MondeLe - 2019-08-08

(sharon) #1

JEUDI 8 AOÛT 2019 france| 9


Lambert, le 29 juillet, pour faire le point
avec elle sur la situation et annoncer de
nouvelles mesures destinées à venir en aide
aux agriculteurs touchés par la sécheresse.
Pour parachever le tableau, une « autre an-
goisse » agite le secteur, reconnaît-on au mi-
nistère de l’agriculture : la prochaine phase
de renégociation de la politique agricole
commune (PAC), « avec peut-être un budget
qui va être moindre » à partir de 2020. « Il y a
plusieurs craintes qui se mêlent , convient-on
dans l’entourage de M. Guillaume. Les agri-
culteurs français sont d’accord pour aller vers
la transition agro-écologique, mais ils ont le
sentiment de marcher vers une grande incon-
nue, on leur demande beaucoup d’efforts. »

« DÉPUTÉS TRAUMATISÉS »
Si l’exécutif entend se montrer compréhen-
sif vis-à-vis du malaise agricole, beaucoup
de députés macronistes ont pour leur part
du mal à accepter le mouvement d’humeur
qui les vise. Certains élus se montrent
même franchement inquiets quant à la
tournure que pourrait prendre la mobilisa-
tion. « Ça peut mal finir, par de la violence
physique. Ces gens sont à bout et les syndi-
cats les excitent, c’est irresponsable , dénonce
Jean-Baptiste Moreau, député (LRM) de la
Creuse. Les députés qui n’ont pas beaucoup
d’expérience politique sont traumatisés. Ils
vont être influencés dans leurs votes par la
pression qui est mise sur le terrain. »
M. Moreau, un agriculteur de profession
qui a l’oreille d’Emmanuel Macron, estime
que les difficultés du monde paysan jettent
aussi la lumière sur l’inaction de certains
professionnels du secteur, incapables à ses
yeux de s’organiser pour répondre aux en-
jeux auxquels ils sont confrontés. « Les syn-
dicats agricoles pointent toujours du doigt les
autres : les élus, le Canada, etc. C’est plus facile
de murer la permanence d’un député que de
se mettre autour de la table, de se prendre en
main », grince-t-il. Les voies du dialogue ont
parfois du mal à passer les murs.p
olivier faye
et laurence girard

LES AGRICULTEURS CROIENT

SAVOIR QUE LE CETA PERMETTRAIT

D’IMPORTER DE LA VIANDE

D’ANIMAUX AYANT CONSOMMÉ

DES FARINES ANIMALES ;

LE GOUVERNEMENT CONTESTE

CETTE INTERPRÉTATION DU TRAITÉ

En Haute-Garonne, l’inquiétude monte

face aux accords internationaux

Des agriculteurs craignent « de nouveaux déséquilibres » après la ratification du CETA

toulouse - correspondant

L

undi 29 juillet, Dominique
Paillé, exploitant agricole à
Labège, en proche banlieue
toulousaine, avait convié les dix
députés de Haute-Garonne, dont
sept de La République en marche
(LRM), à venir visiter les 130 hecta-
res sur lesquels il cultive du blé
dur, de l’orge, du maïs, du tourne-
sol et quelques plants de lentille. A
45 ans, il a repris l’exploitation de
son oncle, il y a de cela vingt-cinq
ans, et emploie deux salariés. A ses
côtés, ses amis de la fédération dé-
partementale des syndicats d’ex-
ploitants agricoles (FDSEA) vou-
laient entamer une discussion
autour de l’accord de libre-
échange entre l’Europe et le Ca-
nada (CETA) et dont Dominique
Paillé craint des effets inquiétants.
Aucun député n’est venu.
Quelques jours plus tard, dans la
nuit du 1er au 2 août, le syndicat
murait la permanence de la dépu-
tée LRM Corinne Vignon à Tou-
louse, avant de déverser du fumier
devant la permanence d’une autre
députée à Tournefeuille, puis de-
vant la préfecture de Haute-Ga-
ronne. Une action spectaculaire
pour dénoncer le CETA, et alarmer
sur l’accord de libre-échange entre
l’Union européenne et le Merco-
sur, l’alliance commerciale des
quatre économies les plus puis-
santes d’Amérique du Sud (Brésil,
Argentine, Paraguay et Uruguay).
« On nous demande de faire des
produits de qualité – bio, viande,
lait ou fromage – en circuits courts
et filières de proximité, et on va im-
porter des produits alimentaires
qui ne respectent pas les mêmes rè-
gles en ce qui concerne les OGM, le
glyphosate, les farines animales ou
les hormones. Le consommateur
n’en veut pas et nos agriculteurs
vont en souffrir énormément » ,
tonne Luc Mesbah, secrétaire gé-
néral adjoint de la FDSEA 31.
Avec plus de 80 000 exploita-
tions agricoles, l’Occitanie se
classe deuxième région agricole et
agroalimentaire française der-
rière la Nouvelle-Aquitaine, selon
un rapport d’Agri’Scopie réalisé
pour les chambres d’agriculture
en 2017. La région est également la
plus importante en nombre d’ex-
ploitations pour les ovins, et se
classe deuxième pour les produc-
tions végétales.

Haute qualité et proximité
« Dans dix ans, on ne sera plus là.
On va subir une nouvelle loi qui
nous interdira les produits chimi-
ques, la ville gagne des terrains et,
avec ces accords, on sera en
concurrence directe, notamment
sur le blé dur du Canada qu’ils ven-
dent avec des coûts de production
bien moins élevés » , craint Domi-
nique Paillé, qui vient de terminer
les moissons et fait du fauchage
au bord des routes « pour arrondir
les fins de mois ».
Premier département en pro-
duction de blé dur et de sorgho et
troisième en tournesol, la Haute-
Garonne offre aussi ses terres aux
bovins. A Avignonet-Lauragais,
dans un paysage qui rappelle la
Toscane, Joël Escrieut, 45 ans, ca-
jole ses cinquante vaches de race
aubrac. Sur 116 hectares, elles gam-
badent au grand air. « On fait de la
vache allaitante, pour vendre en-
suite sous vide le veau sur l’exploi-
tation ou sur les marchés dans une
démarche de haute qualité et de
proximité » , explique-t-il. « Moi, ce
que je crains, c’est l’importation
d’Amérique du Sud. Ils travaillent
sur des milliers d’hectares, avec des
troupeaux immenses. On va im-
porter 60 000 tonnes de viande
surtout congelée, pour des plats
cuisinés et dans des conditions de

transport folles et dangereuses
pour l’environnement. Ici, les gens
réclament plus de traçabilité. »
Autonomie fourragère, diversifi-
cation avec des céréales, circuits
courts, M. Escrieut travaille seul.
Sa fille, qui a commencé des étu-
des agricoles, « voit son avenir
s’obscurcir ». « Moi, je suis obligé de
continuer, mais elle... »
La FDSEA, rejointe dans ses re-
vendications par les Jeunes Agri-
culteurs ou la Confédération pay-
sanne, constate : « L’agriculture
française n’exporte plus, sur le dé-
partement on est passés de 350 à
150 exploitations laitières en
vingt ans, et ces accords vont créer
de nouveaux déséquilibres. » Si cer-
taines portes semblent s’ouvrir
pour le vin, le foie gras ou certains
fromages, Luc Mesbah évoque le
cas du colza et des biocarburants :
« On va importer 400 000 tonnes
de colza du Canada, dont des OGM.
On nous a incités à créer une filière,
un cercle vertueux dans lequel les
tourteaux de colza sont consom-
més par les animaux, et les huiles
servent à fabriquer du diester, tout
va s’effondrer. »
Le colza et le tournesol, c’est la
spécialité de Jean-Jacques Ramade,
toujours dans le Lauragais. Egale-
ment administrateur de la Fédéra-
tion des producteurs d’oléagineux
et de protéagineux, son fort accent

du Sud-Ouest souligne que la
France « a passé des accords avec
Total pour importer de l’huile de
palme de Malaisie, pour le diester.
C’était un premier coup très dur ».
Avec le CETA et « le blé dur bourré
de glyphosate en provenance du
Canada » , M. Ramade, qui dit être
favorable au libre-échange, craint
essentiellement « la façon dont
l’Etat va contrôler les produits qui
entrent. Avec quels moyens, quels
fonctionnaires, de quelle façon le
grand public va-t-il être informé? ».

« On veut du dialogue »
A une trentaine de kilomètres de
Toulouse, à Auterive, le constat est
encore plus amer pour Jean Dou-
meng et ses deux associés qui pro-
duisent essentiellement du lait
d’une centaine de vaches. Le sec-
teur, en pleine restructuration,
perd six à sept producteurs par an
en Haute-Garonne. « Il y a
130 points de collecte aujourd’hui,
contre 2 500 dénombrés en 1984
lors de l’apparition des quotas lai-
tiers. En 1990, on vendait le litre de
lait 2,70 francs (40 centimes d’euro),
aujourd’hui, on est à environ
33 centimes... Tout est dit, non? »
La région développe de plus en
plus de produits bio : 6 500 exploi-
tations ont été certifiées bio
en 2015, selon un autre rapport
Agri’Scopie, et représentent un

quart des exploitations et des sur-
faces françaises en agriculture bio-
logique. Le conseil régional, qui
avait organisé les Etats généraux
de l’alimentation en 2018, tente de
soutenir la filière en compensant
le désengagement de l’Etat sur les
aides au maintien. A Toulouse, le
marché d’intérêt national déve-
loppe lui aussi ces relations de
proximité et de qualité en multi-
pliant les chartes et conventions.
Dans le Gers, une délégation
d’agriculteurs, conduite par le pré-
sident de la chambre d’agricul-
ture, Bernard Malabirade, avait été
reçue par la préfète début juillet. Si
aucune action n’a été menée, c’est
parce que « l’on veut du dialogue
avec les parlementaires, les
consommateurs et l’Etat. Ces trai-
tés vont faire de la France un grand
importateur et les conséquences se-
ront sensibles. Même si, ici, après le
traumatisme de la grippe aviaire
sur les canards, on peut imaginer
de nouveaux débouchés pour nos
produits, dont le foie gras », dit-il.
A Auterive, alors qu’il a installé
de petits matelas sous chaque va-
che la nuit, et qu’il a mis en route
un atelier de glaces maison, Jean
Doumeng compare ces accords à
« un match de foot durant lequel
chaque équipe n’évolue pas selon
les mêmes règles d’arbitrage ». p
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