SAMEDI 10 AOÛT 2019 économie & entreprise| 11
- 0,3 %
C’est la baisse des prix à la production en Chine en juillet, pour
la première fois depuis trois ans, selon le bureau national des
statistiques. L’indice des prix à la consommation, lui, affiche + 2,8 %
sur un an, au plus haut depuis dix-sept mois. « La Chine perd sur
les deux tableaux », analyse dans une note Julian Evans-Pritchard,
de Capital Economics : « D’un côté, l’accélération des prix à la consom-
mation pèse sur la croissance des revenus réels, de l’autre le retour
de la déflation à la sortie des usines va mettre encore plus sous
pression les bénéfices dans l’industrie. »
T R A N S P O R T S
Perte de 5,2 milliards
de dollars pour Uber
au deuxième trimestre
Uber Technologies a publié,
jeudi 8 août, une perte de
5,2 milliards de dollars
(4,7 milliards d’euros)
au deuxième trimestre.
La perte se compare à celle
de 878 millions de dollars un
an plus tôt, et tient compte
de frais de compensation de
3,9 milliards de dollars liés à
son introduction en Bourse
en mai. – (Reuters.)
F I N A N C E
Goldman Sachs : des
dirigeants de la banque
poursuivis en Malaisie
Le procureur général de Ma-
laisie, Tommy Thomas, a an-
noncé, vendredi 9 août, des
poursuites judiciaires contre
17 actuels ou anciens direc-
teurs de trois filiales de Gold-
man Sachs – Goldman Sachs
International, Goldman
Sachs Asia et Goldman Sachs
Singapoure – dans le cadre
du vaste scandale autour du
fonds souverain malaisien
1MDB qui a contribué à la
chute de l’ex-premier minis-
tre malaisien Najib Razak, in-
culpé de corruption. Ce volet
de l’enquête porte sur le rôle
de Goldman Sachs dans des
émissions obligataires de
plus de 6,5 milliards de dol-
lars (5,8 milliards d’euros) au
profit du fonds 1MDB. – (AFP.)
C Y B E R S É C U R I T É
Broadcom rachète une
division de Symantec
Le groupe américain de semi-
conducteurs Broadcom a an-
noncé jeudi 8 août l’acquisi-
tion de la division sécurité
pour les entreprises du
groupe de sécurité informati-
que Symantec valorisée à
10,7 milliards de dollars
(9,5 milliards d’euros). Au dé-
part, en juillet, le groupe
avait tenté de racheter l’en-
semble de Symantec mais
avait dû renoncer. – (AFP.)
La France engrange cette année
une très belle moisson de blé et d’orge
Dans ce contexte, la profession table sur une légère progression des revenus des céréaliers
L
es derniers épis de blé sont
en passe d’être coupés dans
les champs français. Et
l’heure est à la satisfaction. Si les
chiffres définitifs ne sont pas en-
core connus, le ministère de l’agri-
culture a révisé à la hausse ses pré-
visions de moisson de blé tendre.
Selon, les données publiées mardi
6 août, il s’attend à une récolte de
38,2 millions de tonnes. Soit un re-
bond de 12 % par rapport à 2018 et
de 8 % comparé à la moyenne des
cinq dernières années.
« C’est une très belle année pour
les céréales à paille en quantité
comme en qualité. Le climat a été
très équilibré avec un mois d’avril
sec compensé par la météo du
mois de mai. Le coup de chaleur de
juin n’a eu que peu d’impact sur les
récoltes. Les grains sont beaux et
n’ont pas été touchés par la mala-
die » , explique Jean-François Loi-
seau, président de la coopérative
céréalière Axereal.
L’orge récolté deux semaines
avant le blé a encore moins souf-
fert de la canicule de juin. Sa pro-
duction devrait bondir de près de
20 % en un an pour atteindre
13,4 millions de tonnes. Un résul-
tat obtenu grâce à une hausse des
rendements combinée à une
forte extension des surfaces. Et
pour cause. L’orge a bénéficié pa-
radoxalement de la mauvaise for-
tune du colza. En effet, les semis
difficiles et les attaques de rava-
geurs ont contraint nombre
d’agriculteurs à retourner leur
champ pour replanter d’autres
cultures dont de l’orge.
Ce fut le cas d’Eric Thirouin, pré-
sident de l’Association générale
des producteurs de blé (AGPB).
« Sur les 30 hectares de colza que
j’avais initialement plantés, je n’en
ai récolté que 5 » , témoigne-t-il.
Résultat, le ministère table sur
une production de colza en chute
de près de 30 %, à 3,5 millions de
tonnes même si les rendements
sont comparables à ceux de 2018.
Canicule et sécheresse
Une céréale n’a toutefois pas bé-
néficié de cet accroissement de
surface. En l’occurrence le blé dur.
La taille des champs consacrée à
cette culture a rétréci de plus d’un
quart en 2019. « C’est une consé-
quence des mauvaises récoltes de
l’an dernier. Les agriculteurs ont
réduit les surfaces », explique
M. Thirouin. Ceux qui ont tenté
leur chance cette année, les plus
intrépides, décrochent le jackpot
avec des rendements records de
57 quintaux à l’hectare. Mais, au
total, le volume de blé dur devrait
logiquement baisser de 17 %, à
1,5 million de tonnes.
Ce satisfecit sur les volumes de
moisson de céréales à paille est
partagé par les autres pays euro-
péens mais aussi, même si la cha-
leur a un quelque peu écorné
leurs ambitions, par la Russie et
l’Ukraine. Une situation qui a son
revers. « Le prix du blé tendre est en
recul de 7 % sur un an, à 153 euros la
tonne au départ de la ferme, contre
165 euros lors de la moisson 2018.
De même pour l’orge » , explique
M. Thirouin. Seule exception, le
blé dur dont le prix bondit de 12 %
à 200 euros la tonne.
Tout l’enjeu pour les agri-
culteurs sera d’écouler au mieux
disant la belle récolte engrangée.
Dont une bonne part doit trouver
le chemin de l’export face à la re-
doutable concurrence de la Rus-
sie, de l’Ukraine mais aussi des
autres pays européens aux gre-
niers bien garnis. Sachant
qu’en 2018, la vente des céréales
s’est traduite par un excédent de
3 milliards d’euros pour la balance
commerciale française.
Pour autant, toutes les inquiétu-
des ne sont pas levées pour les cé-
réaliers. Nombre d’entre eux ont
encore en terre des cultures in-
dustrielles qui ont subi les épiso-
des de canicule et la sécheresse. A
l’exemple du maïs, de la pomme
de terre ou de la betterave. Mais il
est encore trop tôt pour chiffrer
les dommages exacts.
Dans ce contexte, l’AGPB table
sur une légère progression des re-
venus des céréaliers français
en 2019. Après l’année noire de
2016, où le revenu moyen avait
plongé dans le rouge à
- 5 000 euros, il était remonté à
20 000 euros en 2017, s’était stabi-
lisé en 2018 et devrait tendre vers
les 23 000 euros cette année.p
laurence girard
L’économie islandaise souffre
de la baisse du tourisme
Pour la première fois depuis la crise de 2008, l’île, pénalisée par la faillite
de la compagnie Wow Air, pourrait tomber en récession cette année
C’
est à la fois la chance
et la malédiction des
petites économies.
Lorsque tout va bien,
une bonne nouvelle sur le front
de l’activité industrielle suffit à y
faire bondir aussitôt le produit in-
térieur brut (PIB) de quelques
dixièmes de points. A l’inverse, la
déroute d’une seule entreprise est
susceptible d’entraîner le pays
entier dans la tourmente – voire,
dans la récession. Tel est le
scénario sombre que traverse
aujourd’hui l’Islande. Et, plus pré-
cisément, depuis que la compa-
gnie aérienne Wow Air, success
story des années postcrise, a fait
faillite, le 28 mars.
Selon les chiffres publiés jeudi
8 août par l’institut statistique is-
landais, le taux de chômage s’est
établi à 4,4 % au second trimestre.
C’est peu au regard de la moyenne
de l’Union européenne (6,3 %),
mais c’est 1,4 point de plus que le
niveau enregistré sur les trois pre-
miers mois de l’année. Et pour
cause : depuis que Wow Air a mis la
clé sous la porte, victime de la con-
currence des autres compagnies à
bas coût et de la hausse des prix du
carburant, le nombre de visiteurs
dans l’île a chuté, pénalisant l’em-
ploi. Au deuxième trimestre, les
arrivées à l’aéroport de Keflavik,
près de la capitale Reykjavik, ont
ainsi plongé de 20 % sur un an. Le
nombre de nuitées a baissé de 10 %
en moyenne, et même de 29 %
pour celles réservées sur la plate-
forme Airbnb (– 29 %).
Un coup dur pour le tourisme,
pilier de l’économie. Après l’ef-
fondrement du système bancaire,
en 2008, celui-ci a tiré la reprise de
l’activité et permis au pays de se
relever rapidement de la plus
grande crise financière de son his-
toire. Depuis 2011, lorsque l’érup-
tion du volcan Eyjafjallajökull mit
l’île et sa nature sauvage sous le
feu des projecteurs internatio-
naux, le nombre de visiteurs n’a
cessé d’augmenter : 459 252
en 2010, 969 181 en 2014, 2,3 mil-
lions en 2018... Soit près de sept
fois plus que la population locale,
de 330 000 habitants!
Résultat : le tourisme, dont le
poids économique était autrefois
anecdotique, pèse aujourd’hui
près de 20 % du PIB et plus du tiers
de l’apport de devises étrangères,
devant la pêche et la production
d’aluminium. De nombreux Is-
landais se sont engouffrés dans la
brèche, s’improvisant guides, ou
bien louant leurs biens immobi-
liers sur Airbnb – faisant au pas-
sage flamber les prix des loge-
ments dans la capitale.
La faillite de Wow Air a mis un
coup d’arrêt à cette euphorie. Pé-
nalisés par la baisse du nombre de
visiteurs et les difficultés tempo-
raires traversées par le secteur de
la pêche, les exportations de-
vraient reculer de 2,5 % en 2019, et
les investissements de 5,7 %, es-
time l’institut statistique islan-
dais. Selon ses conjoncturistes,
l’économie pourrait se contracter
de 0,2 % sur l’ensemble de l’an-
née, après avoir progressé de
4,6 % en 2018. Plus pessimiste en-
core, Arion Banki, la deuxième
banque du pays, estime que le PIB
pourrait même plonger de 1,9 %.
Dans tous les cas, il s’agirait de la
première récession enregistrée
par l’île depuis 2009.
En réponse à la dégradation de
l’activité, la banque centrale d’Is-
lande s’est résolue à baisser son
taux directeur de 0,5 point en mai,
puis de 0,25 point en juin, pour le
ramener à 3,75 %. « Nous estimons
qu’elle devrait le réduire à nouveau
le 28 août, puis en octobre, jusqu’à
3,25 % », explique David Oxley,
spécialiste de la région chez Capi-
tal Economics. Avant d’ajouter :
« Cela devrait suffire à stabiliser le
navire, en particulier si les rumeurs
d’un soutien budgétaire au secteur
du tourisme se concrétisent. » De
fait, le gouvernement dispose de
marges de manœuvre non négli-
geables en cas de besoin : après
avoir culminé à 92 % du PIB
en 2011, la dette publique est re-
tombée à 35,4 % en 2018.
Dégradation des sites naturels
Si la débâcle de Wow Air réveille le
douloureux souvenir de la crise,
les Islandais relativisent néan-
moins le trou d’air traversé par
leur économie, qui devrait rebon-
dir en 2020. « Il semble qu’elle
pourra absorber ce choc assez faci-
lement », juge Vidar Thorsteins-
son, d’Elfing, le syndicat des em-
ployés de l’hôtellerie-restaura-
tion. « Il n’est pas étonnant
qu’après sept ou huit ans de crois-
sance, où l’économie a progressé
de 30 %, nous expérimentions un
certain ralentissement », déclarait
fin juillet Asgeir Jonsson, le nou-
veau gouverneur de la banque
centrale, à la presse islandaise.
A Reykjavik, certains manifes-
tent même un soulagement. Car,
ces derniers mois, l’afflux de tou-
ristes avait pris des proportions
excessives, laissant craindre une
dégradation des sites naturels, à
l’équilibre fragile. L’essor fut si ra-
pide que les infrastructures n’ont
pas eu le temps de suivre. Depuis
trois ans, la presse locale publie ré-
gulièrement les témoignages d’Is-
landais exaspérés par le compor-
tement des touristes, qui, faute de
trouver des toilettes sur les routes,
se soulagent où ils peuvent. Ou
bien prennent des risques inconsi-
dérés en hiver, en explorant les ter-
res intérieures glacées sans équi-
pement adéquat...
Pour éviter que le pays des fjords
ne succombe aux errements du
tourisme de masse, beaucoup
d’associations écologistes mili-
tent pour une montée en gamme,
privilégiant un modèle plus res-
pectueux de l’environnement. Et
plus cohérent, au passage, avec le
niveau de vie de l’Islande, où les
prix à la consommation sont en
moyenne 56 % plus élevés que
dans le reste de l’Europe, selon
Eurostat.p
marie charrel
Le tourisme pèse
près de 20 %
du PIB et plus du
tiers de l’apport
de devises
étrangères,
devant la pêche
et la production
d’aluminium
LES CHIFFRES
0,2 %
C’est la croissance que devrait
enregistrer le produit intérieur
brut (PIB) de l’Islande cette an-
née, selon les prévisions de l’ins-
titut statistique islandais, en net
ralentissement par rapport à
2018 (4,6 %).
2,3 MILLIONS
C’est le nombre de touristes
ayant visité l’Islande en 2018.
En 2010, l’île de 330 000 habi-
tants avait reçu près cinq fois
moins de visiteurs!
42 %
C’est le poids du tourisme dans
les exportations islandaises. Il est
quatre fois supérieur au niveau
observé entre 1991 et 2009.
Des PME du Sud-Ouest s’allient
pour la conquête spatiale
A
u milieu de nulle part, à Logan, dans l’Utah, se tiennent
depuis trente-trois ans des rencontres professionnelles
sur les satellites rassemblant, pendant une semaine, de
3 000 à 4 000 personnes. « Driving a revolution » , tel était le
thème cette année des conférences qui se sont déroulées du 3 au
8 août. Une manière de symboliser la mutation que vit le secteur
spatial avec les multiples projets de constellations composées de
dizaines, de centaines, voire de milliers de petits, micro ou nano-
satellites pour développer l’Internet pour tous et celui des objets.
« C’est un endroit où il faut être présent, même si c’est compli-
qué pour s’y rendre et cher d’y participer », estime Grégory
Pradels, responsable de Newspace Factory, une structure juste-
ment créée voici un an pour permettre aux petites entreprises
du Sud-Ouest de se faire connaître à l’étranger, ce qu’elles ne
peuvent faire seules. Une dizaine de PME et ETI (entreprises de
taille intermédiaire) du pôle de compétitivité Aerospace Valley
ont rejoint cette organisation, pour échanger leurs contacts,
avoir des stands communs sur les salons internationaux et dé-
crocher ainsi des marchés.
Ensemble, elles rassemblent 350 salariés, représentent
500 millions d’euros de chiffre d’affai-
res et sont référencées dans plus de
250 projets. Depuis ses premiers pas à
Washington en 2018, le collectif parti-
cipe à toutes les grandes manifesta-
tions du secteur. « C’est une réponse
technologique française aux enjeux du
New Space », ajoute M. Pradels, pour
prouver que l’avenir du spatial ne se
joue pas uniquement dans les start-up
de la Silicon Valley qui se sont multi-
pliées depuis une dizaine d’années.
Le salon SmallSat de Logan a accueilli
quatre entreprises du Newspace-Factory : Anywaves, Comat,
Hemeria et Mecano ID, cette dernière exposant un nouveau
type de déployeur de microsatellites. L’innovation française
consiste à les mettre sur un support rigide pour les éjecter une
fois leur orbite atteinte, alors qu’ils sont généralement enfer-
més dans des boîtes munies de ressorts pour être catapultés.
« Cela laisse libre cinq faces, ce qui permet de mettre des capteurs
et des antennes supplémentaires », explique Didier Zely, respon-
sable de la ligne de produits des systèmes de déploiement. La
mise au point d’EOS (Ejection of satellite), pesant à peine 4 kilos,
a demandé un an de développement avec le soutien du CNES et
de Newspace Factory.
En dehors de ce collectif, six autres firmes tricolores se sont
rendues à Logan et figurent parmi les 300 exposants. Leur point
commun? La miniaturisation. Ainsi Sodern, une PME d’Ile-de-
France, expose son viseur d’étoiles Auriga. Des caméras numé-
riques qui sont les « yeux » du satellite observent la voûte cé-
leste, reconnaissent les étoiles, permettant ainsi de calculer son
orientation. Jusqu’alors, ce système indispensable pour tous les
engins spatiaux pesait près de 2 kilos, coûtait le prix d’une belle
maison et était produit à raison d’une centaine par an. Le chan-
gement est venu avec la commande de 1 800 viseurs d’étoiles
pour équiper les 900 minisatellites de la future constellation
OneWeb lancée par Greg Wyler. Avec Auriga, tout a été divisé au
moins par dix. Le viseur a la taille d’une canette de soda, pèse
200 grammes, vaut le prix d’une voiture de moyenne gamme et
surtout, il est fabriqué à la cadence d’un par heure.p
dominique gallois
ELLES REPRÉSENTENT
500 MILLIONS
D’EUROS DE CHIFFRE
D’AFFAIRES ET SONT
RÉFÉRENCÉES DANS
PLUS DE 250 PROJETS
recherchentde
nouveaux auteurs
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Editions Amalthée
2 rue Crucy – 44005 Nantes cedex 1
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