Temps - 2019-08-14

(C. Jardin) #1
LE TEMPS MERCREDI 14 AOÛT 2019

20

Oui, il existe de bons films de requins

L’


élite intellectuelle mondiale fait
preuve de mauvaise foi en pré-
tendant que, hormis le Spiel-
berg, tous les films de requins
sont des navets. Ce rejet prouve
surtout la fainéantise des ciné-
philes. Pour eux et pour tout le
monde, il existe une méthode
presque infaillible permettant
de distinguer un film de squales
pas trop mal d’un navet: c’est le
sonomètre aquatique. Lorsque les pois-
sons voraces rugissent, le film est nul – ou
c’est un attachant nanar. Quand ils sont
silencieux, oscillant dans l’eau sans bruit
jusqu’à l’atroce capture d’humains, le film
est en principe au moins sympathique,
voire excellent.
Après Les Dents de la mer (1975), ses
ersatz et autres dérivés, les nouveaux
bons thrillers océaniques apparaissent
dans les années 2000. Avec Open Water,
saisissante petite bande fabriquée à
moins de 200 000 dollars, qui raconte le
calvaire d’un couple oublié par le bateau
lors d’une plongée de groupe. Ces deux-là
sont perdus dans l’eau, sans aucune pers-
pective, peu à peu entourés de redou-
tables formes longilignes avec des dents:
voulu ainsi par le réalisateur Chris Kentis
afin de relever un défi technique, le pro-
pos est ramené au plus simple.
Sept ans après cette initiative améri-
caine, en 2010, apparaît une réplique
australienne, The Reef. Le cinéaste
Andrew Traucki, qui avait déjà abusé du
fil dentaire avec Black Water et son cro-
codile croqueur, a dit vouloir faire, enfin,
le film de requin australien, pays qui est
la mère des squales – on y tourne d’ailleurs
plein de ces horribles histoires. Le film,
avec ces amis abandonnés sur un bateau

ayant chaviré, qui choisissent presque
tous de nager jusqu’à une île lointaine,
rappelle Open Water, mais il est conçu
avec bien plus de moyens et s’impose

comme un excellent suspense d’épou-
vante. Il brille en outre par son choc final.
En somme, le film de requin n’est jamais
aussi bon que quand il touche à l’essentiel.

La preuve, éclatante, est fournie en 2016
avec The Shallows (Instinct de survie), un
chef-d’œuvre dans le registre de... la sur-
vie, justement. Jaume Collet-Serra y filme

son actrice, Blake Lively, de manière
obsessionnelle, et pour cause: il n’y a
qu’elle, la mer et le requin.
Il est question d’une surfeuse améri-
caine venue pratiquer sur une plage
qu’avait connue sa regrettée mère, et qui
se trouve à la fois attaquée et piégée par
la marée montante. Les pointilleux y
trouveront moult invraisemblances –
mais depuis quand les films de requins
doivent-ils être réalistes? Le film refor-
mule l’essentiel, l’affrontement de la
traquée et du prédateur. C’est une
confrontation organique, à l’image du
Duel voiture-camion de 1971, le téléfilm
qui a guidé son auteur, Steven Spielberg,
durant l’infernale conception des Dents
de la mer.

Une production dodue
En sus, The Shallows est un des rares
films du genre à exploiter la matérialité
de la mer, les courants, les aléas des
marées, tout en contrastant le cauchemar
avec de superbes images par drone de la
plage paradisiaque.
Ces œuvres fondamentalement austères
n’ont pas empêché que le genre soit
relancé il y a quelques mois par une pro-
duction dodue comme un phoque. Gavé
de capitaux américains et chinois,
The Meg concrétise, 20 ans plus tard,
l’adaptation d’un roman qui avançait l’hy-
pothèse du réveil d’un mégalodon.
Le filon avait déjà été exploité dans
nombre de navets des années 2010, car
les rémoras des films fauchés n’attendent
plus que le grand Hollywood se remue.
Film spectaculaire, plaisant, The Meg
opère une synthèse des grands motifs
récents du genre. De quoi repartir sur de
bonnes nageoires. ■

MOTS FLÉCHÉS N° 32 d’Albert Varennes ([email protected]) SUDOKU N° 32

Solution mots fléchés n° 31 Solution sudoku n° 31

MÂCHOIRES! (7/8) Même si les œuvres mettant en scène des squales dentés ont souvent coulé dans les pires eaux du septième art,

quelques grands opus surnagent. Dont ce petit bijou qu’est «The Shallows» (2016)

NICOLAS DUFOUR t @NicoDufour

«The Meg» de Jon Turteltaub (2018), ou le réveil d’une espèce éteinte de requin de très grande taille. (APELLES ENTERTAINMENT)

8 9 4

4 7 6 5 9 3

2

3 9

5 7 1

7 8

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9 1 3 5 8 4

2 9 7

8 2 1 4 5 9 6 3 7

5 3 9 7 8 6 1 4 2
7 6 4 2 3 1 5 9 8

2 4 8 1 9 7 3 5 6
6 5 3 8 2 4 7 1 9

9 1 7 5 6 3 8 2 4
3 8 2 6 4 5 9 7 1
1 9 6 3 7 2 4 8 5

4 7 5 9 1 8 2 6 3

$ T $ G $ $ $ M $ $ $ A $
$ R A L E N T I S S E U R
$ O V A T I O N $ O S T $
$ M I R A C L E $ L $ O B
$ B A I $ H E U R E U S E
L I T S $ E T R E I N T E
$ N R $ E A L T O $
D O I G T $ $ E P S
$ S C I E P A L P E
$ C E N T $ M $ E N
D O $ S A $ F $ G U G U S
$ P I E G E U S E S $ S U
K E N N E D Y $ R I V E E
$ $ D G $ I A M B E S $ L
$ P I $ S T R I E S $ B L
$ O C T A E D R E $ V I E

TRAVAIL LEUSE
À L’ABATTAGE

QUELQUES
BELLES
PLANTES
DES FORÊTS?

FEMME QUI
BALAIE OU SE
DÉBARRASSE
DES PIERRES

INSTRUMENT
AVANT

COLONIES
AYANT PRIS
LEUR INDÉ-
PENDANCE

SIGNES
QUE TOUT
VA BIEN

DE L’EAU
BIEN
FRAÎCHE

CHAUX PAS
CHAUFFÉE
CRÉATURE
VIRTUELLE

S’INTÉRESSE
AUX MASSES

ON EN
PERD PIED
VESTE
OU SANS
PANTALON

TRANCHE
DE VIANDE

LES JOIES DU
VOISINAGE...

JUSTE AVANT
LA MI-
NOVEMBRE

FEMME QUI
A AU MOINS
DEUX FILS

TOUT DÉBUT
OCTOBRE
PARENT
OU VOISIN
PENDUE DANS
CE QUI EST
SA DERNIÈRE
DEMEURE

ES COMPTÉ
PAR L’ARBITRE

MÉTAL
PÉPETTE
CHERCHANT
PÉPITES
FAIT
D’HIVER
C’EST
À DIRE

FEMMES
À LA PAGE

RUDE
HIVER D’IL Y
A QUELQUES
PRINTEMPS
MEUF PARMI
NEUF
BASE
DE DÉPART

ABC
MODULE

SES MURS
CACHENT
QUELQUES
FÊLURES

AUGUSTE
ÉPOQUE
ANIMAL
RAYÉ

IL EN RESTE
EN RÉSERVE DES EAUX

UN PEU
DE PIMENT
DANS LA
PIZZA

REFOURGUÂT
SA CAME
UN PEU
D’ESPOIR

ASSURE
EN PARTIE
L’ÉCLAIRAGE
NOCTURNE

ELLE A UN
DOUBLE
FOYER

GÉNÉRAL
PLUS HAUT
QUE
GÉNÉRAL

FAIT
PENCHER LA
BALANCE
D’UN CÔTÉ

FEMME
QUI N’A PAS
DE FILS

FIN SAOUL
STATION
D’ALTITUDE
DIFFICILE
À AVOUER
PERMETTRE
LE PASSAGE

COURSE
DE F

PRÉNOMME
UNE FEMME
UN BRAVE À
L’ENTENDRE
FONT DES
CULOTTES OU
DES POIGNÉES
MONTRANT
SES SEINS...
MAIS
TOURNANT
LE DOS!

PLANTÉE
DANS LE
QUARTIER
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