CHAPITRE 2
AVANCER
XX CORPS À TOUT PRIX
DEUXIÈME LE
PARTIE
LE RETOUR DES PÉNURIES
Si le ravitaillement en carburant est revenu à la normale, celui
en munitions ne suit toujours pas pour le XX Corps, dont
l’artillerie a consommé presque 20 000 obus par jour depuis
le 8 septembre. Cela se traduit par des tensions sur le terrain
avec les GIs qui ont passé la Moselle : ces derniers se voient
très souvent refuser des tirs d’artillerie de soutien alors que
les Allemands sont relativement proches. Les fantassins sont
donc de plus en plus liés à l’aviation, qui elle dispose de res-
sources presque illimitées : une sortie du 512th Squadron le
10 septembre a mis hors de combat une dizaine de Panzer
et de canons d’assaut dans le village d’Arry. La présence
des « Jugs [1] » dans le ciel lorrain remonte le moral des
GIs, et pas seulement à cause de la destruction des blindés
à Balkenkreuz, mais aussi parce qu’à chacune de leur sortie,
l’artillerie allemande se tait et arrête temporairement « d’ar-
roser » les positions de la 5th ID...
Petit-à-petit, dix Sherman et six TD sont amenés sur la tête
de pont, avec d’énormes problèmes mettant à l’épreuve les
Engineers. Le 12 septembre, à 03h30, les Allemands lancent
une nouvelle attaque sur la tête de pont avec notamment des
éléments de la 17. SS-Panzergrenadier-Division « Götz von
Berlichingen » et des 3. et 15. Panzergrenadier-Divisionen.
Contrairement aux assauts précédents, celui-ci est soutenu
par un barrage roulant d’artillerie et l’ensemble de la tête de
pont est attaquée. Le 1st Battalion, sur le flanc droit, est sub-
mergé mais parvient à repousser les Panzergrenadiere après un
terrible corps à corps ; le flanc gauche près de Corny tient bon
et détruit plusieurs Panzer. Au lever du jour, les Allemands se
replient, et le tableau est impressionnant : plusieurs carcasses
de blindés fument près des lignes américaines, et les canons
de 150 mm du Fort Driant continuent de tirer leurs projec-
tiles autour du pont temporaire, soulevant d’énormes gerbes
d’eau. Mais à midi, une unité du CCB parvient à traverser le
pont alors couvert par les fumigènes ; la 5th ID est pourtant
totalement épuisée, ne disposant plus que de 35 officiers et
1300 hommes de troupe.
UNE APPROCHE INARRÊTABLE
À l’ouest de Metz, près d’Amanvillers et Gravelotte, les
Américains commencent leur progression difficilement, retar-
dés par les défenseurs. Les champs dans lesquels se sont
affrontés Français et Prussiens 70 années plus tôt sont à
Half-track M3A1
5th ID
XX Corps
Secteur de Dornot, septembre 1944
nouveau au centre des combats, mais cette fois-ci, les ouvrages défensifs
allemands compliquent la tâche des Américains. Amanvillers est férocement
défendu par les Allemands et les GIs s’épuisent en attaques parfois vaines
contre les positions adverses.
Un GIs inspecte le moteur d'un Sd. Kfz. 251/9 « Stummel ».
Le montage peut sembler sommaire, mais ce canon de 7,5cm court permet
aux Panzergrenadier de bénéficier d'un soutien à tous moments.
Les P-47 sont, depuis la campagne de Normandie, la terreur des équipages
de blindés allemands, et vont conserver leur réputation en Lorraine.
[1] « Cruche », surnom donné aux P-47 à cause de leur silhouette.