Version Femina N°905 Du 4 Août 2019

(Amelia) #1
version femina

ROMAN OSADCHYI/ISTOCKPHOTO/GETTY IMAGES

Bien-être


L


’institut Kantar Worldpanel vient
de regarder de près l’assiette des
Français en analysant chaque
semaine les habitudes alimentaires de
530 personnes. Verdict : oui, les femmes
mangent plus de légumes frais ; les
hommes davantage de pain, de fromage.
Côté viande, on trouve des amateurs
dans les deux camps, mais pas pour les
mêmes morceaux ni dans les mêmes
proportions. Les femmes se dirigent vers
du plus tendre et moins de matières
grasses avec une forte appétence pour
les goûts neutres (poisson, volaille, jam-
bon, veau, œuf ), alors que les hommes
sont amateurs de pièces brutes et de
goûts plus prononcés (côte de bœuf,
entrecôte, gibier...). Par ailleurs, ces
messieurs consomment plus de viande
et plus souvent. « Mais cela est surtout
vrai chez les célibataires et les plus jeunes
car, en famille, repas commun oblige, les
consommations se rapprochent »,
constate Marie Tréguer*, responsable du
développement chez Kantar Worldpa-

L’assiette a-t-elle


un genre?


Les hommes aiment la viande, les femmes les légumes...
Les stéréotypes sur l’alimentation ne manquent pas. Vrai ou faux?

nel. Chose amusante, dans les premiers
temps d’un mariage, les femmes ont ten-
dance à grossir et les hommes à maigrir.
Pourquoi ça? Ils mixent les régimes,
répond la diététicienne Nathalie Négro,
qui dirige le centre nutritionnel des
thermes de Brides-les-Bains : « L’homme
se met à manger plus de
légumes et de fruits, et la
femme plus de fromage et
de viande. » Et, de manière
générale, madame se
montre plus sensible aux
arguments nutritionnels.

Les hommes
doivent finir
leur assiette...
« Nos goûts ne sont pas
fixés par le cerveau mais
par l’apprentissage et la
culture », assure la neuro-
biologiste Catherine
Vidal*. Aux hommes,
donc, les morceaux nobles

Thé ou café?
Les deux boissons, dès leur
introduction en France au
xviie siècle, n’ont pas suscité
le même engouement
auprès des deux sexes.
Le thé a été facilement
adopté par les femmes,
car considéré comme plus
raffiné, alors que le café,
noir et « viril », a séduit les
hommes. Et aujourd’hui,
ces habitudes perdurent,
même si – heureusement –
il y a des buveurs de thé et
des amatrices de café!

* Expertes invitées par Charal
en janvier dernier pour débattre
de l’alimentation et du genre.

et les graisses pourvoyeuses d’énergie.
Pas besoin de sortir de l’ENA pour
décrypter cela, l’homme a eu besoin
d’aliments qui assuraient sa domination
sociale (la force, donc), la femme d’ali-
ments qui la cantonnaient à son rôle
dans la société (la faiblesse ou la soumis-
sion). Ce que confirme la psychologue
et psychanalyste Caroline Weill* : « Dès
le plus jeune âge, on apprend aux jeunes
femmes à se montrer délicates pour
mieux séduire, elles sont plus éduquées
à la frustration. Les hommes, eux,
doivent finir leur assiette, manger plus,
et du solide. » Ainsi, si la femme se
tourne plus volontiers vers les végétaux,
la volaille et le lait, ce n’est pas un hasard!
« Les couleurs verte et blanche sont syno-
nymes de vie et de pureté, symboles
féminins de la procréation », analyse
Nathalie Négro.

Des besoins spécifiques
Peu importe le sexe, le Programme
national nutrition santé ne fait pas de
différences dans ses recommandations.
Mais les besoins nutritionnels peuvent
varier en fonction de l’âge et de la période
physiologique traversée par la femme.
Pendant la grossesse et l’allaitement, ils
sont plus importants en protéines, supé-
rieurs de 20 à 30 g par jour à ceux des
hommes. « Par ailleurs, les femmes ont
des besoins en micronutriments essen-
tiels (tels que le fer, le zinc, les vita-
mines A, B9, B12) supérieurs à ceux de
leurs compagnons dès lors qu’elles
deviennent en âge de pro-
créer, assure Sylvie Aval-
lone*, professeure de
nutrition et sciences des
aliments à Montpellier
SupAgro. Elles ont notam-
ment un besoin en fer
supérieur de 45 % à celui
des hommes (16 mg de fer
par jour contre 11 mg). »
Elles sont donc davantage
exposées à des risques
d’anémie. En cause, leur
consommation insuffi-
sante... de viande rouge!

Par Rica Etienne
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