Résistance, l’appel de la liberté
2/4 -Dès le 6juin 1944,conformémentaux plansétablis par Londres et Alger,les résistants
provençauxpassent àl’action.Laréactiondes occupantsest violente:environ 500 victimes
1/ Parachutageau maquis"Fort-de-France"(04).2/ La DivisionBrandebourg,spécialiséedansla traquedesmaquis.3/ Groupede résistantsfusilléàVillelaure(84). /DR
Été 1944,régionde Marseille.Maquisardsdu détachement Marat,composéd’étrangersréfugiésen Franceet d’immigrés./PHOTOJULIA PIROTTE
A
pparueen Provenceà
l’été 1940 ,particulière-
mentdansles grandes
villescommeMarseille,Avignon
et Nice,laRésistance devient
combattanteavecl’Occupation
de fin 1942:plusieursmaquis
sontcréésdansla région.Dès le
6juin 1944et le débarquement
en Normandie,les actionsse
multiplient et deslocalités
commeValréassontprovisoire-
mentlibérées. La réactiondes oc-
cupants est violente:on peutes-
timerà500 environle nombre
des victimesde cetterépression.
Historienet coauteur du"Dic-
tionnaire historiquede la Résis-
tance"(RobertLaffont), Jean-Ma-
rie Guillon revient sur cet été
d’espoiret de terreur.
❚Alorsquese profilele débar-
quementde Provence,attendude-
puis1942,la Résistancea-t-elle
les moyensde passeràl’action?
Auprintemps 1944 ,nésdelafu-
siondes troisgrandsmouve-
mentsnoncommunistesde
zonesud (Combat,Franc-Tireur
et Libération-Sud),les Mouve-
mentsunisde Résistance(MUR)
mettenten placeles ForcesFran-
çaisesdel’Intérieur(FFI)qui
doiventregroupertousles élé-
mentsarmés.Mais,en fait, la ré-
sistancelocaleest déchirée.Les
Comités départementauxdela
Libération(CDL),coupésen
deuxpar le durcissementdes po-
sitions des communistes
vis-à-visdes MUR(ils exigentun
rééquilibrage du pouvoirclan-
destin),sont souventparalysés.
L’Organisation de résistancede
l’Armée (ORA)joueson propre
jeu,toutcommeleSpecialOpe-
rationsExecutive(SOE)lié aux
Britanniquesqui possèdedans
les Alpesde fortespositions(ré-
seauJockey de Francis Cam-
maerts). Alger,par missions para-
chutées, et Londres, par l’envoi
de délégués,essaientde cha-
peauterla Résistanceintérieure.
La base,la résistancehumbleet
ordinaire, tout commela popula-
tionqui attendavecimpatience
et crainte le débarquementde-
puisplusieurs mois,ignore la
complexitéde la situationde la
Résistanceet ses conflitsin-
ternes.
❚Pourquoilescombatsdé-
butent-ilsdèsle 6juin, alorsque
les Alliésne saventpass’ilsvont
vraimentattaqueren Provence?
Conformémentaux consignes re-
çues,fondéessur l’assurance
d’undébarquement en Méditer-
ranéeimmédiatement aprèsce-
lui de Normandie,des centaines
d’hommes, peuoupas armés,re-
joignent les emplacementsde
maquis ou de guérillafixés
d’avanceet mêmeses "zones
franches" commele plateaude
Valensoleet la valléede l’Ubaye.
Ils sont400 àSiou Blanc,tout au-
tant sur le plateauSainte-Anneà
Aix, ils affluentdansle Ventoux.
Cettemobilisationaparfoisdes
alluresde levéeen masse.Cer-
taines localitéssontprovisoire-
ment libérées,Manosque, Forcal-
quier,Valréas,Vaison,Aups,etc.
Les plansprévuspourla Libéra-
tion sontappliqués maisni le dé-
barquement,ni les parachutages
escomptés n’ontlieu.Guérillas
et maquissontsouventdissous,
fautedepouvoir survivreou com-
battre,maisils sontparfoisatta-
quéspar les occupantsqui ré-
agissentviolemmentàpartirdu
10 juin.Maquisdes Milices socia-
listes de la Sainte-Baume:
11morts;maquisde Jouques:
15morts; maquis de La Roque
d’Anthéron-Sainte-Anne: une
centaine de morts;secteurde
Valréas :53morts,etc.Àla
mi-juillet, en liaison avecles opé-
rationsdu Vercors,les Alle-
mandsreprennent l’offensive
contre les insurgésdes Alpesdu
Sud:réoccupationde Barcelon-
nette,actionscontrele norddu
Var,etc.Onpeutestimerà
500environ le nombre des vic-
timesde cetterépressionentre
juin et août 1944 (combatsde la
Libérationexclus)en Provence.
❚Pourautant, la Résistanceob-
tientdesrésultats...
Les quelquessemainesde juin à
aoûtsontpourla Résistanceet la
populationles plusexaltantes,
maisaussiles plusterribles.Ce-
pendant, l’action ne faiblitpas,
au contraire,en dépitde ces re-
présaillessouventlourdes:raids
desFTPdontles effectifs
s’enflentdepuisle 6juin, sabo-
tagesdu réseauroutier,tentative
de désertiondes troupesd’occu-
pationnonallemandes basée
sur le littoral(Arméniens,etc.),
manifestationspourle pain,
grèves,etc., le tout culminantau-
tourdu14-Juillet. Les raidsaé-
riensse multipliant,Allemands
commerésistants s’attendentà
quelquechosed’imminentau
débutaoût.Toulon aété bombar-
dé pourla huitièmefois le 6et, à
partirdu11, l’aviationalliéeat-
taquesystématiquementles dé-
fenseslittorales,les voiesde com-
municationet les batteries. Le
13, l’état-major allemandalacer-
titudedu débarquement.Ce sera
pourla nuit du 14 au 15...
Proposrecueillis
parFredGUILLEDOUX
Faceàlabarbarienazieet
àlacollaborationde Vichy,
desmilliersd’hommeset de
femmesse sontdressés.Par-
mi eux,1038 ontreçule titre
de Compagnonde la Libéra-
tion.Portraitde PierreBlan-
chet,né àBollène.
Alorsquesonpèreofficier
esten posteàMadagascar,
PierreBlanchetpassesonen-
fanceàBollèneoù il avule
jouren 1907.Il faitses études
au lycéed’Avignonpuisde Mar-
seille,avantd’êtreadmisà
HEC.Il envisaged’entreràla
Banqued’Indochine, puis
prenden 1931la responsabili-
té de la Gardemunicipalede la
concessionfrançaisede Shan-
ghai. Marié,toutjuste père
d’unpetitgarçon,il refusela
défaite de 1940 et rejoint les
Forcesfrançaiseslibresau
Moyen-Orient.AffectéauBa-
taillondu
Pacifique,il
prendpart
àlacam-
pagnede Li-
byeet no-
tamment
auxcom-
batsde
Bir-Hakeim.
Blesséle 9juin 1942,il refuse
de quittersoncommande-
ment.Deuxjoursplustard,il
parvientàramenerdansles
lignesalliéeslaquasi-totalité
de sa compagnie.Aprèsavoir
combattuen Égypte(bataille
d’ElAlamein)puisen Tunisie,
il formedesrecruesen vuede
la campagned’Italie.Blesséà
la mainlorsde l’attaquedu Gi-
rofano, il reprendsoncom-
mandement.Le 18 juin1944,
lorsde la dernièreoffensive
de la 1
ère
Division française
libre,le capitainePierreBlan-
chet esttuéparun obuslors
de l’attaquedeRadicofani.Il a
étéinhuméau cimetièremili-
tairefrançaisde Rome.
Également appelé
"1939-1945,l’Appelde la Liber-
té",ce muséeévoquela vie quo-
tidiennedes Français sousl’oc-
cupation,la Résistanceen Vau-
cluseet proposeuneréflexion
surl’intelligenceen guerre,
l’engagement de poètes, écri-
vainset artistes.Il s’appuiesur
la collectiondu Muséedesres-
trictions,fondsde plusde
10 000pièces acheté en 1981.
Gérépar le CD de Vaucluse, il
mènede nombreusesactionsà
destinationdes plusjeunes.
C’estenfinun centrede docu-
mentationréputé,avecplusde
3000 ouvrages,desdocu-
mentsd’époque,desarchives
sonoreset visuelles,etc.
Chemindu Gouffre,Fontaine-de-Vau-
cluse(84) 0490202400
PIERREBLANCHET
Héros de
Bir-Hakeim
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NUMÉRO 12
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ÉTÉ 2019
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Jean Garcin
Ni le débarquement,
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