SAMEDI 17 AOÛT 2019 LE TEMPS
Science 15
PASCALINE MINET
t @pascalineminet
Les Dents de la mer (et ses innom-
brables déclinaisons) nous ont
appris à voir dans le requin un
redoutable prédateur ne rechignant
pas à croquer d’innocents baigneurs
lorsque l’occasion se présente. En
réalité, les océans abritent plus de
1000 espèces différentes de requins
et de raies, leurs cousines au sein du
groupe des poissons cartilagineux,
dont la grande majorité sont inof-
fensifs pour l’être humain.
C’est loin d’être réciproque: appré-
ciés pour leurs ailerons et leur chair,
ils font l’objet d’une pêche intensive
qui menace la survie de nombreuses
espèces. Réunis à Genève du 17 au
28 août, les Etats membres de
la Convention sur le commerce
international des espèces de faune
et de flore sauvages menacées d’ex-
tinction (Cites) pourraient décider
de nouvelles mesures destinées à
accroître leur protection.
Plus de la moitié des espèces de
requins et de raies sont menacées
d’extinction, d’après l’Union inter-
nationale pour la conservation de la
nature (UICN). La principale
menace qui pèse sur eux est la sur-
pêche. «La pêche aux requins s’est
fortement intensifiée au cours des
dernières décennies, en particulier
pour suivre la forte demande du
marché asiatique, où la valeur de
l’aileron de requin peut atteindre
1000 dollars le kilo», explique Luke
Warwick, de la Wildlife Conserva-
tion Society, qui s’exprimait jeudi
15 août lors d’une conférence de
presse organisée à Genève. Las, les
requins et raies ont une maturité
tardive et n’ont pas beaucoup de
petits. «Le rythme actuel auquel ils
sont pêchés ne permet pas aux
populations de se reconstituer natu-
rellement», poursuit Luke Warwick.
Depuis 2013, 20 espèces de requins
et de raies – dont des requins-mar-
teaux et des raies manta – ont été
inscrites à l’annexe II de la Cites, ce
qui signifie que leur pêche doit être
régulée et ne pas porter préjudice
aux populations sauvages. Mais les
organisations de protection de la
nature estiment que 80% des
espèces commercialisées pour leurs
ailerons ne bénéficient d’aucune
protection. C’est la raison pour
laquelle 67 Etats membres de la Cites
souhaitent ajouter 18 espèces sup-
plémentaires à l’annexe II de la
Convention, parmi lesquelles la
grande raie-guitare, des raies de la
famille des Rhinidae ou encore le
requin mako. Une proposition qui
sera soumise au vote des délégués
durant la conférence de Genève.
«Ces poissons recherchés ont
connu un déclin drastique de leurs
effectifs. Si rien n’est entrepris, nous
risquons de les voir disparaître», dit
Abba Sonko, délégué à la Cites du
Sénégal, un des pays qui soutiennent
l’inscription. Plusieurs espèces ont
enregistré des réductions de leur
population globale de plus de 70%,
ainsi que des extinctions locales,
font valoir les ONG. «Comme ce sont
des espèces migratrices, il est indis-
pensable que les Etats collaborent.
C’est peine perdue si le Sénégal les
protège, mais que la Mauritanie
continue à les pêcher, par exemple»,
souligne Abba Sonko.
Efficacité
Des représentants des Etats et des
associations l’affirment: une ins-
cription à la Cites ferait la différence
pour les requins mako et raies-gui-
tares. «De nombreux programmes
de protection ont été mis en place
suite aux premières inscriptions de
requins et de raies à l’annexe II de la
Convention», indique Karen Steuer,
du Pew Charitable Trust, une orga-
nisation américaine impliquée dans
la protection des océans. Il n’est
cependant pas garanti que la nou-
velle proposition soit acceptée à
Genève. «Certaines nations de
pêche la soutiennent, mais par le
passé de nombreux pays d’Asie du
Sud-Est se sont opposés à une pro-
tection accrue des raies et des
requins», indique Luke Warwick. La
saveur de leurs ailerons mènera-
t-elle les requins à leur perte? n
La surpêche, un scénario de film
d’horreur pour les requins et les raies
CONSERVATION Les délégués
de la Cites, la Convention sur le
commerce international des
espèces de faune et de flore sau-
vages menacées d’extinction, se
réunissent dès samedi à Genève.
Ils pourraient décider de renforcer
la protection de certaines espèces
de raies et de requins victimes de
la pêche intensive
Climat: les îles du Pacifique
accusent l’Australie
Les dirigeants du Pacifique réunis en
sommet dans l’archipel des Tuvalu ont mis
en garde le monde vendredi sur la menace
climatique, mais leur message a été
largement édulcoré par l’activisme du
très climatosceptique gouvernement
australien. Le sommet annuel du Forum
des îles du Pacifique (FIP) s’est achevé
jeudi soir sur de profonds désaccords
entre Canberra et les 17 autres membres
de l’organisation sur la question
climatique. De nombreuses îles d’Océanie
sont confrontées à une «menace
existentielle» du fait de l’élévation du
niveau des océans, et leurs dirigeants se
sont écharpés avec Canberra en raison
de la passivité de l’Australie, un des plus
gros émetteurs de gaz à effet de serre per
capita. La plupart des leaders du FIP
espéraient lancer au monde un appel à
l’action ambitieux et unitaire à un mois de
l’Assemblée générale des Nations unies,
pour refléter l’urgence de la situation dans
le Pacifique. AFP
Ebola: deux cas et
un décès dans le Sud-Kivu
Deux premières personnes ont été testées
positives au virus Ebola dans la province
du Sud-Kivu, et l’une d’entre elles est
décédée, a annoncé vendredi le
gouvernorat de cette province, la troisième
touchée par l’épidémie qui sévit en
République démocratique du Congo
depuis un an. «Deux cas testés positifs
d’Ebola viennent d’être confirmés dans
la nuit du 15 août au Sud-Kivu, dans le
territoire de Mwenga», indique le
gouvernorat du Sud-Kivu. AFP
Un pas de plus
vers de nouvelles batteries
Des chercheurs de l’Institut Paul Scherrer
(PSI) ont fait un pas de plus dans la quête
d’alternatives aux batteries lithium-ion.
Ils ont réussi à observer avec une précision
inégalée les processus mécaniques qui se
jouent dans les batteries tout solides.
«Si l’on veut continuer à développer les
batteries tout solides, il faut comprendre
les processus électromécaniques qui se
jouent à l’intérieur», explique Xiaohan
Wu, qui a conduit les analyses dans le
cadre de son travail de doctorat au PSI.
Ces résultats sont publiés dans la revue
Advanced Energy Material. Il s’agira
maintenant d’utiliser cette méthode
d’analyse lors d’une nouvelle étape de
recherche. ATS
Un requin mako. L’espèce pourrait être mieux protégée, d’après la Cites. (SHUTTERSTOCK)
EN BREF
Bâle
Lausanne
Sion
Verbier
Locarno
Zurich Saint-Gall
Coire
Saint-Moritz
Genève
La Chaux-de-Fonds Berne
MÉTÉO
Situation générale
aujourd’hui à 13h
LA JOURNÉE S’ANNONCE
CONTRASTÉE avec passablement
de nuages qui masqueront le soleil
sur le nord du Plateau et du Jura,
mais probablement sans précipi-
tations. Ces nuages se feront plus
discrets en allant vers le sud avec
un temps bien ensoleillé du bassin
lémanique aux Alpes. La journée
de dimanche sera ensoleillée et
chaude avec un risque d’orages qui
deviendra marqué en soirée et
dans la nuit, d’abord le long du Jura
puis dans toutes les régions. Le
début de la semaine prochaine
devrait être perturbé.
PRÉVISIONS À CINQ JOURS
DIMANCHE
80 %
LUNDI
70 %
MARDI
60 %
MERCREDI
50 %
JEUDI
40 %
Bassin lémanique,
Plateau romand
et Jura
16° 30° 16° 24° 14° 22° 11° 23° 11° 23°
Limite des chutes de neige –––––
Alpes
vaudoises
et valaisannes
(500 m)
15° 32° 17° 25° 15° 23° 14° 24° 13° 24°
Limite des chutes de neige –––––
Suisse
centrale
et orientale
15° 32° 17° 25° 15° 23° 14° 24° 13° 24°
Limite des chutes de neige –––––
Sud
des Alpes
15° 32° 17° 25° 15° 23° 14° 24° 13° 24°
- de -15°-15 à-10°-10 à -5°-5 à 0° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25°25° et + Limite des chutes de neige –––––
ÉPHÉMÉRIDE
Samedi 17 août 2019
lever: 06h
coucher: 20h
3 minutes de soleil en moins
lever: 21h
coucher: 08h
lune décroissante
taux de remplissage: 96%
10°22°
15°28°
11°21°
14°28°
13°30°
14°25°
11°24°
17°27°
4°20°
14°22°
14°26°
12°23°
Prévisions en Suisse pour le matin et l’après-midi.
Les températures indiquées sont les valeurs minimales (en bleu)
et maximales (en rouge)
MétéoSuisse tél. 0900 162 666
en ligne avec nos météorologues, 24 heures sur 24
(fr. 2.90 la minute)
http://www.MeteoSuisse.ch
Haute
pression
Basse
pression
Front
froid
Front
chaud
Front
occlus
Isobares
(hPa)
H
B
1015
Les délégués des 180 Etats membres de la Convention vont étu-
dier 56 propositions visant à mieux réglementer le commerce des
espèces menacées. Outre les requins, ils auront à s’exprimer sur
le sort d’autres animaux emblématiques.
Les éléphants. Des pays d’Afrique australe réclament un assou-
plissement des règles en vigueur concernant le commerce de
l’ivoire. D’autres pays souhaitent au contraire que toutes les popu-
lations d’éléphants soient transférées à l’annexe I de la Convention,
qui prévoit une protection complète.
Les rhinocéros blancs. Le Swaziland souhaiterait pouvoir vendre
un stock de cornes, un commerce actuellement interdit, alors que
la population de cette espèce a été décimée par la chasse.
Les girafes. Pour la première fois, les délégués vont se pencher
sur le cas des girafes, dont les populations ont décliné de 40% au
cours des trois dernières décennies. n P. M.
Les dossiers sur la table
NÉGOCIATIONS
Amazonie
La Norvège, le
principal bailleur
de fonds pour
la protection
de la forêt
amazonienne, a
annoncé jeudi le
blocage de
30 millions
d’euros de
subventions
destinées au
Brésil, accusé de
ne «plus souhaiter
arrêter la
déforestation».
AFP
MAIS ENCORE