Provence - 2019-08-14

(Jacob Rumans) #1

P


our les riverains du Jas de
Rhodes, c’est un monstre
àdeux têtes. Et pour
cause, le rôle de l’écopôle est
double:d’un côté celui de trai-
ter et de faire transiter les dé-
chets non dangereux en vue de
leur valorisation, de l’autre de
les stocker ainsique l’amiante
liée àdes matériaux inertes. La
durée de vie pourlapartierecy-
clage est infinie mais l’enfouis-
sement, lui, est régi par des auto-
risations préfectorales.
C’estjustement ce domaine
qui fait l’objet d’une pétition
contre son renouvellement, ac-
tuellementsignéeparprèsde
400 personnes. Le site est géré
par le groupe Suez depuis une
vingtaine d’années, qui entend
en effet développer son activité
de tri de collecte sélective déjà
en place en créant un centre de
grande capacité,etpoursuivre
son activité de stockage en ré-
aménageant son installation de
stockage de déchets non dange-
reux (ISDND). Une enquête pu-
bliqueadonc été ouverte, dont
lesrésultatsdevraient être
connus d’ici la rentrée.

Tri versusstockage
Les signataires de cette péti-
tion ont décidé de ne pas patien-
ter jusque-là. Car s’ils recon-
naissent que"le centre de tri sé-
lecti fest utile et indispensable"
ils émettent quelques doutes
quant à"la réalité du site du Jas
de Rhodes".Ils estiment qu’"il
s’agit surtout d’un site d’enfouis-
sement des déchets qui, de sur-
croît, se trouveaubeau milieu
de quartiers résidentiels très
denses".Et de préciser :"Le tri re-
présente une part infime de la
surface de l’écopôle."
"Faux,rétorque Sylvain Gol-
lin, directeur du développe-

ment infrastructures recyclage
France,au contraire, afin de
nous inscrire dans les objectifs
de la loi de Transition énergé-
tique, le tonnage de stockage au-
torisé de 2020à2022 sera réduit
de 30%".Et Suez de développer
dansson projet de développe-
ment:"De 2023à2024, l’annuel
autorisé sera réduit de 50%(...),
de 2025à2031 de 60 %."D’après
Sylvain Gollin,"nous avons la ca-

pacité de répondre aux besoins
sur les quelques années qui ar-
rivent maisensuite on seraun
site exclusivement destiné au tri
et au recyclage."Àcepropos, le
responsable met en exergue un
besoin de développement de
sorte à"se concentrer sur les acti-
vitéséconomiques (comme les
entreprises et notamment celles
du BTP)".Àl’heure où les dé-
charges sauvages prolifèrent,

provoquant parfois de véri-
tables drames comme le décès
du maire de Signes,personne
n’oseraitdire quec’est une mau-
vaise chose.
Sauf que pour plusieurs habi-
tants du Jas de Rhodes, les nui-
sances sontnombreuses. Trop
nombreuses. Ils pointent no-
tamment"les envols de papier,
de plastique, etc., "des odeurs
nauséabondes","le bruit des

avertisseurs sonores dus au recul
des camions"et évoquent même
des"cas d’asthme spontané chez
des enfants" (lireci-dessous).Per-
sonne n’apprécie avoir une dé-
chargeàcôté de chez soi, c’est
certain, mais plusieurs proprié-
taires expliquent"avoir acheté
justement en sachant que l’ex-
ploitation de l’enfouissement
des déchets arriveraitàterme
en 2022".C’est là queles choses

se compliquent. Car il"n’a ja-
mais été question d’arrêter l’ex-
ploitation en2022,préciseSyl-
vainGollin.Ils’agitseulement
d’une autorisation qui va arri-
ver àexpiration donc ilyanéces-
sitédepasserpardenouvelles
procédures.Voilàpourquoiona
déposéune nouvelle demande,
afind’apporterunesolution
complémentairesurlesbesoins
locaux concernant le stocka-
ge..."Et de préciserquant au
centredetri:"Onrestesurnotre
périmètre au sens géographique,
nousn’avonspasl’intention
d’acquérir du foncier supplémen-
taire."
De son côté,France natureen-
vironnement, la fédération fran-
çaise des associations de protec-
tion de la nature et de l’environ-
nement,aégalement émisun
avis défavorable quantàlapour-
suite du centre d’enfouisse-
ment en prenant acte de l’avis
formulé par le Conseil national
de la protection de la nature. Et
depréciser,notamment:"Vula
forte richesse en biodiversité (es-
pècesetespacesprotégés),le
choix du site est inadapté."Tou-
tefois la fédération émet un avis
favorable"àl’extensiondusite
au sud,àlacréation d’une activi-
téderegroupementetdetransit
des biodéchets ainsi qu’au dépla-
cementaunorddesbureauxet
zones de parking"concernant le
centredetri,"sousréservedela
compensation de l’impact in-
duit en termesd’imp erméabilisa-
tion du sol".
La Direction régionale de l’en-
viro nnement, de l’aménage-
ment et du logement (Dreal) et
l’Agencerégionale de santé
(ARS), autorités environnemen-
tales, suivent également le pro-
jet.
Carine PALMI

Une pétition pour dire "non"

au développement de l’écopôle

LES PENNES-MIRABEAUAu Jas de Rhodes, le renouvellement de l’exploitation du stockage de déchets de Suez fait parler


Dans cette affaire, etàlasuite d’une réunion publique avec le
groupe Suez au sein de l’hôtel de ville en date du 20 juin, la mairie
adéposé en préfecture des Bouches-du-Rhône un courriel officiel
qui aété transmisàlaDreal et au commissaire enquêteur. Cette
missive, qui va"dansl’intérêt des Pennois",explique en clair que la
commune s’interroge"sur plusieurspoints bien précis danscepro-
jet de développement d’activités",decrainte qu’il ne soit la cause
"d’une augmentation conséquente du flux de véhicules poids lourds
sur le territoire de notre commune".Etdepréciser :"La circulation
étant déjà très difficile par le Vallon de l’Assassin, il apparaît néces-
saire et urgent que l’État débloque le demi-échangeur dit de Lafarge
qui diminuera sensiblement le nombre de poids lourds qui tra-
versent Les Pennes-Mirabeau.Cedossier estenlisé depuis plusieurs
années et nous ne sommes favorablesàaucune extension de l’éco-
pôletantque les conditions de circulation des camions dans notre
commune n’auront pas été solutionnées."
Pour Sylvain Gollin, le problème est"lié àune problématiqueglo-
baledelasaturation du traficdontnotreactiviténereprésente
qu’une part extrêmement modeste. Si on va augmenter l’activité de
tri, on sera dans la décroissance au niveau du stockage de déchets,
donc la synthèsede to ut ça fera qu’iln’y aura pas de génération ma-
jeure de trafic".Lamunicipalitérevient également sur des"déchets

plastiques retrouvés dans le voisinage immédiat de l’écopôle. La so-
ciété se doit donc de trouverdes s olutions".
Suezsetargued’êtreouvertàtravaillersurlaquestion"s’ilya
desélémentsd’améliorationquipeuventêtrefaitsetquiprésentent
unecohérenceglobale.Ilfautqu’onarriveàunesynthèseentreles
enjeuxgénéraux (réglementations du point de vue social, écono-
mique et environnemental) et ceuxtrès locaux".Ce quiaété entre-
prispourlimiterlesimpactssurleshabitantsjusque-là?"Onne
peutintervenirquesurnotrepérimètrefoncier,soittoutcequiestà
l’intérieurdusiteetquipeutallerdanslesensd’undéveloppement
communentermesd’écranvisueletdeprotectionrenforcéepar
temps de fort mistral...".Histoire d’aller un peu plus loin, le groupe
assureaussi"pouvoir regarder ensemble avec, par exemple, un ar-
chitectepaysagerpourconserverdelacohérencearchitecturalesur
le sujet".Donc"essayer de travailler sur des compléments d’inser-
tionvisuelleetdeprotectiondefiletanti-envolsau-delàdenotre
périmètre.Mais j’ai besoin de deux choses,précise Sylvain Gollin,
l’accorddel’ensembledespropriétairesconcernésetqu’onsoitdans
quelquechosedepartagé.Onleurproposeraàtraversuneinstance
qui je pense doit être la commission de suivi."Pourquoi tout ceci
n’a déjà été fait?Une question que beaucoup se posent encore.
C.P.

Le site est géré par le groupe Suez qui entend en effet développer son activité de tri de collecte sélective et poursuivre son activité de stockage./PHOTO S.M.


Mairie et riverains, main dans la main?


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