Version Femina N°905 Du 4 Août 2019

(Amelia) #1

Valérie, 50 ans, Montreuil
« Il m’a réconciliée avec
les blouses blanches »
C’était ma première mammo et j’étais pleine
d’appréhension, d’autant que ma sœur était
atteinte d’un cancer du sein. Dès les clichés
réalisés, la technicienne m’invite à patienter, sans aucune explication. Seule, seins
nus, je ressens alors une profonde vulnérabilité. Le stress monte... Quand un
médecin entre enfin, sans un bonjour ni un regard, j’explose! « Vous ne vous ren-
dez pas compte. Cette attente est horrible », lui dis-je en hurlant. L’histoire débute
mal, mais il ne réagit guère mieux : « Qu’est-ce qui vous met dans cet état? Vous
avez de la chance. Vous, vous n’avez pas de cancer », m’assène-t-il. Incrédule, je suis
déterminée à ne lui accorder ma confiance que lorsque l’échographie qu’il s’apprête
à pratiquer sera terminée. Au fil de l’examen, je découvre un médecin à la fois
compétent et sincèrement investi dans son métier. Derrière son sourire se lit beau-
coup de bienveillance. Et puis, cette phrase réconfortante : « C’est parfait. Vous avez
des seins de jeune fille. » Pour moi, ça voulait dire, ils sont jolis, ils tiennent bien.
Et surtout, ils ne sont pas malades. « Je vous embrasserais presque! » ai-je répondu
dans un soulagement. Plus tard, en me remettant le compte rendu, c’est lui qui m’a
embrassée! « Si vous venez me voir tous les 12 à 18 mois, je ne vous annoncerai
jamais rien de grave », m’a-t-il assuré. Cette bise a marqué le début de ma réconci-
liation avec les blouses blanches. Depuis, je me fais suivre régulièrement.


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Cela arrive
aussi...
Claire, 49 ans, Paris
« Il m’a méprisée »
Deux semaines après un
accouchement difficile, on m’a
adressée à un spécialiste de
l’hypertension. J’avais pris
23 kilos pendant la grossesse.
Je me sentais laide, triste,
épuisée. « D’après vous, combien
de kilos devez-vous perdre? »,
me demande ledit médecin.
« Si, dans un premier temps, j’en
perds quinze, ce serait bien »,
ai-je répondu. Et là, sur un ton
suffisant, il me lance : « Mais
bien plus, Madame. Beaucoup
plus! » Longtemps, j’ai senti mon
image intérieure affectée par
son rire moqueur.

Paul, 41 ans, Lyon
« Il a suscité une vocation »

J’avais entre 6 et 10 ans. Le mercredi, j’étais souvent fourré chez Fred et son frère,
mes copains. Leur père, généraliste, exerçait dans l’appartement familial. Nous
étions tenus de rester sages pour ne pas déranger les patients mais, à notre âge,
jouer en silence relevait du défi. Je me souviens d’un circuit à billes collé contre
le mur mitoyen de la salle d’attente. Ça faisait un boucan d’enfer! Quand c’était
trop insupportable, on entendait les pas du père résonner dans le couloir. Il
déboulait dans la chambre, rouge et furieux. La première fois, ça m’a impres-
sionné. Mais, très vite, derrière cet air sévère, j’ai décelé un visage affectueux.
En réalité, je l’aimais bien. Quand j’étais malade, je me sentais un peu privilégié
pendant qu’il m’examinait comme il l’aurait fait pour ses fils. Il y avait là, dans
cette relation particulière, quelque chose
d’important pour moi... J’ai grandi avec le
souvenir puissant de cette figure paternelle
bienveillante. Aujourd’hui, je suis médecin
à mon tour. Nul doute qu’il m’a influencé.


Georgette, 77 ans, Grasse
« J’en étais dingue »

Il a réveillé mes premiers émois amoureux.
Il était beau, distingué, et dégageait un véri-
table magnétisme. Je faisais exprès d’exagérer
mes troubles, juste pour le voir. Dans la
famille, on se fichait de moi, car on avait
compris mon manège. Presque soixante ans
plus tard, j’ai l’impression que je pourrais
le reconnaître entre mille.

Humberto, 32 ans, Metz
« C’est une mère
pour nous »
Mon fils est né avec une cataracte
congénitale. A 4 ans, il était presque
aveugle. Originaires d’Angola, nous
sommes arrivés en France avec une
demande d’asile. Sans papiers et
surtout sans protection sociale,
nous étions en situation de grande
précarité. Dans notre situation,
seule la Pass (permanence d’accès
aux soins de santé) a pu nous offrir
une prise en charge médicale. Le
docteur que nous avons rencontré
a été formidable. Elle s’est démenée
pour que mon fils se fasse opérer,
seule solution pour qu’il récupère
un peu d’acuité visuelle. Ce soir-là,
après cette première consultation,
nous nous apprêtions à dormir
dehors. Elle nous a alors ouvert
grand les portes de son cœur en
nous accueillant chez elle le temps
d’obtenir un hébergement d’ur-
gence. Quelques jours plus tard,
elle nous a accompagnés en per-
sonne à l’hôpital. Si, aujourd’hui,
il voit mieux, c’est grâce à elle.
Depuis, nous avons tissé des liens
forts et mon fils y reste très attaché.
C’est un peu sa tata.

Amandine, 22 ans, Toulouse
« Il m’a prise
au sérieux »

Il a fallu que je déménage pour
qu’enfin le diagnostic de sclérose en
plaques soit posé. J’avais perdu trois
ans. Trois années durant lesquelles
mon ex-généraliste me prescrivait
des anti-inflammatoires et minimi-
sait mes souffrances. A l’inverse,
dans la nouvelle ville où je me suis
installée, le médecin s’est montré
attentif. Mes pertes d’équilibre,
migraines, paralysie de la jambe et
arrêt brutal du sport l’ont alerté. Il
a réuni une équipe pluridisciplinaire
et m’a prescrit une IRM en urgence.
En quinze jours seulement, il a
trouvé l’origine de mes troubles.
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