Provence - 2019-08-14

(Jacob Rumans) #1

Veilléed’armes en Méditerranée


3/4 -Rassemblée entre la Corse et la Sardaigne, l’armada des Alliés est prêteàfondre sur les côtes de


Provence, avec 380000 soldats. Le 14 août 1944, elle met le cap sur la France en fin d’après-midi...


1/ Soldats britanniques de la 2


e
Parachute Brigade. 2/ Le 14 août, Winston Churchill embarque sur un destroyer. 3/ Le boxeur Joe Louis en Corse, avec des GI’s arrivés d’Italie. /DR

Avec près de2000 navires, les Alliés ont rassemblé une flotte encore plus importante que celle utilisée en Normandie./CENTRECULTURELAMÉRICAIN


C


’est une véritablearmada
alliée qui est sur le pied de
guerre en ce 14 août 1944.
Quelque 600 bateaux de trans-
ports, escortéspar 250 navires
de guerre dont quatorzefran-
çais, appuyés par2000 avions.
D’autres embarcations sont mo-
bilisées, pour un total de 1200
unités.Une armée est embar-
quée:380 000 hommes bien
équipés et bien nourris-aux
deux tiers français-sont prêts à
déferler sur le Sud de la France.
Tous sont partis de Naples,
Oran, Palerme, Cagliari, Brindi-
si, Tarente, Calvi ou Propriano.
Le premier convoi naval
quitte le Sud de l’Italie le9août
au matin. Pour ne pas éveiller
trop vite les soupçons des nazis
et laisser planer le doute le plus
longtempspossible sur leur des-
tination finale,six routes diffé-
rentes sont empruntées par les
bateaux qui amènent hommes
et matériels sur la zone de com-
bats. L’armada se rassemble
entre la Corseet la Sardaigne à
partir du 10 août.
Le 14, la flotte estaugrand
complet. En fin d’après-midi,

après avoir fait mine de se diri-
ger vers Gênes, ellemet le cap
sur la France.Qualifiée parles
Anglaisde"bulldozerpourécra-
ser une mouche",l’opération
"Anvil"-rebaptisée "Dragoon"
quelques semaines avant son dé-
clenchement-aété décidée lors
de la conférence anglo-améri-
caine de Québec, en août 1943.
Elle est supervisée par le géné-
ral AlexanderMcCarrellPatch,
de l’US Army. Il connaît bien la
France et les Français, ayant
combattudurant la Première
Guerre mondiale, puis organisé
la défense de la Nouvelle-Calé-
donie en 1942.
N’en déplaise au général de
Gaulle,qui aurait préféré l’in-
verse, c’est Patch quialamain
sur les 300000 soldatsdel’Ar-
méeBdugénéral de Lattre de

Tassigny, le chef du corps expé-
ditionnaire français. Le deal est
le suivant:l’Américain dirige les
opérationspendant le débarque-
ment, son homologue français
prendra le relais quand il faudra
s’avancer dans les terres. L’ob-
jectif est précis:constituer une
ligne de front de 25 kilomètres
de profondeur, reconquérir au
plus vite Toulon et Marseille,
puis remonter le Rhône jusqu’à
effectuer la jonction avec les
forces de l’opération Overlord
débarquées le6juin en Norman-
die.

Confiance américaine


Àbord des navires qui font
routeverslaProvence, tous les
témoins rapportent que se
mêlent l’excitation et l’assu-
rance. L’excitation, c’est celle

des Français, impatients de pou-
voir enfin libérer le territoire na-
tional. L’assurance est plutôt du
côté des Américainsetdes Bri-
tanniques, qui ont déjà réalisé
sept débarquementsenMéditer-
ranée, dontceux d’Italieetde-
Corse.
Révélé par l’historien Jérôme
Croyet, un rapport du 2

e
Chemi-
cal MortarBataillon souligne
combien"les GI’svonten
confiance combattre les ''krauts''
et les ''Jerry'', les surnoms donnés
àl’enn emi".Ilfaut dire que les
soldats américains sont très
aguerris:enjanvier 1944, ils ont
essuyé de lourdes pertes lors
d’undébarquementàAnzio,
en Italie,commettant des er-
reurs qu’ils ont apprisànepas
répéter.
Auteur du"Débarquement en

Provence"(Éd. Le Cherche Mi-
di), Philippe Lamarqueestime
toutefois que les soldats français
étaient"de meilleure qualité"
que lesforcesanglo-améri-
caines:"L’Armée d’Afrique était
surentraînée. Elle représente
plus de la moitié des effectifs et se
prépareàlarevanche depuis la
signaturedel’Armistice, en
juin 1940".

Arméemulticolore
Ces forces françaises se com-
posent pour près de deuxtiers
d'"indigènes",le qualificatif attri-
bué aux populations de l’Em-
pire colonial. La plupart sont du
Maghreb, de Syrie, du Liban ou
d’Afrique noire, d’autres
viennentdeplus loin comme
ces 600 hommes partis de Nou-
méa pour gonfler les rangs de la

1


ère
Division française libre. On
l’ignore, certains ont été enrôlés
de force, tel l’Ivoirien Mahi Go-
goua :"On m’a obligéàaller
là-bas, j’ai été désigné par le chef
du village. Pourquoi moi?Jene
sais pas".
Les pieds-noirscomposent
cette Arméed’Afrique pourun
tiers. Enfin,2400 hommes et
femmes sont des Français de mé-
tropole, soit8%de l’ensemble, à
l’exempleduMarseillais Guy
Charmot:médecin en poste en
Haute-Volta en 1940, ilarejoint
les troupes anglaises station-
nées dans la Gold Coast (Ghana)
voisine, puis les Forces fran-
çaises libres. Autant de parcours
et de différences effacésàla
veil le du combat par une indé-
fectible solidarité.
Fred GUILLEDOUX

Faceàlabarbarie nazie et
àlacollaboration de Vichy,
des milliers d’hommes et de
femmes se sont dressés. Par-
mi eux,1038 ont reçu le titre
de Compagnon de la Libéra-
tion. Portrait d’Henri Rousse-
lot, né en 1912àGap.
Fils de magistrat, Henri
Rousselotagrandi dans les
Hautes-Alpes. Il fait ses
études au collège de Bourgoin
puis auxlycéesde Chambéry
et de Toulon. En 1931, il entre
àl’École navale. En 1940, Hen-
ri Rousselot est officier en se-
cond du sous-marin mouilleur
de minesRubis,alors basé en
Écosse:lors de l’armistice, le
bâtiment rallie la France libre.
Le 27 avril 1941, Henri Rousse-
lot se voit confierlecomman-
dement duRubiset effectue
ensuite avec lui 20 opérations
de guerre (deux patrouilles et
18 opéra-
tions de
mouillage
de mines),
notamment
dans le
Golfe de
Gascogne
et en Nor-
vège. Il
coule,dedeux torpilles, un
cargode4360 tonnes. Le
14 octobre 1941, le général de
Gaulle lui remet la Croix de la
Libération. Les missions se
succèdent jusqu’à la fin de la
guerre, particulièrement sur
les côtes de Norvège:grâce à
sonaction, tout traficest ren-
du impossible dans le secteur
de Stavanger. Après la guerre,
HenriRousselot est nommé ca-
pitaine de frégate, puis
connaîtune longue carrière
dans la Marine. HenriRousse-
lot est décédé le 23 août 1994
àPlouzanédans le Finistère.
Ses cendresont été disper-
sées en mer, près de Toulon,
surl’épaveduRubis.

Animépar un petit groupe
de passionnés, ce petit musée
installé dans un ancien moulin
àhuile retrace les premières
heures du débarquement de
Provence. L’opération "Rug-
by" (largagedeparachutistes
autour de ce qui sera une des
premières communes libérées
par les Américains)est parti-
culièrement mise en avant,
avec l’action de la 1

ère
Division
aéroportée du généralaméri-
cain Robert T. Frederick. Le vi-
siteur peut découvrir le poste
de pilotage d’un des 500 pla-
neurs utilisés dans la nuit du
14 au 15 juin 1944, des rations
d’époque, une jeep quiaparti-
cipé aux combats, etc.

Tour Charles Quint, RN7, Le Muy (83)
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NUMÉRO 12

96 PAGES


ÉTÉ 2019

H. ROUSSELOT


Le marin


montagnard


LE LIEU


Musée de


la Libération


L’opération"Dragoon"


est supervisée


par le général Patch.


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