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la concentration. Finir par se dire: “il va se
passer ça” pour être au bon endroit quand
ça arrivera. Et puis être opportuniste: avoir
des idées de photos en tête tout en étant
réceptif à une image que l’on n’avait pas
imaginée et qui peut surgir.
Êtes-vous assignée à un domaine en parti-
culier au sein de l’agence?
On fonctionne par services et par bureaux.
Il en existe dans le monde entier, organisés
en rédactions avec un rédacteur en chef,
des rédacteurs, des photographes, des
vidéastes. En photo, on est tous généra-
listes, tous amenés à couvrir tous types de
sujets susceptibles d’intéresser les jour-
naux. À Paris, il y a quelques postes spéci-
fiques pour lesquels les photographes pos-
tulent pour un temps donné, notamment
deux postes au sport, où je suis actuelle-
ment. Mais s’ils ont besoin de renfort sur le
général, je peux basculer sans problème. La
plupart des photographes à l’AFP ne sont
pas affectés à une rubrique fixe. Au quoti-
dien, on arrive le matin, on lit les journaux,
on regarde quels sont les sujets qui tom-
bent sous le sens et ceux qui sont moins évi-
dents, puis on en discute avec la rédaction
en chef, comme dans toutes les rédactions.
Ressent-on moins de pression à travailler
pour une agence télégraphique, sachant
que les médias iront y piocher en priorité?
La pression est là quoi qu’il arrive parce
qu’on entre en concurrence avec les
autres agences. Et ça, c’est palpable sur le
terrain. Toutes les agences télégraphiques
ont des photographes sur les événements
majeurs et fonctionnent de manière
concurrentielle. Le client peut décider de
se servir chez l’une ou chez l’autre, et le
lendemain dans les journaux, ça se voit si
vous avez été efficace. L’enjeu est perma-
nent. La sanction tombe vite. Il faut donner
le meilleur de soi-même ne serait-ce que
par rapport à ça.
De quelle nature sont vos relations avec les
photographes indépendants?
Sur le terrain, c’est plutôt cordial. L’enjeu
n’est pas le même. On ne recherche pas for-
cément la même chose. On n’a pas le
même type de client. Un photographe
indépendant aura une autre liberté, pour
autant je ne considère pas que l’on manque
de liberté. Il faut fournir un certain nombre
d’images “classiques” mais il existe aussi un
espace pour fournir des images différentes.
Quelle est la part d’”auteurisme” autorisée
dans votre pratique?
Je pense qu’elle existe. À une autre époque,
les supports de diffusion photo étaient
moins larges. Jusque dans les années 1990,
les agences télégraphiques fournissaient
pour un même événement entre cinq et dix
photos. Il fallait illustrer une information en
peu d’images, ce qui nous laissait peu d’es-
pace pour proposer des photos “diffé-
rentes”. Sur ce point, le numérique a ouvert
le champ des possibles, parce qu’on a pu
essayer des choses dans l’instant sans pren-
dre de risques. Les supports Internet font
que l’on fournit un plus grand nombre
d’images et toutes les agences sont logées
à la même enseigne. Elles sont tenues de
fournir du factuel mais autorisent aussi les
photographes à porter un regard plus per-
sonnel, ce qui a pour effet d’enrichir leur
offre. La concurrence se situe désormais sur
la rapidité certes mais aussi sur la qualité et
la capacité à fournir une image différente.
N’est-ce pas délicat de se frotter constam-
ment à des thématiques différentes?
Chaque sujet à sa spécificité et il y a tou-
jours une manière “agencière” d’aborder la