyé un haut res-
ponsable à Téhéran pour
discuter de la sécurité dans
le Golfe. Les Emirats ont
aussi décidé de réduire leur
présenceauYémen,oùl’Iran
soutient les rebelles houthis,
en guerre contre Riyad.
PIERRE ALONSO
301 878
C’est le nombre de livres retirés des écoles
et bibliothèques puis détruits en Turquie
depuis la tentative de coup d’Etat en 2016.
Un chiffre annoncé par le ministre de l’Educa-
tion. Le tort de ces ouvrages? Avoir un lien plus
ou moins ténu avec Fethullah Gülen, le prédica-
teur islamiste accusé d’avoir fomenté la tenta-
tive de putsch, ce qu’il a toujours nié. La purge
va très loin dans le grotesque, rapporte leGuar-
dian :selon le site de jeunes journalistes turcs
indépendants, un livre de maths aurait été in-
terdit pour la simple raison qu’un exercice évo-
quait une ligne allant d’un point F à un point G,
les initiales de Gülen.
BusinessMauvais
trimestre pour
l’argent d’Uber
Uber a enregistré au
deuxièmetrimestreuneperte
record de plus de 5 milliards
de dollars (4,46 milliards
d’euros), alors que sa crois-
sance a nettement ralenti, re-
lançant les doutes sur son
modèle. Une grosse perte,
mais pas de cette ampleur,
était attendue, en raison des
dépenses exceptionnelles
liées aux rémunérations en
actions distribuées aux em-
ployés à l’occasion de l’intro-
duction en Bourse. Sans ça, le
groupeaperdu1,3milliardde
dollars d’avril à juin, contre
1 milliard au trimestre précé-
dent. La firme compte sur les
livraisons de repas, les vélos
et trottinettes électriques ou
les voitures autonomes pour
inverser son bilan.
Etats-Unis (2)Trump réaffirme
son soutien à la détention d’arme à feu
Six jours après les deux fusillades qui ont ensanglanté, une
énième fois, les Etats-Unis, à El Paso et Dayton, le président
américain(photo vendredi à la Maison Blanche)a confirmé
avoir discuté avec la National Rifle Association (NRA, princi-
pal lobby pro-armes, qui a contribué à hauteur de 30 millions
de dollars à sa campagne).«Je suis le plus grand défenseur du
deuxième amendement qu’il puisse y avoir»,a-t-il tonné, en
référence au droit constitutionnel de détenir une arme. Il a
néanmoins exhorté à tenir les armes hors de portée des«per-
sonnes malades mentalement et dérangées».PHOTO AP
Etats-Unis (1)Vives critiques après
une vaste opération anticlandestins
La police migratoire américaine traquant les clandestins (ICE)
a arrêté mercredi quelque 680 employés du secteur agroali-
mentaire dans l’Etat du Mississippi, une vaste opération qui
a séparé des familles et suscité de vives critiques. La rafle, qui
visait notamment des usines du secteur avicole, a été présen-
tée par les autorités comme la plus importante ciblant un
même Etat en une journée depuis au moins dix ans. Selon les
médias locaux, des enfants n’ont appris l’arrestation de leurs
parents qu’à leur retour de l’école. En larmes, ils ont imploré
les autorités de les relâcher.
Nucléaire iranien: la médiation
française agace les Américains
Tunisie : Un candidat ouvertement
gay à la présidentielle
Parmi la soixantaine de postulants, on trouve
l’avocat Mounir Baatour, qui affiche son
homosexualité et se présente comme défenseur
des droits des personnes LGBT+. Sa candidature
est une première dans le monde arabe – et ailleurs :
il n’y a jamais eu de candidat ouvertement gay à la
présidentielle en France.PHOTO AP
Hassan Rohani mardi.HO. IRANIAN PRESIDENCY. AFP
LE PAPE
FRANÇOIS
dansla Stampa
vendredi
Dansunentretienpubliéven-
dredi par le quotidien italien
la Stampa,le Pape fustige le
populisme et le souverai-
nisme qui en découle.«Le
souverainisme est une atti-
tude d’isolement. [...] Un pays
doit être souverain, mais pas
fermé. La souveraineté doit
être défendue, mais les rap-
ports avec d’autres pays, avec
la Communauté européenne,
doivent également l’être. Le
souverainisme est une exagé-
ration qui finit toujours mal :
elle mène à la guerre»,analy-
se-t-il. Pour lui, l’Europe«s’est
affaiblie en raison [...] de dis-
sensions internes. Mais il faut
la sauver. J’espère qu’un pro-
cessus de relance va commen-
cer».Le pape évoque réguliè-
rement le danger de la
montée des partis populistes
anti-immigration, sans ja-
mais nommer les pays ou di-
REUTERS rigeants concernés.
«On entend des
discours qui
ressemblent à
ceux de Hitler
en 1934.»
Libération Samedi10 et Dimanche11 Août 2019 http://www.liberation.fr ffacebook.com/liberation t@libe u 13