LORRAINE
L'OCCASION MANQUÉE
DE
PATTONLa progression en deux colonnes est aussi abandonnée
au profit d’un front très large ; le XXXXVII. Panzerkorps
a pour mission de traverser l’Our puis de s’emparer du
carrefour de Bastogne tandis que le LVIII. Panzerkorps
devra se charger de l’établissement d’une tête de pont
sur la Meuse près de Namur. Quand ces objectifs seront
atteints, la progression pourra se faire plus aisément. Les
Allemands n’ont pas droit à l’erreur car ils ne disposent
que de peu de renforts – la Panzer-Lehr-Division et la
Führer-Begleit-Brigade – et deux divisions pour couvrir
le flanc gauche du Prussien.
À partir du 5 décembre, les Allemands débutent leurs
préparatifs. L’attaque en elle-même démarre le 16 avec
un barrage d’artillerie qui surprend les unités américaines.
Les premières heures sont sous le sceau du succès
puisque Saint-Vith est bientôt atteint tandis que les
Américains y laissent des hommes, encerclés. Le secteur
de Clervaux est le seul à résister vraiment ; même si les
Américains replient, ils le font en infligeant de lourdes
pertes aux assaillants. Au 18 décembre, Manteuffel
dresse un bilan mitigé, puisque Saint-Vith est toujours
entre les mains des Américains qui se ressaisissent au
nord du Luxembourg, à Clervaux. Il faudra attendre
encore trois jours pour que Saint-Vith ne tombe, faisant
disparaître l’effet de surprise escompté par Manteuffel.
Pis, ses unités commencent à manquer de munitions
et de carburant, l’obligeant encore à repousser sa pro-
gression vers Bastogne... Le 22 décembre, les unités de
Manteuffel se heurtent aux troupes américaines main-
tenant prévenues et bien préparées. Même si Bastogne
est encerclée, elle est loin de tomber, et la Meuse, bien
qu’à portée de main des Allemands, est bien protégée
par la 2nd Armored Division... L’enchaînement d’échecs
pousse les commandants allemands à se mettre sur
la défensive après Noël ; ces derniers voient, horri-
fiés, la 4th AD de Patton remontant de Lorraine les
contre-attaquer de plein fouet. Au début du mois de
janvier, les Alliés contre-attaquent depuis Hotton, for-
çant Manteuffel à se replier derrière sa ligne de départ.
Pour ses actions dans les Ardennes, Manteuffel va alors
recevoir les diamants.RETOUR À L’EST
À l’est, les Soviétiques progressent toujours aussi vite, bousculant les maigres
tentatives allemandes de tenir la ligne défensive. La 3. Panzerarmee, à la tête
de laquelle Hitler place Manteuffel le 10 mars 1945, parvient à se stabiliser le
long de l’Oder... pour recevoir l’ordre d’attaquer. Impossible pour le Prussien
qui n’a déjà pas assez de matériel pour la défensive. Une attaque soviétique le
14 mars est repoussée de justesse, mais Hitler décide de retirer des moyens
à Manteuffel pour équiper la 9. Armee près de Küstrin. Deux jours plus tard,
Manteuffel tire un rapport catastrophique : après les attaques soviétiques, ses
unités sont réduites à quelques hommes et certaines n’existent que sur le papier.
Il fait évacuer la tête de pont de l’Oder le 20 mars puis fait sauter les ponts...
Manteuffel laisse 58 000 hommes sur le terrain. Devant la puissance et le nombre
des Soviétiques, le Prussien ne peut rien faire et doit subir une nouvelle attaque
en règle un mois plus tard. Les faibles lignes de défense sont anéanties en un
rien de temps par l’artillerie et l’aviation soviétiques, tandis que les fantassins
parviennent à capturer une tête de pont à Wilhelmshöhe. Faisant feu de tout
bois, Manteuffel jette ses maigres réserves dans la bataille et une vingtaine de
contre-attaques permettent de réduire drastiquement la taille de la tête de pont. Les
jours suivants, des contre-attaques vont se succéder mais toutes vont échouer. La place du carré à
Bastogne , grouillant de
civils en fuite et de soldats
américains. La Jeep de
gauche a bénéficié d'un
pare-brise surblindé,
montage très certainement
réalisé par l'équipage. Passé le choc initial, la
bataille des Ardennes va
tourner au carnage pour
une Wehrmacht épuisée et
aux abois. Même le talent
d'un Manteuffel ne peut
résoudre une situation si
catastrophique avec une
armée de moins en moins
entraînée et surtout des
pénuries en cascade.