LORRAINE
L'OCCASION MANQUÉE
DE
PATTONPendant trois heures, les hommes vont se tailler un chemin à travers les contre-at-
taques allemandes, et la cruauté est à son comble : les infirmiers sont pris pour
cible par les SS qui les abattent parfois à bout portant [3]. Peu avant minuit, les GIs
sur la rive orientale de la Moselle installent leurs positions défensives en forme
de « U » - les Américains diront en forme de fer à cheval – afin de résister aux
attaques allemandes.
À quelques kilomètres au sud, à Arnaville, le général Irwin décide d’envoyer le
10th IR afin de tenter une autre traversée de la Moselle. Cette fois, le franchis -
sement est bien mieux préparé : l’artillerie fait ses repérages la veille, des Tank
Destroyers sont placés sur la rive « amie », et la 84th Smoke Generating Company
prend ses quartiers non loin. Cette unité est bien particulière puisque son rôle est
de générer des écrans de fumée afin de cacher la traversée aux observateurs
d’artillerie du fort Driant.
À 07h20, les Américains traversent la Moselle entre Novéant et Arnaville et
surprennent totalement les défenseurs. La colline 386 est prise à la baïonnette
par le 1st Battalion du 10th IR, et la colline 370 sur sa gauche est capturée de
la même manière par le 2nd Battalion. Mais peu de temps après, des SS de la
« Götz von Berlichingen » stationnés au village d’Arry lancent une contre-attaque
et frappent les deux compagnies sur leur flanc droit. Mal préparés, les GIs résistent
et parviennent à mettre hors combat plusieurs blindés puis à disperser les SS ;
une seconde attaque a lieu vers midi, et le 1st Battalion est obligé de lâcher prise.
Là encore, c’est l’intervention de l’artillerie américaine et des P-47 qui arrête la
progression des Allemands.
En effet, ce ne sont pas moins de treize bataillons d’artillerie américains qui ont
été amenés et qui peuvent soutenir de leurs feux la tête de pont d’Arnaville! Mais
aux alentours de 10h, le vent se lève et chasse le brouillard artificiel... permettant
à l’artillerie allemande d’aligner ses tirs sur la rive contrôlée par les Américains
et semant la panique chez les servants de la 84th Smoke Generating Company.Dans la nuit du 10 au 11 septembre, les Américains
tentent de lancer un pont sur la Moselle. En même
temps, un ferry transporte sur la rive opposée une sec-
tion de générateurs de fumée ainsi que les canons anti-
char de 57 mm du bataillon et des munitions. Seul un
triste convoi va dans l’autre sens : 142 GIs, morts ou
blessés, sont évacués de la tête de pont. Celle de Dornot
est évacuée – de toute façon, tous les hommes qui s’y
trouvent sont blessés – après avoir résisté à 36 assauts
allemands en quelques jours. Les SS face à la tête de
pont de Dornot ont eu la surprise de voir arriver vers eux
un soldat américain porteur d’un drapeau blanc, mais
ce dernier n’est pas venu pour annoncer la reddition de
la tête de pont... C’est incrédules que les AllemandsSd. Kfz. 251/9 « Stummel »
- SS-Panzergrenadier-Division « Götz von Berlichingen »
Wehrmacht
Secteur de Dornot, 10 septembre 1944
[3] Cole (H.), The Lorraine Campaign, p.150,
Whitman Publishing, 2012.Les deux photos de cette page
Les GIs de la 5th ID traînent un canot (frêle esquif !) vers la
Moselle avec tout leur matériel dans le secteur de Dornot et
d'Arnaville (à gauche) tandis que leurs camarades investissent
le premier village(en bas), qui va être transformé en point
de lancement de toutes les tentatives de traversée du fleuve
dans la deuxième semaine du mois de septembbre 1944.