C
omme chaque été, Vendôme vit au
rythme des “Promenades photogra-
phique”, un festival qui cette année
propose vingt-quatre expositions répar-
ties sur neuf sites. Profitez bien de cette
15 e édition (elle se termine le 1erseptem-
bre) car il n'est pas évident que les
“Promenades” aient lieu l'an prochain.
Principal lieu d'exposition, le Manège
Rochambeau accueille à lui seul deux tiers
des artistes exposés... difficile de faire
sans lui. C'est pourtant ce que prévoit la
DRAC (Direction régionale des affaires
culturelles) qui a annoncé qu'en 2020 elle
comptait utiliser le Manège pour d'autres
activités que les “Promenades”.
Les organisateurs sont amers. Le bâtiment
appartient à l'État, la Drac est donc libre
de l'utiliser comme elle l'entend, mais
priver les “Promenades” du Manège c'est
condamner le festival à disparaître
puisque la plupart des expositions ne
pourraient avoir lieu.
Or, c'est grâce aux “Promenades” que le
Manège Rochambeau, hier à l'abandon,
est devenu un lieu d'exposition vivant et
fréquenté. Ce sont elles qui l'ont sorti de
l'oubli et fait renaître.
Reprendre ce lieu montre le peu de
reconnaissance de la DRAC pour le travail
effectué par les “Promenades” et, en
corollaire, son peu d'estime pour la
photographie. Sur ce point, le courrier en-
voyé par le directeur régional des affaires
culturelles à Frédéric Pasco, le président
de l’association “Promenades photogra-
phiques”, est instructif: "Je ne peux
m’engager à mettre à disposition [le ManègeRochambeau] à partir de 2020. Il est en effet
fort probable qu’à partir de cette date, l’espace
soit réservé à de nouveaux usages que je consi-
dère comme prioritaires. [...] Au sein d’un
pôle dédié à l’image, le manège Rochambeau
aura dorénavant pour vocation d’accueillir
des projets artistiques et culturels qui présen-
teront la diversité de l’art contemporain."
Un esprit naïf s’étonnera que les “Prome-
nades” ne soient pas une priorité : en 2018,
l'événement a drainé 82 000 visiteurs et il
est salué partout comme un festival ma-
jeur. La programmation, variée, montre à
la fois des photographes de grande noto-
riété et des artistes émergents, et elle s'ac-
compagne d'actions pédagogiques.
Un esprit tordu se dira que la carrière
d'un directeur régional tire peu de béné-
fices à soutenir (35000 € de subvention)
une manifestation qui existe déjà, alors
qu'en créant un nouvel événement il mon-
tre combien il est actif et dynamique...
Avec un peu de chance, il peut même faire
se déplacer son ministre de tutelle.
"Il est en effet fort probable...", écrit-il dans
sa lettre. Il serait judicieux que ce "fort
probable" ne se concrétise pas, il serait
même logique que la DRAC propose une
convention pluriannuelle pour pérenniser,
sur le long terme, l'utilisation du Manège
par les “Promenades”. Aider le monde
culturel est un peu sa vocation.
Il y a 150 ans les jurys des Salons
décidaient de ce qui relevait de l’Art et
de ce qui n'en était pas, cette époque n'est,
semble-t-il, pas totalement révolue. L'art
officiel a ses priorités et la photographie
ne semble pas en faire partie.L’TUAC
12 CI 414 - Août-septembre 2019
VENDÔME : LES PROMENADES MENACÉES
Mathieu Pernot,
lauréat du Prix HCB
Déjà auréolé du Prix Nadar en 2013 et
du Prix Niépce en 2014, Mathieu Pernot
vient de recevoir le Prix HCB. Cette
récompense, décernée par la Fondation
Henri Cartier-Bresson, est une aide à la
création qui permet à un photographe
confirmé de réaliser ou de poursuivre
un projet qu’il ne pourrait mener à bien
sans ce soutien. Intitulé “Le Grand
Tour”, le projet de Mathieu Pernot doit
l’emmener aux sources de son histoire
familiale. Les villes détruites par la
guerre au cours de la dernière décennie
seront au cœur de ce voyage qui
commencera à Tripoli, ville de
naissance de son père. Ce travail don-
nera lieu à une exposition et un livre au
printemps 2021 à la Fondation HCB.
Pour en savoir un peu plus sur le par-
cours de Mathieu Pernot, on vous invite
à relire l’interview qu’il nous avait ac-
cordée en juin 2018 (CI n°404), à l’occa-
sion de l’exposition “Mondes tsiganes”.HiP, un nouveau Prix
pour les livres photo
L’association Histoires Photogra-
phiques, en association avec le Salon de
la Photo de Paris, lance un appel à
candidature pour les premiers Prix HiP.
L’ambition des organisateurs est de
“distinguer chaque année les auteurs
francophones d’ouvrages photogra-
phiques édités et autoédités ainsi que
les éditeurs de livres de photographie.”
Onze catégories thématiques ont été
créées (pour autant de prix). Les édi-
teurs et les auteurs peuvent soumettre
leur production jusqu’au 4 octobre.
Le livre proposé doit avoir été tiré à 200
exemplaires au minimum et sa date de
parution doit se situer entre le 1erocto-
bre 2017 et le 30 septembre 2019. Par
ailleurs, la langue française doit être la
langue originelle du livre. La cérémonie
de remise des prix se déroulera le 7 no-
vembre prochain, Porte de Versailles, à
l’occasion du Salon de la Photo.
Règlement, composition du Jury et mo-
dalités d’envoi sur http://www.prixhip.com.CULTURE
Le Manège Rochambeau
le 21 juin dernier, lors du
vernissage des “15ePromenades
photographiques” de Vendôme.