Temps - 2019-08-14

(C. Jardin) #1

SERVAN PECA
t @servanpeca


Au Royaume-Uni, les jeux du cirque ont
recommencé. Lors de la première jour-
née de Premier League, le week-end der-
nier, la hiérarchie a été respectée. Les
grands clubs – Manchester City, Liver-
pool, Tottenham – ont gagné. La surprise
de cette reprise, c’est la large victoire de
Manchester United sur Chelsea sur le
score de 4 à 0.
Ce résultat va permettre aux Red Devils
d’améliorer quelque peu l’une de leurs
statistiques. En effet, pour chaque point
qu’il récolte, Manchester United dépense
presque 6 millions de dollars de salaires.
Ce qui en fait le club le plus dépensier de
la ligue, selon un classement établi par
l’agence Sportcal.


«L’argent seul ne fait pas tout»
A l’image des précédentes années,
Manchester United n’est pas parvenu à
se qualifier pour la rémunératrice Ligue
des champions, finissant seulement 6e
de la saison 2018-2019. Le champion en
titre, son voisin de Manchester City, ne
verse lui «que» 3,5 millions de dollars de
salaires par point gagné. Liverpool, deu-
xième, affiche un score de 3,6 millions.
Chelsea, troisième la saison dernière,
4,5 millions. Un constat qui suffit à faire
dire aux auteurs de l’étude que «l’argent
seul ne fait pas tout».
Mais quand même. Ce rapport, édité
mi-juillet, regroupe un nombre impres-
sionnant de chiffres sur la plus opulente
des ligues de football. Celle qui a placé


quatre clubs en quart de finale de la der-
nière Ligue des champions et qui a trusté
le casting de la finale.
La Premier League est aussi celle qui
négocie les plus importants droits TV
(3,7 milliards de dollars cette saison,
contre, par exemple, seulement 50 mil-
lions pour le football suisse). Elle est celle

qui, dans un classement annuel établi
par le cabinet Deloitte, compte cinq
équipes dans le top 10 des clubs les plus
riches du monde.

«Totalement surpeuplé»
La Premier League est à l’image des
clubs qui la composent. Après avoir mis

fin à son partenariat de sponsoring vieux
de quinze ans avec la banque Barclays,
ses dirigeants ont opté pour une nouvelle
stratégie. Désormais, elle compte sept
sponsors pour autant de catégories. Bar-
clays est toujours présente dans la caté-
gorie banque, mais le portefeuille s’est
étoffé avec l’arrivée de Coca-Cola, Nike,

EA Sports, Budweiser ou encore Cadbury.
Ce nouveau système «lui offre plus de
flexibilité et ouvre des nouvelles oppor-
tunités pour les clubs», résument les
experts de Sportcal.

Concrètement, l’agence a dénombré 380
marques (provenant de 46 pays) affiliées
de plus ou moins près au championnat
anglais et à ses clubs. Certaines ont même
misé sur plusieurs lièvres à la fois,
puisque le nombre total de contrats de
sponsoring atteint 450. Le secteur le plus
intéressé par la popularité du foot anglais
est celui des services financiers, avec 65
partenariats. Mais la marque la plus
active est Heineken, avec six contrats. Ce,
alors qu’en 2017 son chef du marketing
Hans Erik Tuijt considérait le football
comme «complètement surpeuplé».
A-t-il été écouté par le milieu? Rien n’est
moins sûr. En moyenne, chaque équipe
de Premier League compte 22,5 sponsors


  • le champion suisse Young Boys en
    dénombre 9. Mais dans cette moyenne
    imparfaite, il y a un champion. Avec 48
    contrats et des revenus de sponsoring de
    324  millions de dollars, Manchester
    United «continue de dominer ses adver-
    saires». Commercialement, du moins. ■


EMMANUEL GARESSUS, ZURICH


t @garessus


Les résultats publiés mardi par
Swiss Life, le numéro un de l’as-
surance vie et le premier proprié-
taire immobilier du pays, confir-
ment la tendance. En cinq ans, la
place financière a profondément
changé ainsi qu’en témoigne la
valeur des sociétés en bourse. Or
«le prix exprimé par la bourse
traduit la réalité et anticipe l’ave-
nir des sociétés cotées. Il dit tout»,
déclare Beat Wittmann, président
et associé de Porta Advisors, un
conseiller en finance.
Aujourd’hui, Zurich Insurance
vaut plus de 52 milliards de francs
en bourse. L’assureur est main-
tenant la plus grande société
financière du pays, après avoir
dépassé UBS (40 milliards). Le
troisième assureur européen
vient de publier son meilleur
résultat semestriel depuis dix ans
alors que la première banque du
pays souffre de son conflit juri-
dique en France et d’une com-
pression des marges.
Pour la troisième place, Swiss
Re (32 milliards) dépasse Credit
Suisse (28 milliards), même si la


banque de Tidjane Thiam a battu
les attentes des analystes au deu-
xième trimestre. Enfin, Bâloise
Assurances vaut davantage que
Julius Baer. A l’évidence, les
banques souffrent des taux néga-
tifs et de la baisse des marges à
un moment où leurs clients
hésitent à investir. Le phéno-
mène est européen. Les deux
tiers des banques ont présenté
un bénéfice intermédiaire supé-
rieur aux attentes, mais depuis
le début de la saison des résultats,
l’indice des banques euro-

péennes a baissé de 10%, selon
une étude de Morgan Stanley. Les
investisseurs se concentrent sur
la tendance à la baisse de la
marge d’intérêts avant toute
chose, indique cette dernière.

Le marché bancaire
est en pleine disruption
Un regard sur la performance
boursière sur cinq ans révèle que
la valeur d’UBS a chuté de 36%
depuis août 2014, celle de Credit
Suisse de 55%, celle de Baer a sta-
gné alors que Swiss Life vaut plus
du double qu’à l’époque, Zurich
Insurance et Swiss Re un tiers de
plus et Bâloise 50% de plus. A plus
court terme, sur un an, le constat
est identique: Swiss Life présente
la meilleure performance du SMI
(+34%), alors que Credit Suisse
(-27%) et UBS (-38%) sont respec-
tivement 18e et 19e de cet indice
comprenant les 20 titres phares
de la bourse suisse.
«Les grandes banques ont été
incapables de s’adapter et de
changer leur modèle et leur
culture ces dernières années»,
indique Marc Possa, associé de
VV Vermögensverwaltung, à
Zoug, et gérant de SaraSelect, un

fonds en actions suisses qui a
gagné 9,8% par an depuis vingt-
trois ans. Pour ce dernier, les
banques sont «en pleine disrup-
tion, en raison de la fintech et de
l’arrivée de nouveaux concur-
rents sur certains segments, à
l’image de Facebook avec la libra»,
note le gérant. Il est aisé pour un
nouvel acteur, à son avis, d’entrer
sur le marché bancaire.

Le contraste est total avec les
assurances. Ce qui les préserve,
selon Marc Possa, c’est leur base
de données importante, néces-
saire à une tarification précise des
risques, ainsi que la réglementa-
tion différente d’un pays à l’autre.
«Les banques ont tardé à tailler
dans leurs coûts et à restructurer,
à l’image d’UBS et de Credit

Suisse. Elles n’ont pas tranché.
Elles maintiennent leurs divisions
de banque d’investissement et
d’asset management par exemple,
même si elles ont un peu limité
leurs ambitions. Et elles vivent
d’espoir», affirme Beat Wittmann.
La performance bancaire du pre-
mier semestre contraste, à son
avis, avec un environnement idéal
dans la mesure où toutes les

classes d’actifs, des actions aux
obligations, se sont appréciées.
«Les cours de bourse montrent
que le marché anticipe la pour-
suite des tendances de fond. Les
perspectives restent mauvaises
pour les banques universelles»,
poursuit Beat Wittmann.
Les seuls instituts qui trouvent
grâce, à son avis, sont ING en

Europe, qui a profondément
ajusté ses structures, et les
banques centrées sur un segment
précis qui profitent d’une réelle
valeur ajoutée auprès de leur
clientèle. En effet, sur cinq ans,
l’action BCV a gagné environ 50%,
et Swissquote 40%. «Certaines
banques locales ont aussi l’avan-
tage d’avoir évité les excès sala-
riaux d’autres instituts», observe
Marc Possa.
«Les assureurs ont été plus
stricts que les banques dans leurs
efforts pour maîtriser les coûts
informatiques et dans le dévelop-
pement de nouveaux métiers,
comme Swiss Life dans la gestion
d’actifs», avance Beat Wittmann.
Au premier semestre, Swiss Life
a enregistré un afflux de nouveaux
capitaux de 6,2 milliards dans les
affaires pour le compte de tiers,
selon les résultats semestriels
publiés mardi. C’est, par exemple,
davantage que les 5,3 milliards de
collecte présentés par Vontobel
au premier semestre. De plus,
selon le financier zurichois, les
assurances n’ont pas eu besoin de
restaurer leurs fonds propres,
alors que les banques ont tardé à
renforcer leur bilan. ■

Manchester United comptabilise 48 partenariats commerciaux et des revenus de sponsoring de 324 millions de dollars. (PHIL NOBLE/REUTERS)

+1,7%

LE TAUX D’INFLATION EN ALLEMAGNE EST BIEN
REMONTÉ EN JUILLET À 1,7% SUR UN AN, SELON
DESTATIS. Les prix des produits alimentaires ont
soutenu cette remontée, passant de +1,2% en juin
à +2,1% en juillet, ce que les observateurs ont
attribué aux conséquences de la sécheresse estivale.

MARIATERESA VACALLI
Nouvelle directrice
générale de la Banque Cler
La Tessinoise de 48 ans
prendra ses fonctions à la
tête de l’établissement aux
mains de la BKB à compter
du 1er septembre. Elle y
remplace Sandra Lienhart
qui se retire de son «propre
gré», selon le communiqué.

Norwegian lâché
par ses B737 MAX
La compagnie à bas
coûts Norwegian
a annoncé mardi la
suspension de tous ses
vols transatlantiques
depuis l’Irlande,
invoquant les déboires
du Boeing 737 MAX.

20


60


100


140


Norwegian Air, cour. norvégiennes


Source: Bloomberg

35,

13.08.18 13.08.

EN DIFFICULTÉ


Les assureurs dament le pion aux banques


MARCHÉS En bourse, Zurich Insurance vaut davantage qu’UBS, Swiss Re que Credit Suisse et Bâloise que Julius Baer.


Sur la place financière, le pouvoir est passé aux assurances et, selon des experts, les tendances ne sont pas près de changer


La Premier League, ce club de riches


SPORT BUSINESS Le championnat
d’Angleterre a repris ses droits ce week-
end. L’occasion pour l’agence Sportcal
de faire le point sur les états financiers
de la plus commercialisée des ligues de
football


SMI
9786,
+0,27%

k

Dollar/franc 0,9747 k

Euro/franc 1,0897 k

Euro Stoxx 50
3357,
+0,92%

k

Euro/dollar 1,1179 l

Livre st./franc 1,1757 k

FTSE 100
7250,
+0,33%

k

Baril Brent/dollar 61,36 k

Once d’or/dollar (^1502) l
Economie&Finance
UNE ASSURANCE EN TÊTE
Source: Bloomberg
Capitalisations boursières des groupes
financiers suisses, en milliards de francs
BC Lucerne
Helvetia
BCV
Julius Baer
Bâloise
Swiss Life
Credit Suisse
Swiss Re
UBS
Zurich Insurance 52,
40,
31,
28,
15,
8,
8,
6,
6,
3,
L’agence Sportcal
a dénombré
380 marques de
46 pays, affiliées de
plus ou moins près
au championnat
anglais et à ses clubs
«Les assureurs ont été plus stricts
que les banques dans leurs efforts pour
maîtriser les coûts informatiques et dans
le développement de nouveaux métiers»
BEAT WITTMANN, PRÉSIDENT ET ASSOCIÉ DE PORTA ADVISORS
MERCREDI 14 AOÛT 2019 LE TEMPS

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