Provence - 2019-08-14

(Jacob Rumans) #1

Les sorties cinéma


d e l ’ é t é


çNUITS MAGIQUES


COMEDIE DRAMATIQUE (2h05),dePaolo Virzì,
avecAndreaRoncato, Giancarlo Giannini, Ornel-
la Muti.
Lorsqu’un producteur de renom est retrouvé mort
dans le Tibre,les premiers suspects sont trois
jeunes aspirants scénaristes. Au cours d’une nuit
au commissariat, ceux-ci se remémorentleurs
aventures tumultueuses dans les derniers éclats
des années glorieuses du cinémaitalien... Après
uneEchappée Belle,voyage de fin de vie en Amé-
riqueassuré par HelenMirren et Donald Suther-
land, l’Italien Paolo Virzi revient dans son pays
avec, pour ambition,demettre en oppositionles
monstres sacrésdu7

e
art faceàlavision de la nou-
velle génération. Curieuse dansson approcheet
faussement foutraque,Nuits Magiquess’appuie
volontairement sur des personnages hauts en cou-
leurs,àlalimitedelacaricature. Aussibien inspiré
par les films d’Ettore Scola que de FrédericoFell i-
ni, l’ensemble déconcerte... mais se répèteaussi
dans ses situations. Onyretiendra donc sa ré-
flexion sur le changement de mentalité d’unein-
dustriequi, durant les années 1990,aeutendance
àdélaisser l’artistiqueaudétriment du commer-
cial...Maisàl’heure où Tarantino s’attaque avec
une rare maîtriseàune mutation similairedans
sonOnce uponatime... in Hollywood,cependant
romain peineàtenir la comparaison.C. Cop.

THRILLER (1h49), de Lee
Won-TaeAvec Dong-seok Ma,
Kim Moo-yul, Sung-kyu Kim.

L’histoire
Un puissant chef de gang, dont
la férocité est redoutée danslemi-
lieu, manque de se faire assassi-
ner. Sa réputation étant irrémé-
diablement endommagée, il veut
coûte que coûteretrouver son
agresseur. De son côté, un inspec-
teur de police, est persuadé que le
meurtrier est l’insaisissable tueur
en série nommé "K". Le flic et le
gangster vont alors unir leurs
forces pour mettre la main sur ce
dangereux criminel. Mais si le pre-
mier rêve de le voir derrière les
barreaux, le deuxième n’a qu’une
idée en tête:levoir mourir...

Notre avis
Depuis quelques années,le
film de genre sud-coréen s’invite
àlatraditionnelle séance de mi-

nuit cannoise. Pour les amateurs,
l’attente est palpable etsuscep-
tible de leur faire découvrir une
petitepépite commeDernier
train pour Busanen 2016 ou donc
en mai dernier,Le Gangster,le flic
et l’assassinqui, bonne nouvelle,
n’a pas tardéàenvahir les salles
obscures. Esthétiqueléchée, ac-
tion percutante, violence mélan-
gée àl’humour noir, personnages
de tempéraments... sont lesingré-
dients de ce polar explosif concoc-
té par Lee Won-tae. En assumant

le second, voire le troisième de-
gré, ce film dynamique ose en per-
manence et multiplie les fausses
pistes. Le spectateur assisteàune
succession de rebondissements
aussi rocambolesques que jubila-
toires. Le trip punchy est haute-
ment recommandable... Avec au-
tantdequalités on ne s’étonne
pas qu’un certain Sylvester Stal-
lone ait déjà affiché son intention
d’en faire un remake US. En s’of-
frant l’un des rôles phares?
C. Cop

çPERDRIX


COMEDIE (1h39),deErwan Le Duc, avec Swann
Arlaud, Maud Wyler, Fanny Ardant.
Pierre Perdrixvit de sjours agités depuis l’irrup-
tion dans son existence de l’insaisissable Juliette
Webb. Elle va semer le désir et le désordre dans
sonunivers et celui de sa famille,obligeant cha-
cun àredéfinir ses frontières, etàsemettre enfin à
vivre... Ces derniers temps, le cinéma français
aime les personnagesmarginaux et nombre de co-
médiesàtendance "auteuristes" :Gaspar vaau
mariage,IfeelGood,Le Daim,Yves,voireJe pro-
mets d’êtresage(ci-contre)s’essaient àcet exer-
cice avec plus ou moins de réussite.Pour son pas-
sage au longmétrage,Erwan Le Duc, ancienjour-
naliste, s’attardesur le quotidien d’une famille du
grandEst,qui n’ arrive pasàsurmonter l’absence
du père, mort desannées auparavant. Si le couple
formépar Swann ArlaudetMaud Wyler dégage un
charme indéniable,lefilmpêche par son rythme
en dents de scie.Sortie de la love story, la descrip-
tion des autres membres de la tribu manque
d’éclat.Lamère (Fanny Ardant) anime une émis-
sion radio dans son garage où les amants de pas-
sage défilent et le frangin (NicolasMaury, de la sé-
rieDix pour cent)multiplie sans gênequelques ex-
périences mais peineàélever sa fille. Tous sont da-
vantagel’objet de running gags pas très drôles ral-
longeant inutilementl’ensemble.C. Cop

COMEDIE DRAMATIQUE (1h32), de Ro-
nan Le Page, avec Pio Marmai, Léa Dru-
cker, Mélodie Richard.
L’histoire
Après des années de galère dans le
théâtre,àbout de nerfs, Franck plaque
tout! Il aspireàune vie différente et ac-
cepte un poste de gardien de musée loin de
Paris, au calme. C’était sans compter sur Si-
bylle, une agent de surveillance caracté-
rielle qui va lui mener la vie dure et tout
faire pour le décourager. Ils vont pourtant
être amenésàs’allier pour monter une pe-
tite escroquerie. Une chance peut-être de
reprendre leurs destins en main...
Notre avis
Pio Marmaï aime les personnages lu-
naires, plongés dans des histoires décalées.
DansEn Liberté,dirigé par Pierre Salvadori
ouSanta&Cied’Alain Chabat voire le ré-
cent Mais vous êtes fous d’Audrey Diwan,
le résultat étaitàchaque fois concluant. Il
est cependant en demi-teinte dansJe pro-
mets d’être sage.Lapremière scène du film,
où on le retrouve en metteur en scène hysté-
rique, frôle la catastrophe... Par la suite,
l’ancien artiste se pose et change radicale-
ment d’attitudeentravaillant pour un mé-
tier où il est contraint de rester "figé",
contraint d’observer sans mot dire les visi-
teurs d’un musée puis de faire l’inventai-
re... Cependant, plutôt que de mettreenba-
lance le conformisme avec l’esprit créatif,
le film s’aventuresur d’autreschemins et
hésite entre l’histoire d’amour et le polar,
en oubliant la douleur de Franck de ne plus
exercer sa première passion. Conséquence,
ça patine avec un mélange des genres qui
ne fonctionne que par intermittence, grâce
àlacomplicité du duo Pio Marmaï et Léa
Drucker, qui une fois sur la même longueur
d’onde, nous livre quelques jolies scènes
burlesques. C. Cop

COMEDIE DRAMATIQUE (2h42), de Quentin Tarantino,
avec Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie.
L’histoire
En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff
Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières
au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus...
Notre avis
Contrairementàbeaucoup de réalisateurs, qui s’attachent à
rester fidèles aux histoires vraies qu’ils portentàl’écran, Quen-
tin Tarantino s’approprieles faits,joue avec eux et aime
prendreàcontre-pied les spectateurs. Ce goût de l’uchronie,

déjà aperçu dansInglourious Basterds,oùHitler mourait criblé
de balles dans un cinéma, est ici reconduit. Sans le spoiler, le
final soulève d’ores et déjà des débats, mais reste logique par la
volonté du cinéaste d’intégrer sans cesse de la fiction au sein
de l’histoire, et de jouerconstamment sur ces deux para-
mètres, jusqu’àbrouiller la réalité. Dans sa structure,Once
uponatime... in Hollywoodse déroule sur une unité de temps
réduite:deux journées de février 1969 et six mois plus tard, la
nuit du9août, date de l’assassinat de la comédienne Sharon
Tate par Charles Manson. Onysuit le quotidien de l’acteur de
seconde zone Rick Dalton et de Cliff Booth, sa doublure cas-
cade sans le sou. Deux outsiders prêtsàprendre leur revanche,
respectivementinterprétéspar Léonardo DiCaprio et Brad

Pitt, magistraux d’un boutàl’autre. Deux histoires racontées
en parallèle...àlaquelle se greffe une troisième, autour de
l’épouse de Roman Polanski (incarnée par la troublante Mar-
got Robbie), assistantàlaprojection d’un de ses films.Àtravers
ce trio, le cinéaste palmé pourPulp Fictionlivre une véritable
lettre d’amour au cinéma qu’il admirait dans sa jeunesse...
avant qu’Hollywood devienne plus commercial.Dial ogues cise-
lés, art de détourner les situations,foisonnementde réfé-
rences, bande-son du tonnerre, reconstitution jusqu’au-bou-
tiste d’une époque, tous les motifs tarantinesquessont pré-
sents. Pendant 2h40, l’œuvre brasse habilement western, es-
pionnage, guerre, épouvante, kung-Fu et même Giallo, avec
une maîtrise de tous les instants. Incontournable. C. Cop

DOCUMENTAIRE (1h39) d’Ursula Macfarlane.


L’histoire
L’ascension et la chute du magnat d’Hollywood
Harvey Weinstein quiaréussiàpréserver sa toute
puissance au fil du temps, même quand le scan-
dale menaçait. D’anciens collaborateursetplu-
sieurs de ses accusatrices décrivent son mode opé-
ratoire, ainsi que les conséquences de ses abus
sexuels présumés, dans l’espoir que justice soit
faite et que les choses bougent enfin...

Notre avis
Prévu pour le9septembre, le procès d’Harvey
Weinsteinvafairegrandbruit.L’affairead’oreset
déjà eu un impact essentiel avec la naissance du
mouvement "Me too" quialargement dépassé la
sphère du 7

e
art pour s’étendreàtous les milieux
professionnels. La lutte pour libérerlaparole et en-
lever le sentiment de honte des femmes victimes
de harcèlement de "puissants" patrons ne fait que
commenceretc edocumentaire, signé Ursula Mac-
Farlane,se présente comme une piqûre de rappel.
Pour qui s’est un peu penché ces derniers mois sur
les informations déjà divulguées via le net ou des
articles de presse, la proposition n’apporte guère
de réponses supplémentaires.Àl’inverse, les témoi-
gnages face caméra, de celles qui ont côtoyé le co-
fondateur de Miramax (et pas seulement des têtes
d’affiche) sont aussi durs que poignants. Il n’était
cependant pas nécessaire de surligner les propos
avec une musique tire larme inutile qui atténue
l’impact...Àcoup sûr,l’Intouchableméritait donc
d’être plus soigné dans sa mise en scène et aurait
gagnéàcreuser davantage la question du silence
gardé pendant des années par l’entourage profes-
sionnel (agents, collaborateurs, cinéastes, ac-
teurs...) d’Harvey Weinstein, forcément au cou-
rant de certains faits... C. Cop

çJE PROMETS D’ÊTRE SAGE


L’ennui au musée


TTaarraannttiinnoo aauu ssoommmmeett ddee ssoonn aarrtt


çççLE GANGSTER, LE FLIC&L’ASSASSIN


Un thriller décapant


ççççONCE UPONATIME... INHOLLYWOOD


ççL’INTOUCHABLE WEINSTEIN


Abus de pouvoir


25
http://www.laprovence.com

75213

Free download pdf