Temps - 2019-08-14

(C. Jardin) #1
LE TEMPS MERCREDI 14 AOÛT 2019

4 Actualité


AÏNA SKJELLAUG
t @AinaSkjellaug

Avant la rentrée scolaire 2019, le Syn-
dicat des enseignants romands (SER)
liste quelques dossiers lui semblant
prioritaires pour gommer les disparités
des chances de succès des écoliers de
Suisse romande. Alors que les politiques
de formation et d’enseignement sont
cantonales, la Convention scolaire
romande tente de coordonner les efforts
pour développer une école plus uni-
forme. L’adoption en novembre dernier
d’un plan d’action en faveur de l’éduca-
tion numérique va dans ce sens. Cepen-
dant, déplore le syndicat, son applica-
tion varie d’un canton à l’autre.
Dès la rentrée, certains cantons –
comme Berne – ajouteront quatre
heures d’enseignement numérique à
leur grille horaire. D’autres ont des
écoles qui proposent le minimum, soit
des ordinateurs sans mises à jour qui
vieillissent dans un coin. «Les volontés
affichées par certains cantons d’aller
plus vite au détriment d’une harmoni-
sation doivent être abandonnées, sou-
ligne Samuel Rohrbach, président du
SER. Si nous voulons réussir une Ecole
4.0, nous devons mettre les moyens
financiers en place et les assurer sur une

longue période. Nous demandons la
mise en place d’une formation romande
de responsables numériques pour les
écoles et la formation des enseignants
doit elle aussi être renforcée.» Le syn-
dicat réclame encore de l’aide maté-
rielle, soit des supports d’enseignement
«clés en main» pour ses enseignants et
une centrale romande d’achat et de ges-
tion afin d’assurer un suivi technique
efficace des outils numériques.

Autre sujet abordé par le syndicat des
enseignants afin que l’année scolaire
2019-2020 se déroule au mieux: la santé
des professeurs et leurs heures supplé-
mentaires. Selon ses représentants, les
autorités cantonales devraient réfléchir
à des mesures pour diminuer le stress
au travail et prévoir la mise en place d’une
formation de responsables santé pour
les établissements scolaires. Elles sont
également priées de prendre en compte

les heures de travail offertes aux collec-
tivités publiques en mettant en place
«des solutions simples à travers les
cahiers des charges».
En 2002, la Conférence intercantonale
de l’instruction publique (CIIP) a publié
des recommandations sur les rectifica-
tions orthographiques du français.
Depuis, un flou certain existe en la
matière: ces principes ne sont pas appli-
qués dans les moyens d’enseignement,
les élèves et les enseignants oscillent
entre deux systèmes de pratiques. Pour
le syndicat, il faut donc profiter de la
rédaction des nouveaux moyens d’ensei-
gnement pour régler une fois pour toutes
ce problème.

Lutte contre le décrochage
L’arrêt du Tribunal fédéral sur la gra-
tuité de l’école a montré ces dernières
années une «cantonalisation» de son
application, a encore déclaré Samuel
Rohrbach. «Au niveau de la culture, des
négociations pour un accès gratuit pour
les écoles doivent être menées avec l’as-
sociation suisse des musées. Il existe une
crainte bien réelle de voir les activités
muséales diminuer au sein des écoles par
manque de ressources financières.»
Le Syndicat des enseignants romands
a enfin félicité la disposition genevoise
unique en Suisse, conçue pour lutter
contre le décrochage. «La Suisse ambi-
tionne d’avoir 95% de jeunes avec une
formation de niveau secondaire II. Cet
objectif ne pourra être atteint qu’en met-
tant en place la formation obligatoire
jusqu’à 18 ans comme l’a fait Genève», a
conclu Samuel Rohrbach. ■

Numérique à l’école: les maîtres

prônent l’harmonisation

Usage de la tablette dans le canton de Glaris. (GAETAN BALLY/KEYSTONE)

RENTRÉE Le syndicat romand des
enseignants demande qu’un effort soit
fourni par les cantons pour coordonner
l’emploi du numérique dans leurs écoles.
D’une région à l’autre, les nombres
d’heures de cours et les programmes
sont très disparates

YELMARC ROULET
t @YelmarcR

On appelle cela la «méthode Ore-
gon», du nom de l’Etat américain
qui a institutionnalisé la commu-
nication d’un avis citoyen avant
les scrutins populaires. La ville de
Sion se lance dans une expérience
pilote en vue des prochaines vota-
tions fédérales, qui se tiendront
le 9 février 2020.
Pour se faire un avis avant de
déposer leur bulletin dans l’urne,
les habitants de la capitale valai-
sanne auront à disposition un
nouvel outil: en plus de la bro-
chure officielle de la Confédéra-
tion et des mots d’ordre des par-

tis politiques, ils pourront se
référer aux considérations, voire
aux recommandations d’un
groupe d’électeurs représentatif
de la population.

Un outil contre le populisme
Ces prochains jours, 2000 per-
sonnes seront tirées au sort
parmi le corps électoral sédu-
nois. Au bout d’une procédure
de sélection, 20 d’entre elles
seront retenues pour participer
en novembre à deux week-ends
de réflexion. Animé par des
experts neutres, avec possibilité
d’auditionner partisans ou
adversaires d’un objet, le groupe
rédigera une «déclaration
citoyenne» résumant les enjeux
de la votation et donnant le
résultat de son vote interne. Un
sondage sera mené après le scru-
tin, pour évaluer l’impact de
l’avis citoyen sur les votants.

Sion, de taille et de caractéris-
tiques moyennes à l’échelle suisse,
est idéale pour mener cette expé-
rience, explique son promoteur
Nenad Stojanovic, professeur de
sciences politiques à l’Université
de Genève. Le projet, qui a rencon-
tré l’intérêt de Philippe Varone,
le président PLR de la ville de
Sion, s’inscrit dans les efforts
menés ici et ailleurs pour encou-
rager la démocratie participative.
«Nous pouvons parler d’une crise
de la démocratie représentative,
souligne le politologue. Les partis
traditionnels sont en baisse, la
méfiance envers les élites en
hausse, la participation stagne et
le populisme croît.»
«Face à cette situation, il y a deux
options, poursuit Nenad Stojano-
vic: privilégier les experts et la
technocratie ou alors offrir de
nouvelles possibilités de partici-
pation aux citoyens, ce qui me

semble préférable. Les études
menées en Oregon montrent que
la population fait davantage
confiance à l’avis fourni par le
groupe de citoyens qu’à celle des
autorités.»

Une tendance internationale
Le projet pilote permettra peut-
être d’élever le taux de participa-
tion aux votations. Se voulant
«école de démocratie», il parti-
cipe de la tendance internatio-
nale qui voit des panels de
citoyens (mini-public) s’adresser
à l’ensemble des électeurs, après
avoir étudié une question poli-
tique d’actualité. Aux Etats-Unis,
le financement de la «méthode
Oregon» est assuré par le spon-
soring. En Suisse, au stade
embryonnaire du projet sédu-
nois, le soutien de la ville et du
Fonds national de la recherche
(FNS) fera l’affaire. ■

VOTATIONS FÉDÉRALES Un
groupe de citoyens s’exprimera
avant le scrutin sur les objets des
votations du 9 février. Pour accom-
pagner la brochure officielle

SONIA IMSENG


t @SoniaImseng


Les apprentis sont nombreux en
Suisse à se retrouver confrontés
au harcèlement sexuel. Une
enquête d'Unia  a révélé cette
semaine qu'ils étaient un tiers à
avoir déjà vécu une telle situation
dans leur quotidien profession-
nel, à l'école (34%), ainsi que dans
leur vie privée (54%). La Direction
générale de l’enseignement pos-
tobligatoire (DGEP) du canton de
Vaud, consciente du problème,
souhaite renforcer la prévention
dans les écoles de formation et les
entreprises. Michel Tatti, direc-
teur général adjoint à la DGEP, et
ancien directeur du Centre pro-
fessionnel du Nord vau-
dois (CPNV), réagit aux conclu-
sions de l'étude.


Un tiers des apprentis ont été harcelés
sexuellement. Qu'en pensez-vous?
J'ai été très choqué par ces chiffres,
d'autant plus qu'ils concernent des
situations vécues au travail, mais
également à l'école. C'est intolé-
rable et il faut absolument conti-
nuer de renforcer les mesures de
prévention et l'encadrement des
victimes. Pour l'Etat, il est très
important de donner le plus d'in-
formations possibles aux jeunes.
En commençant un apprentis-
sage, ils se trouvent à un moment
particulier de leur vie, un moment
où ils débarquent dans un envi-
ronnement nouveau avec beau-
coup de changements.


Comment agissez-vous face à ce pro-
blème? Nous avions, par exemple,
lancé une campagne à ce sujet l'an-
née passée sous le nom de «Res-
pecte le respect», et des brochures


ont été distribuées aux apprentis
avec des informations pour les
aider en cas d'abus. Nous allons
renouveler cette diffusion cette
année. De plus, des séances de sen-
sibilisation pour les équipes de
direction sont organisées dans les
écoles professionnelles, et nous
voulons aussi en proposer aux gym-
nases. Les entreprises formatrices
sont aussi sensibilisées à cette pro-
blématique avec l’appui des asso-
ciations professionnelles qui sou-
tiennent le renforcement de leur
responsabilité envers les apprentis.

Si un apprenti rencontre des pro-
blèmes au travail, que peut-il faire?
Il doit tout d'abord avoir le cou-
rage d'en parler, ce qui peut repré-
senter une étape difficile à fran-
chir, mais que nous encourageons.
Il peut ensuite solliciter tout un
réseau, pour se confier: conseil-
lers aux apprentis, services exis-
tant dans les écoles, tels les
médiateurs ou l'équipe santé. Et
si un adulte remarque une situa-
tion problématique en entreprise,
il doit la signaler, afin d'éviter de
donner toute la responsabilité
d'agir aux jeunes.

Les syndicats demandent la mise en
place d'une tolérance zéro face aux
abus. Qu'en dites-vous? Je suis tota-
lement d'accord, c'est la seule posi-
tion à avoir. Un apprenti abusé, c'est
toujours une victime de trop. Il est
également important que chaque
adulte en contact avec un tel
apprenti adopte une posture de
respect à son égard. Ainsi, les
choses peuvent s'améliorer tant du
côté du harcèlement que du mob-
bing. Enfin, il est important de
pouvoir identifier les situations
problématiques et de les traiter
sans concession. ■

APPRENTISSAGE Alors qu’une
étude d’Unia révèle qu’un apprenti
sur trois a été victime de harcèle-
ment sexuel au travail, le canton
de Vaud met l’accent sur une plus
grande prévention envers les
jeunes et les entreprises. Entretien
avec Michel Tatti, directeur géné-
ral adjoint à la Direction générale
de l’enseignement postobligatoire


«En cas de harcèlement,

un réseau d’aide existe»

Sion, pionnière de la démocratie participative

Le WWF dénonce l’échec des cantons


dans le domaine de la construction


Les politiques énergétiques des cantons dans le domaine
de la construction sont un échec, a affirmé le WWF mardi
dans un communiqué. Le dernier classement de
l’organisation environnementale n’accorde à aucun canton
la note «responsable». Seul Bâle-Ville obtient un «engagé»,
deuxième note la plus haute. Le troisième groupe, «en
retard», du classement est mené par Genève, Jura, Berne et
Fribourg devant dix autres cantons. Argovie, Nidwald,
Zoug et Schwytz ferment la marche du quatrième et
dernier groupe, dit «bloqué», avec sept autres cantons. ATS

Un voyeur interpellé au Centre

thermal d’Yverdon

Un voyeur a été interpellé en flagrant délit en novembre
dernier au Centre thermal d’Yverdon-les-Bains (VD).
Pendant plusieurs mois, il a filmé, notamment sous l’eau et
dans les vestiaires, des dizaines de femmes fréquentant les
thermes et posté ses vidéos sur internet. Sitôt informée, la
direction a mis en place un dispositif de surveillance
accrue qui lui a permis d’identifier le coupable. ATS

Plus de candidats et plus de femmes
pour représenter la Thurgovie

Pas moins de 135 candidats, dont 59 femmes (43,7%), sur 23
listes briguent les six sièges du canton de Thurgovie pour
l’élection au Conseil national de cet automne. En 2015, il y
avait eu 123 candidats, dont 41 femmes (33,3%), sur 22
listes. Les candidats au Conseil des Etats ont jusqu’au 26
août pour s’annoncer. ATS

Arrêté pour avoir
déposé
une imitation
de bombe
Un Allemand de
31 ans a avoué
avoir fabriqué
l’imitation de
bombe qui a été
trouvée dans un
sac à dos à la
Street Parade
samedi à Zurich.
L’homme a été
arrêté dimanche
soir à son domicile
dans le canton
d’Argovie. Ses
motifs ne sont pas
clairs. ATS

MAIS ENCORE

EN BREF

MICHEL TATTI
DIRECTEUR GÉNÉRAL
ADJOINT
À LA DIRECTION
GÉNÉRALE DE
L’ENSEIGNEMENT
POSTOBLIGATOIRE

«Les volontés

affichées par certains

cantons d’aller plus

vite au détriment

d’une harmonisation

doivent être

abandonnées»
SAMUEL ROHRBACH, PRÉSIDENT DU SYNDICAT
DES ENSEIGNANTS ROMANDS
Free download pdf