08 FAITS
http://www.dhbe I SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 AOÛT 2019 I LA DERNIÈRE HEURE - LES SPORTS
AGRESSIONS SEXUELLES BELGIQUE
▸ Malgré les différentes campa-
gnes de sensibilisation et les
cellules spécifiques mises sur
pied dans certains événements,
une dizaine de cas d’agressions
sexuelles, dont six se sont con-
clues par un viol, ont été dénon-
cées aux autorités lors des diffé-
rents festivals de l’été.
On avait déjà évoqué les trois
viols au festival de Dour, début
juillet. D’autres ont suivi de-
puis. Notamment aux Lokerse
feest et, plus récemment, au
Qontinent, un festival de musi-
que dance.
Une dizaine de viols commis durant les festivals de l’été
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Les agressions envers les femmes restent
nombreuses malgré la sensibilisation.
Mais cette dizaine de faits
constatés durant les festivals de
l’été ne sont sans doute que la
cime d’une forêt composée de
milliers d’arbres.
COMME LE DÉNONÇAIENT les as-
sociations de luttes contre les
agressions sexuelles envers les
femmes, les attouchements,
mains aux fesses, danses collé-
serré et autres approches con-
senties font partie du quotidien
des festivaliers. Pourtant, ils ne
sont qu’une poignée à oser por-
ter plainte.
En juin dernier, Plan interna-
tional avait mené une étude
auprès de 600 jeunes âgés en-
tre 16 et 24 ans habitués des fes-
tivals. Et près d’un sur dix
avaient indiqué avoir déjà été
victimes de harcèlement sexuel
dans un festival. “Les deux tiers
de ces victimes étaient des filles”,
précisait Jonathan Moskovic,
coordinateur de la campagne
Safestival pour Plan internatio-
nal.
Une victime sur cinq avait ad-
mis ne pas avoir réagi par
crainte des réactions de
l’auteur. Et 40 % des témoins
avaient affirmé s’être éloignés
de la scène d’agression.
Y. N.
LES CONTRAINTES
du procès du 22 mars
(^8) Soucis pratiques des
avocats, respect des droits
de la défense, etc. : Michel
Forges y travaille déjà.
▸ Le ministre de la Justice Koen Geens
l’a annoncé cet été : le procès des atten-
tats du 22 mars se tiendra en 2020 dans
l’ancien quartier général de l’Otan. Le
site fera office de bâtiment judiciaire
pour ce procès historique qui devrait
s’étaler sur plusieurs mois. Le ministre
de la Justice a précisé avoir opté pour
l’ancien site de l’Otan, en raison de la
disponibilité des lieux mais aussi de la
flexibilité des espaces, de leur accessibi-
lité et des possibilités de sécurisation
du site.
La date précise de sa tenue sera fixée
à l’automne, a assuré Koen Geens.
EN ATTENDANT, du côté du barreau
francophone de Bruxelles, on s’organise
déjà. Le bâtonnier Michel Forges, préoc-
cupé par la tenue extraordinaire de ce
procès, a d’ores et déjà entamé plu-
sieurs démarches envers la magistra-
ture afin de mesurer les conséquences
que ce procès hors normes engendrera
sur le reste de l’agenda judiciaire. Un
nombre record d’avocats seront en effet
mobilisés pour ce procès où l’on
compte déjà pas moins de 600 parties
civiles!
“Il aura d’importantes conséquences sur
les autres audiences mais il posera égale-
ment des contraintes pratiques de par sa
tenue hors du palais de justice. Tout procès
qui se déroule hors cadre de justice peut
poser des problèmes au niveau du respect
du travail des avocats, que cela soit sur la
garantie des droits de la défense ou sur les
aspects pratiques”, nous précise le bâ-
tonnier Michel Forges avant de citer
quelques exemples. “Cela va des disponi-
bilités de parking, aux emplacements dans
le bâtiment. Il faudra veiller à ce que cha-
cun puisse trouver ses marques, permettre
aux avocats de disposer de bons outils de
communication et des services habituels,
etc. En tant que bâtonnier, je me dois de
me préoccuper de ces aspects-là aussi.”
N.Ben.
JUSTICE BRUXELLES
Avocats en stage à Bruxelles :
la fin du tourisme
VA SONNER!
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Dès septembre, les conditions d’accès à la profession
en toge noire seront plus strictes. Le bâtonnier
Forges nous livre sa note de rentrée.
▸ La formation d’avocat va subir d’impor-
tants changements dans les prochains
mois. Et c’est le plus grand barreau du
Royaume, celui de Bruxelles, qui ouvrira
le bal dès septembre avant une générali-
sation prévue pour novembre ailleurs
dans le pays. Concrètement, les nouvelles
conditions ont pour but d’améliorer et
d’uniformiser la formation des jeunes
avocats, mais elles auront sans doute
pour effet de restreindre l’accès à la pro-
fession. “Ce sera la fin du tourisme de cer-
tains !”, caricature le bâtonnier Michel
Forges, à la tête du barreau francophone
de Bruxelles. “Il faudra obtenir le certificat
d’aptitude à la profession (le capa,
qui existe déjà, mais dont les
conditions changent) ainsi
qu’un certificat de formation dans le respect
de conditions strictes dont une session
d’examens à réussir préalablement. Une se-
conde session sera prévue mais en cas
d’échec, le stage ne pourra pas se poursui-
vre. Nous sommes le seul barreau du pays à
accepter encore autant de stagiaires, près de
300 par an. On se réjouit de la revitalisation
du processus. Surtout lorsque l’on sait que la
moitié de ces stagiaires quitte le barreau par
la suite ou s’inscrit faute d’avoir trouvé
mieux”, précise le bâtonnier qui compte
réunir les maîtres de stage, les avocats
professionnels chevronnés donc, dès la
rentrée, afin de les briefer à leur tour sur
la portée de la réforme et les améliora-
tions nécessaires. “Il n’est plus question
d’exploiter les stagiaires sous prétexte qu’ils
sont rémunérés selon un barème minimum.
Les maîtres de stage doivent remplir correc-
tement leur rôle ou y renoncer.”
LUTTER CONTRE
LE HARCÈLEMENT
Dans sa note de rentrée, le bâtonnier Mi-
chel Forges attire également l’atten-
tion sur le harcèlement au sein de
la profession. “Des mesures ont
été prises après que quelques cas
de harcèlement, dont un sexuel,
m’ont été rapportés par des sta-
giaires. Un réseau relais, com-
posé notamment de consœurs
pour en parler doit venir complé-
ter la mise en place d’une cellule ad
hoc, et je compte bien poursuivre le
travail afin de faire face à ce problème qui
n’est pas de grande ampleur mais qui existe
néanmoins chez nous comme ailleurs.”
UNE ÉCOLE DE
FORMATION À LA MÉDIATION
Parmi les autres projets, une école de for-
mation à la médiation pourrait égale-
ment voir le jour à Bruxelles. “Nous dispo-
sons du plus grand bureau d’aide juridique
du pays et c’est aussi à Bruxelles que les de-
mandes de médiation sont les plus nom-
breuses. Il faut favoriser le développement
de ce mode alternatif de règlement des con-
flits”, poursuit Michel Forges dont certai-
nes activités de l’Ordre pourraient à
terme déménager du palais de justice de
Bruxelles. “Le projet d’acquisition d’un bâti-
ment qui nous serait propre et qui permet-
trait l’ouverture d’une maison de l’avocat est
bien avancé. Nous espérons le concrétiser
dans les mois qui viennent”, ajoute le bâ-
tonnier avant de nous parler de l’une de
ses préoccupations de la rentrée : celle de
la tenue du procès des attentats de
Bruxelles en dehors du palais de justice
(voir détails ci-dessous).
Nawal Bensalem
: Le bâtonnier Michel Forges est à la tête de l’Ordre francophone du plus grand barreau
du pays, celui de Bruxelles. Il nous livre ses objectifs pour la rentrée. © FLEMAL
“Il n’est
plus question
d’exploiter les
stagiaires.”