MLemagazine du Monde — 10 août 2019
que Scorsese le dépêchait auprès de Daniel
Day-Lewis pour le convaincre de tenir,ensa
compagnie, le rôle principal du film. La
vedette du Temps de l’innocence ,alors retiré
des écrans, avait reçu l’émissaire chez lui, à
Manhattan, et lui avait proposé une balade à
Central Park. Sans prononcer un mot pendant
plusieurs minutes, assis sur un banc, il avait
écouté sans sourciller la proposition de
Scorsese. Mais, il ne s’en sentait pasàlahau-
teur.Plus tard, lors d’un dîner en compagnie
de l’acteurTobey Maguire et de Leonardo
DiCaprio, Daniel Day-Lewis donnera finale-
ment son assentiment pour jouer le
ncoreaujourd’hui,à44ans, le problème, pour leonardo dicaprio esTdeTrouVer
saplace. C’étaitunsoucià23ans,àl’époque de Titanic ,quand le talent
d’acteur de l’icône adolescente posait question. Cela restait un sujet de débat
àl’approche de la trentaine quand, sous la direction de Martin Scorsese, il
inaugurait, avec Gangs of NewYork (2002), une collaboration au long cours
(cinq films et deux projets en cours), prenant auprès du réalisateur de Raging
Bull la succession de Robert De Niro. La comparaison avec son aîné lui pesait.
Personne ne pouvait lutter avec une telle figure tutélaire. DiCaprio avait alors,
timidement, la tête baissée, demandéàScorsese s’il l’estimait, un jour,capable
de jouer un rôle aussi sombre que le vétéran duVietnam, devenu chauffeur
de taxi, incarné par De Niro dans Taxi Driver .Scorsese avait regardé DiCaprio
sans répondre, puis était passéàautre chose. Dans l’immédiat, le réalisateur
envisageait d’autres tâches pour son acteur.Celle d’intermédiaire et de négo-
ciateur, par exemple.Àpeine avait-il choisi DiCaprio pour Gangs of NewYork