Jeu de rôles :Libérationa
proposé à six femmes poli-
tiques de se mettre dans la
peau d’autres personnalités
féminines et d’imaginer
comment elles agiraient à
leur place. Aujourd’hui, Co-
rinne Lepage, avocate et an-
cienne ministre de l’Envi-
ronnement.
Vous êtes Greta Thun-
berg. Comment faites-
vous prendre conscience
aux politiques qu’ils doi-
vent mener des actions
plus ambi-
tieuses con-
tre le dérè-
g l e m e n t
climatique?
Ce qu’elle fait,
ellelefaitbien.
Je n’aurais
donc pas la
prétention de
faire mieux. Et
j’ai trouvé les
attaques des
élus LR contre
elle vraiment
scandaleuses.
Ils ne se se-
raient jamais permis ça avec
un garçon. Mais il y a peut-
être une piste à explorer. Si
j’étais à la place de Greta
Thunberg, je m’adresserais
directement aux enfants
des hommes et des femmes
politiques. Il faudrait ainsi
remettre en cause leur res-
ponsabilité en tant que
parents, plus seulement en
tant qu’élus.
Vous êtes Agnès Buzyn.
Que dites-vous aux oppo-
sants à la PMA pour qu’ils
votent le projet de loi?
Je leur rappellerais déjà
que la procréation médica-
lement assistée n’est pas la
mêmechosequelagestation
pour autrui.
C’est un autre
sujet. La PMA
existe depuis
des années et
de nombreux
couples hété-
rosexuels y
ont recours
du fait de
l’augmenta-
tion de la sté-
rilité, liée à
notre envi-
ronnement, à
nos modes
de vie...
On estime aujourd’hui que
15% des couples hétéros ont
des problèmes de stérilité. Il
suffit de regarder autour
de nous pour s’en rendre
compte. De plus en plus de
couples vont donc malheu-
reusement y avoir recours à
l’avenir. Cette pratique va se
généraliser et il convient
donc de ne faire aucune
discrimination sur ce point
avec les couples homo-
sexuels.
Vous êtes Anne Hidalgo.
Quelle mesure prenez-
vous d’emblée pour amé-
liorer la vie des Parisiens?
J’ai beaucoup d’admiration
pour elle. Je trouve qu’elle a
été d’une ténacité et d’un
courage incroyables, no-
tamment avec la suppres-
sion de la circulation auto-
mobile sur les voies sur
berges. Si j’étais elle, je con-
tinuerais dans ce sens pour
mettre en place des choses
qui ne plaisent pas forcé-
ment tout de suite mais qui
sont dans l’intérêt général.
C’est cela, pour moi, être
politique. On pourrait par
exemple aller plus loin en
terme d’agriculture urbaine,
utiliser plus massivement
les façades, les toits, les
cours d’immeubles, pour
avoir des petites cultures.
L’exemple de New York sur
ce point est à suivre.
Vous êtes Ursula von der
Leyen. Quelle est votre
première décision une
fois à la tête de la Com-
mission européenne?
Je lancerais un grand plan
de financement sur la tran-
sition énergétique mais c’est
ce qu’elle est en train de
faire! Je m’attaquerais aussi
complètement aux conflits
d’intérêt au sein des institu-
tions de l’Union euro-
péenne. Si on veut retrouver
la confiance des citoyens, on
doit lutter contre le poids
des lobbys.
Je pense qu’il faut aussi in-
terdire les«portes tournan-
tes»,cette manœuvre qui
consiste, pour un membre
du staff d’une grande
entreprise, à venir travailler
quelque temps dans une
institution pour faire passer
une réglementation et
ensuite retourner dans sa
société. Si j’étais Ursula von
der Leyen, j’engagerais aussi
un vrai travail de ménage au
sein des directions géné-
rales et des organes d’exper-
tises de l’UE, qui font appel
à des experts privés.
Recueilli par
SYLVAIN CHAZOT
Lundi, Sandra Regol, porte-pa-
role d’EE-LV.
L’ancienne ministre Corinne
Lepage dans la peau de...
INTERVIEW
L’escalade, entre émanci-
pation sportive et confor-
misme socialLa discipline,
qui s’est peu à peu dissociée de l’alpinisme, met en
avant l’autonomie, certains sportifs rejetant même
les compétitions. Mais cet affranchissement est à
relativiser au regard de l’entre-soi social instauré
au fil des années, explique le chercheur Seghir Lazri
dans sa chronique «Sociosports».PHOTO AFP
LIBÉ.FR
La confession, trente-
sept ans après l’attentat de la
rue des Rosiers, révèle tout
un pan de l’histoire du ren-
seignement français.Le Pa-
risiena dévoilé jeudi le té-
moignage de l’ancien patron
de la Direction de la sur-
veillance du territoire (DST,
renseignement intérieur),
Yves Bonnet, aujourd’hui
âgé de 83 ans. Entendu en
janvier par le juge d’instruc-
tion en charge de l’enquête,
il a reconnu avoir passé un
pacte secret avec le groupe
terroriste palestinien d’Abou
Nidal (Fatah-Conseil révolu-
tionnaire), une faction dissi-
dente de l’Organisation de li-
bération de la Palestine dont
aumoinstroismembressont
soupçonnés d’être à l’origine
de l’attaque.
Le 9 août 1982, une grenade
explose la vitrine du restau-
rant chez Jo Goldenberg, au
9, rue des Rosiers, dans le
Marais à Paris. Un com-
mando masqué et armé dé-
barque dans l’établissement
et ouvre le feu. L’attentat fait
6 morts, 22 blessés. En 2011,
par l’entremise du juge anti-
terroristeMarcTrévidicmais
surtout grâce à des policiers
acharnés de la DCRI (la nou-
velle DST), les auteurs pré-
sumés de la tuerie sont iden-
tifiés. Il s’agit de trois
hommes, réfugiés en Nor-
vège, Cisjordanie et Jorda-
nie, membres de l’organisa-
tion Abou Nidal.
Le témoignage d’Yves Bon-
net éclaire une partie encore
peu connue de l’affaire. A
en croire le procès-verbal
dressé en janvier par le juge
d’instruction Régis Pierre,
une rencontre clandestine
aurait été organisée quel-
ques mois après l’attentat
entre des agents du rensei-
gnement français et l’organi-
sation Abou Nidal, afin de
garantir que la France serait
désormais épargnée.«Je ne
veux plus d’attentat sur le sol
français,aurait alors déclaré
le chef de la DST.En contre-
partie, je vous laisse venir en
France, je vous garantis qu’il
ne vous arrivera rien.» «Et ça
a marché,raconteBonnetau
Parisien. Il n’y a plus eu d’at-
tentats à partir de fin 1983,
en 1984 et jusqu’à fin 1985.»
Le président de la Républi-
que de l’époque, François
Mitterrand, a-t-il pu ignorer
une telle rencontre? Bonnet
assure qu’il disait tout à
Gilles Ménage, son directeur
de cabinet...
L’avocat des parties civiles,
Avi Bitton, confie àLibéra-
tionson intention de dépo-
ser très prochainement une
«requête auprès du juge
d’instruction pour demander
la levée du secret-défense
dans cette affaire».
DAVID PARGAMIN
Nouvelles révélations sur l’attentat
de la rue des Rosiers
COMMUNIQUÉ DE L’UNAPEI
Union nationale des associations de parents, de
personnes handicapées mentales et de leurs amis
L’Unapei, association qui milite pour l’accès des enfants han-
dicapés à l’éducation, lance vendredi une plateforme sur In-
ternet avec l’objectif de«donner la parole aux parents d’en-
fants en situation de handicap et leur permettre de mettre en
lumière la réalité du parcours éducatif scolaire de leur enfant,
souvent source d’exclusion et de perte de chance». «Cette plate-
forme vise à recenser les besoins»,a expliqué à l’AFP Sonia Ahe-
hehinnou, porte-parole de l’Unapei.«Le gouvernement a mis
en place des projets d’amélioration avec lesquels nous sommes
en phase, mais il faut que toutes les actions menées soient cohé-
rentes.»A la rentrée 2018, plus de 340000 enfants handicapés
étaient scolarisés en milieu ordinaire et près de la moitié dis-
posaient d’un accompagnement humain.
«Cette année encore,
pour la rentrée scolaire, des
milliers d’enfants en situation
de handicap sont exclus
des bancs de l’école.»
ObsèquesLe maire de Signes reçoit
la Légion d’honneur à titre posthume
Le président de la République a promis une réponse«ferme,
exemplaire et sans complaisance»aux incivilités et à la
dégradation«du sens de l’Etat et de la nation»,dans un mes-
sage lu vendredi aux obsèques du maire de Signes (Var).
Elu depuis 1983 dans cette commune de 2800 habitants,
Jean-Michel Mathieu a été tué lundi, accidentellement selon
les premiers éléments de l’enquête, alors qu’il s’opposaità un
dépôt illégal de gravats dans la nature. Au terme de la céré-
monie, l’édile a reçu la Légion d’honneur à titre posthume.
PHOTO GÉRARD JULIEN. AFP
NantesUne marche blanche
en hommage à Steve Caniço
Les proches de Steve Caniço, tombé dans la Loire après une
charge policière le jour de la Fête de la musique à Nantes, orga-
nisent une marche blanche à sa mémoire samedi. Le corps de
l’homme de 24 ans avait été retrouvé dans le fleuve le 29 juillet.
Le week-end dernier, deux manifestations avaient été organi-
sées –l’une pour lui rendre hommage, l’autre contre les violen-
ces policières– sans que les proches n’y participent. Les amis
du jeune homme appellent à s’habiller en blanc et à prendre
des ballons de la même couleur. Ils indiquent:«Marche paci-
fiste, aucun débordement, aucune violence et aucun parti poli-
tique (pas de gilets jaunes).»
AFP
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