MondeLe - 2019-08-08

(sharon) #1
JEUDI 8 AOÛT 2019 économie & entreprise| 11

Vivendi négocie l’entrée

du chinois Tencent

chez Universal Music

La firme de Shenzen prendrait 20 % de
la major du disque pour 6 milliards d’euros

T

encent au capital d’Univer-
sal Music? Voilà qui ne de-
vrait pas contribuer à apai-
ser les tensions commerciales en-
tre la Chine et les Etats-Unis. Ces
derniers mois, les rumeurs d’une
arrivée du géant chinois du numé-
rique au capital de la pépite du
groupe de médias français (Ca-
nal+, Havas, Editis...) allaient bon
train. C’est désormais officiel : Vi-
vendi a annoncé, mardi 6 août,
avoir débuté des « négociations
préliminaires », mais non exclusi-
ves, avec le conglomérat Tencent
en vue de lui céder 10 % de ses
parts dans sa filiale à succès, Uni-
versal Music Group (6 milliards
d’euros de chiffre d’affaires). Le
tout, sur la base d’une valorisation
de la major américaine de 30 mil-
liards d’euros. Un prix dans la
fourchette des estimations des
analystes, qui évaluaient sa valeur
entre 17 et 44 milliards d’euros
d’après une note de Jefferies.
En juillet 2018, Vivendi avait
évoqué son souhait de se défaire
d’une partie du capital de sa fi-
liale, précisant néanmoins vou-
loir garder le contrôle de cet actif
stratégique, devenu la vache à lait
du groupe de médias avec plus de
44 % de ses revenus provenant de
la major au premier semestre.
Selon l’accord en cours, la firme
de Shenzhen pourrait grimper à
terme jusqu’à 20 % du capital
d’Universal Music. Tencent dispo-
sera en effet pendant un an d’une
option d’achat lui permettant
d’acquérir 10 % de parts supplé-
mentaires à des conditions finan-
cières identiques. Au total, cette
opération pourrait donc permet-
tre au groupe de Vincent Bolloré
d’empocher jusqu’à 6 milliards
d’euros. Une perspective qui a im-
médiatement dopé le cours de Vi-
vendi à la Bourse de Paris, ce der-
nier progressant de près de 9 % à
l’ouverture des marchés ce mardi.
L’arrivée de ce poids lourd asia-
tique du numérique chez Univer-
sal Music est loin d’être anodine.
« Avec Tencent, Vivendi espère ren-
forcer la promotion des artistes
d’Universal Music » et « promou-
voir de nouveaux talents sur de
nouveaux marchés », indique le
groupe. Tencent, propriétaire de

l’application WeChat, est extrê-
mement populaire en Chine, où il
est, entre autres, devenu la princi-
pale plate-forme de divertisse-
ment musical en ligne du pays
grâce à sa filiale Tencent Music
Entertainment. Or, bien qu’il soit
aujourd’hui le numéro un mon-
dial de l’industrie de la musique,
devant le japonais Sony et son
compatriote américain Warner,
Universal Music reste encore peu
présent sur ce marché à la crois-
sance très prometteuse et mise
donc sur Tencent pour lui en
ouvrir les portes.

Un secteur en croissance
La major profite d’une conjonc-
ture favorable. Après plus d’une
décennie d’atonie à la suite de l’ef-
fondrement des ventes physiques
de disques, le marché de la musi-
que est aujourd’hui en plein re-
bondissement, dynamisé par l’es-
sor de l’écoute de la musique en li-
gne sur les plateformes spéciali-
sées (Spotify, Deezer, Apple
Music...). Le marché mondial de la
musique enregistrait ainsi une
croissance de 9,7 % de ses revenus
l’année passée selon la Fédération
internationale de l’industrie pho-
nographique (IFPI), le streaming
représentant désormais 47 % du
chiffre d’affaires du secteur.
Pour Tencent, une prise de parti-
cipation au capital d’Universal
Music, maison d’artistes à succès
tels qu’Ariana Grande, Rihanna ou
encore le rappeur Drake, et de
prestigieux labels (Capitol, Island,
Def Jam, Polydor, EMI, Deutsche
Grammophon...), est l’opportu-
nité de muscler son offre de con-
tenus, en plus de la promesse de
juteux profits.
Le groupe chinois n’est pas le
seul à s’intéresser de près à la pé-
pite de Vivendi. Le groupe de Vin-
cent Bolloré, qui ambitionne de
développer sa filiale sur de nou-
veaux marchés, a d’ailleurs pré-
cisé qu’il poursuivait, en parallèle
de ses discussions avec Tencent,
son processus de cession de parti-
cipation minoritaire à d’autres
partenaires. Des fonds financiers,
notamment asiatiques et améri-
cains, seraient sur les rangs.p
zeliha chaffin

2,8 MILLIARDS
C’est le montant, en dollars, des actions Amazon, soit 2,5 milliards
d’euros, qu’a vendues son fondateur, Jeff Bezos, entre le 1er et le
2 août à la Bourse de New York. Cette initiative s’inscrit dans le cadre
d’un plan annoncé en 2017, selon lequel le patron du groupe améri-
cain prévoit de vendre chaque année pour environ 1 milliard de dollars
d’actions afin de financer Blue Origin, son projet de voyages dans l’es-
pace. En dépit de ces cessions d’actions, les plus importantes en valeur
jamais réalisées par Jeff Bezos, le milliardaire reste le premier action-
naire d’Amazon, avec 11,65 % des titres. Son ex-épouse, MacKenzie
Bezos, en est désormais la deuxième actionnaire individuelle, avec
une participation de 4 % estimée à plus de 37 milliards de dollars.

A É R O N A U T I Q U E
Airbus devrait
assembler l’A
à Toulouse
Selon une information de
l’agence Reuters du mardi
6 août, Airbus devrait ouvrir
une nouvelle ligne d’assem-
blage de l’A321neo à Toulouse
qui échapperait ainsi à Ham-
bourg, la ville allemande où
est aujourd’hui concentrée la
production de l’appareil. La
Ville rose est presque assurée
d’accueillir la neuvième ligne
d’assemblage de la famille
A320 qui sera installée à la
place celle de l’A380, dont
l’arrêt de production est
prévu en 2021.

T R A N S P O R T S
Europcar rachète
l’américain Fox Rent A Car
Europcar Mobility Group a
annoncé, mardi 6 août, le ra-
chat, pour un prix non com-
muniqué, du loueur de voitu-
res américain Fox Rent A Car.
La société française souhaite
en faire sa tête de pont aux
Etats-Unis, premier marché
mondial. Il s’agit de la der-
nière acquisition du loueur
français après celles en 2017
de l’allemand Buchbinder et
de l’espagnol Goldcar. La so-
ciété vise un chiffre d’affaires
de 4 milliards d’euros à l’ho-
rizon 2023, contre 2,9 mil-
liards en 2018.

Les matières premières sous la pression

de la guerre commerciale sino-américaine

Le gagnant de cette escalade de tensions est l’or, dont le cours s’est envolé depuis juin

L’

or est redevenu souve-
rain. Il a récupéré sa cou-
ronne de métal le plus
précieux, détrônant le palladium.
Leur trajectoire se sont croisées
jeudi 1er août. Tout un symbole,
alors que l’or retrouve aux yeux
des investisseurs son statut de va-
leur refuge. Un statut prisé, au
moment même où la guerre com-
merciale sino-américaine fait
souffler un vent froid sur les mar-
chés des matières premières.
La nouvelle saillie du président
américain Donald Trump, annon-
çant l’instauration, à compter du
1 er septembre, de droits de douane
de 10 % à l’entrée des Etats-Unis
sur 300 milliards de dollars
(268 milliards d’euros) de biens
chinois qui n’en faisaient pas en-
core l’objet a plombé l’ambiance.
En réaction, la monnaie chi-
noise a connu une glissade re-
cord, passant sous le seuil de
7 yuans pour 1 dollar. Un mouve-
ment qualifié par l’administra-
tion américaine de « manipula-
tion de devise », ce que Pékin a dé-
menti avec vigueur. La Banque
populaire de Chine a d’ailleurs
fixé, mardi 6 août, un taux pivot
pour le yuan, une décision inter-
prétée comme la marque d’une
volonté de stabiliser sa devise et
qui a contribué à apaiser les mar-
chés financiers.
Ce nouvel épisode de la guerre
commerciale sino-américaine, qui
oppose le président américain et

son homologue chinois Xi
Jinping, a accentué la pression sur
les matières premières. Déjà,
en 2018, Philippe Chalmin, profes-
seur de l’université Paris-Dau-
phine et fondateur du rapport Cy-
clope, notait que « les marchés
[étaient] le jouet, non pas des ten-
dances des “fondamentaux”, mais
des convulsions d’une situation
géopolitique mondiale qui, sous la
houlette quelque peu déréglée des
Etats-Unis de Donald Trump,
[était] particulièrement imprévisi-
ble ». Ce contexte conflictuel conti-
nue à bousculer le jeu en 2019.
Le gagnant de cette escalade de
tensions est sans conteste l’or,
dont le cours s’est envolé à partir
de juin. Il est repassé au-dessus
des 1 400 dollars l’once, un niveau
qu’il n’avait pas atteint depuis six

ans. Mardi 6 août, il a même fran-
chi la barre des 1 500 dollars l’once
en séance. Dans un rapport publié
le 1er août, le Conseil mondial de
l’or estime que la demande totale
de métal jaune, qu’elle émane des
banques centrales, des investis-
seurs ou des particuliers, a crû de
8 % au premier semestre par rap-
port à la même période de 2018,
pour atteindre 2 181 tonnes. Des
achats qui poussent les feux de la
spéculation.

Le palladium perd de sa superbe
A l’inverse, les métaux industriels
font grise mine. Les investisseurs
craignent que ce contentieux bi-
latéral – auquel s’ajoutent
d’autres fronts ouverts par le loca-
taire de la Maison Blanche – pèse
sur le rythme de croissance de

l’économie mondiale. Ils sont
tout particulièrement attentifs au
moindre ralentissement de la dy-
namique en Chine, pays devenu
premier consommateur mondial
de matières premières.
Le cours du cuivre, considéré
comme le thermomètre de l’éco-
nomie, est en repli. Alors qu’il
avait atteint les 6 500 dollars la
tonne en juin, il est passé sous la
barre des 6 000 dollars la tonne et
glissait, le 2 août, à 5 660 dollars.
D’autres métaux industriels lui
emboîtent le pas, comme le zinc et
l’aluminium. La chute du minerai
de fer est encore plus frappante. Au
premier semestre, son cours a été
chauffé à blanc par la spéculation.
Au point de dépasser les 120 dol-
lars la tonne fin juin, à la suite du
ralentissement des capacités d’ex-
traction minière. Le 6 août, la barre
des 100 dollars était franchie à la
baisse, marquant un recul de près
de 20 % en un mois.
Autre courbe spéculative, celle
du palladium. Après un plus haut
atteint en mars à 1 600 dollars
l’once, le métal argenté perd un
peu de sa superbe et se replie
autour de 1 400 dollars l’once.
Moins valorisé que l’or... Le pétrole
subit également les aléas des cris-
pations internationales. Lundi, le
baril de brent se négociait à moins
de 60 dollars, son plus bas niveau
depuis janvier, et il continuait à
perdre du terrain mardi.p
laurence girard

Le bilan trompeur des soldes

Pour la première fois depuis neuf mois, en juin, les ventes de vêtements

ont augmenté, mais les distributeurs de mode ne croient pas à la reprise

L


e soleil est revenu sur le
marché de l’habillement.
En dépit du plafonne-
ment de la croissance à
0,2 % au deuxième trimestre dû à
un ralentissement de la consom-
mation en France, selon l’Insee, le
bilan des ventes d’habillement de
la saison printemps-été est jugé
satisfaisant. Les achats de vête-
ments ont augmenté de 1,2 % en
juin par rapport au même mois
de 2018. « C’est la première pro-
gression des ventes depuis octo-
bre 2018 » , souligne Gildas Min-
vielle, directeur de l’Observatoire
économique de l’Institut français
de la mode (IFM).
Fin juin, l’ouverture des soldes
d’été a bénéficié de la canicule.
« Les records de température ont fa-
vorisé l’achat de vêtements d’été » ,
reconnaît Sébastien Allo, directeur
des études au sein du Centre natio-
nal des centres commerciaux
(CNCC). Dans ces centres, où l’on se
réfugiait aussi du fait de l’air cli-
matisé, la fréquentation aurait crû
de 2 % par rapport à juin 2018. Les
Français ont aussi beaucoup com-
mandé en ligne (+ 9,3 % en un
mois). Le commerce spécialisé a
vu son activité progresser de 0,5 %
au premier semestre par rapport à
2018, selon le Procos, fédération de
commerçants.
Les soldes d’été 2019, qui, dans la
plupart des villes de France, se
sont achevés mardi 6 août, se-
raient d’un bon cru. En ligne, les
ventes ont progressé de 10 % sur
les trois premières semaines de la
période, d’après la Fédération des
entreprises de vente à distance.
Mais cette embellie ne redonne
guère d’entrain aux distributeurs
de mode, le marché français étant
en crise depuis 2008. Les ventes
d’habillement ont reculé de 15 %
en valeur entre 2007 et 2018, dans
l’Hexagone, d’après l’IFM. Le mar-
ché des chaussures a chuté de 7 %

sur cette période. Au pays de la
mode, les temps ont changé. Pour
un Français sur quatre, « le prix est
le premier critère d’achat d’un vê-
tement » , dévoilait, mi-juillet, une
étude de Kantar. Les consomma-
teurs « sont plus exigeants » , note
Marianne Perrin, consultante au
sein du panel mode de l’entre-
prise, en chiffrant à « minimum –
50 % » la démarque qu’ils exigent
lors des promotions.
Cette chasse permanente aux
bonnes affaires fait la fortune de
certaines enseignes. Au premier
semestre, les chaînes comme
Kiabi ont, ainsi, encore gagné des
parts de marché, d’après l’IFM.
« Leurs ventes ont progressé de
1,3 % en moyenne au mois de juin » ,
précise M. Minvielle. Et les ensei-
gnes de hard-discount fleurissent
sur le territoire français. Parmi el-
les, Zeeman – 1 300 magasins
dans 7 pays – effraie la concur-
rence. Cet été, elle vend un short à
1,99 euro et des lots de boxers à
2,99 euros. Le tout dans 280 ma-
gasins en France, dont 12 inaugu-
rés en 2019.
Toutefois, ce dynamisme ne suf-
fit pas à sauver le marché. « Les
ventes sont en recul de 1,5 % sur les
six premiers mois de 2019 » , af-
firme l’IFM. La part de marché des
hypermarchés s’effondre. En juin,

les grandes surfaces alimentaires
ont vu leurs ventes chuter de 6,1 %
dans les rayons d’habillement et
linge de maison. « Les difficultés
que les enseignes éprouvent dans
les rayons alimentaires se répercu-
tent sur le non-alimentaire » , dé-
code M. Minvielle. En centre-ville,
le trop-plein de magasins rebute
les jeunes Français qui plébisci-
tent l’achat en ligne de produits
neufs à prix cassés ou de vête-
ments d’occasion, sur Vinted.
Cette consommation frugale
pourrait encore gagner du ter-
rain. Le budget habillement des
ménages pourrait aussi « pâtir
des nouvelles hausses de tarifs de
l’électricité » , ajoute Emmanuel Le
Roch, délégué général du Procos.
Déjà en 2018, 44 % des consom-
mateurs avaient moins acheté
d’habits qu’en 2017.

Un grand mercato qui inquiète
D’où une série de sévères plans so-
ciaux. Le britannique New Look
quitte la France, après la liquida-
tion judiciaire de sa filiale hexago-
nale et de ses 30 boutiques, lais-
sant 400 personnes sur le carreau.
Tati jette l’éponge. Son action-
naire, le groupe GPG, a annoncé
mi-juillet fermer 13 magasins et
en transférer 30 sous l’enseigne
Gifi. Après une rencontre, lundi
5 août, au ministère du travail, les
représentants du personnel de
Tati ont indiqué que le gouverne-
ment allait prendre contact avec la
direction et que le plan de sauve-
garde, qui prévoit 70 suppressions
d’emplois sur 880, allait « être mis
sous surveillance ».
C & A poursuit le toilettage de
son réseau. Mi-avril, le germano-
néerlandais a annoncé la ferme-
ture de 14 de ses 160 magasins
français. Une mesure qui entraî-
nerait 120 suppressions d’em-
plois, selon les syndicats. C & A as-
sure avoir signé un accord avec

eux pour « accompagner au
mieux ses salariés ».
Plusieurs autres ténors ont dû
réduire la voilure. Vivarte, le
groupe qui détient La Halle et Ca-
roll, a annoncé, jeudi 1er août, une
nouvelle cession. Le français, dont
les créanciers pourraient prendre
le contrôle cet été, va vendre sa pe-
tite enseigne de chaussures Cos-
moParis à deux entrepreneurs,
Stéphane Collaert et Thierry Le
Guénic, qui ont déjà racheté une
autre de ses filiales, la marque
masculine Chevignon, en mars.
Les fournisseurs des hypermar-
chés s’inquiètent de ce grand
mercato alors que Casino a déjà
cédé 56 magasins depuis fin 2018.
Les fabricants déplorent aussi la
façon dont Carrefour ou Auchan
réallouent leurs surfaces. « Les
rayons textiles sont ceux que les
hypermarchés réduisent » , re-
grette Jacques Marie, PDG de Bleu
Forêt. Du coup, la marque de
chaussettes et de collants ouvre
des boutiques.
Son concurrent, Kindy, fait tour-
ner son usine de Moliens (Oise)
pour fabriquer des gammes de
chaussettes à partir de coton bio
et de polyester recyclé censés af-
franchir la marque du diktat du
prix. Etam relance son enseigne
féminine 123 sous un nouveau
nom, Maison 123, avec des gam-
mes plus raffinées. Le groupe dé-
voilera mi-septembre un nou-
veau concept pour Undiz censée
« devenir la marque référente de
lingerie auprès des 18-24 ans ».
Enfin, Gémo pousse ses pions
en centre-ville avec une enseigne
conscrée à la mode enfantine à
Paris, rue de Rennes. Mais tous
devront composer avec la fai-
blesse de la consommation.
D’après l’IFM, les ventes se con-
tracteraient de 1,5 % sur l’ensem-
ble de l’année.p
juliette garnier

Les temps
ont changé. Pour
un Français sur
quatre, « le prix
est le premier
critère d’achat
d’un vêtement »,
selon une étude
de Kantar

2 JANV. 2019 6 AOÛT 2019

1 474

L’once d’or
EN DOLLARS

SOURCE : BLOOMBERG

1 282,

2 JANV. 2019 6 AOÛT 2019

5 683

La tonne de cuivre
EN DOLLARS

5 842
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