Chassimages.c m - CI 414 51
Prtfoli
chose. Il ne faut pas rater l’événement dans
l’événement. Ne jamais perdre de vue qu’on
est journaliste. Il faut être là au bon moment
quel que soit le sujet. Cette demande de
polyvalence, c’est ce que je trouve merveil-
leux à l’agence. C’est d’une richesse incroya-
ble. Peu importe le sujet, on fait toujours de
la photographie. En sport, il m’arrive de cou-
vrir des disciplines que je n’ai jamais photo-
graphiées auparavant, il faut que je sorte
une image malgré tout. L’important, c’est de
ne pas tomber dans la routine, sans cesse se
renouveler, chercher constamment de nou-
veaux angles, de nouvelles manières de
photographier, changer de focale, rester
curieuse.
Qui s’occupe d’éditer vos sujets?
Globalement, c’est nous qui éditons nos
photos, qui les recadrons si besoin et qui les
légendons. Et sur certains sujets, pour être
plus rapides en fonction des heures de dif-
fusions des images, il existe un vrai travail
d’équipe avec des éditeurs. Mais même
quand ils s’en occupent, ce sont les photo-
graphes qui envoient les photos depuis leur
boîtier. Celles qui ne sont pas envoyées
n’existent pas par définition. Dans le cadre
d’événements spécifiques comme la mon-
tée des marches à Cannes, il se passe beau-
coup de choses; les photographes n’ont
pas le temps de choisir les photos. Elles
sont envoyées en direct aux éditeurs grâce
aux boîtiers câblés, là ce sont eux qui choi-
sissent tout. Idem pour certaines compéti-
tions sportives. Dans les événements sou-
dains, comme l’incendie de Notre-Dame,
les photographes font du “tag and send” : ils
envoient les photos et les éditeurs les trai-
tent. On a un devoir de rapidité avant tout.
Comment voyez-vous l’avenir des agences
télégraphiques?
Je pense qu’elles ont plus que jamais leur
utilité parce qu’elles sont garantes d’une
information vérifiée et sûre avec des images
non trafiquées. Ce dont on a énormément
besoin à l’heure actuelle. Tant que l’on aura
des agences de presse auxquelles on peut
faire confiance, on se dit que l’information
aura encore un sens. Nous sommes les
garants de l’objectivité des événements qui
se déroulent au jour le jour. C’est essentiel.
Tout découle d’une certaine intégrité et
d’une déontologie. Que les gens n’aient pas
à mettre en doute notre neutralité.
N’êtes-vous pas tentée par le reportage
sur la durée?
Oui, mais ça ne me taraude pas non plus. Je
me retrouve bien dans le rythme d’une
actualité changeante. Je pense qu’il y a
aussi énormément de plaisir à traiter un
sujet au long cours. L’agence m’a déjà
envoyée sur des sujets auxquels je devais
consacrer une semaine parfois. Avoir plus
de temps, ça permet de trouver d’autres
images. Mais l’actu me manquerait au bout
d’un moment. L’un n’empêche pas l’autre de
toute manière. Je pense que c’est une
chance de vivre l’événement en direct. C’est
ce que j’ai trouvé fascinant quand j’ai com-
mencé, et ça continue.
Propos recueillis
par Frédéric Polvet
Anne-Christine Poujoulat est l’une
des 14 photographes retenues pour la
2 eédition du festival “Les Femmes
s’exposent”, qui se tient à Houlgate
(Calvados) jusqu’au 31 août.