Batailles et Blindés Hors Série N°40 – Août-Septembre 2019

(Barré) #1

LORRAINE


L'OCCASION MANQUÉE
DE
PATTON

Quatre casemates principales sont édifiées et protègent
les approches, tandis que l’ouvrage principal en forme
de pentagone chapeaute l’ensemble. Chaque casemate
dispose d’une batterie de trois canons de 100 ou de 150
mm, tandis que la partie sud est couverte par trois pièces
de 100 mm. La surface est constellée de tranchées et
d’ouvrages bétonnés ainsi que de réseaux de barbelés
de presque 20 mètres de largeur. Le bataillon devant
mener l’attaque ne dispose pour ainsi dire qu’une série
de cartes au 1/20000e spécialement venue de Paris.
La France tout juste libérée est alors inspectée dans l’es-
poir de trouver des plans de l’ouvrage, mais les premiers
n’arriveront au bataillon que le 29 septembre. Le tout
premier assaut se passe donc dans l’incertitude totale.
Le 27 septembre à 14h15, le premier assaut est lancé
par le général Irwin. Les pilotes de P-47 du XIX TAC
se ruent sur l’objectif et lâchent des bombes de 500 kg
ainsi que des containers de napalm sur les dessus du
fort. Une seconde vague vise les réseaux de tranchée
et mitraille les parties visibles de l’ouvrage... sans aucun
succès. Même les tirs des obusiers de 155 mm ne
parviennent pas à entamer durablement les casemates
allemandes. La E Company s’élance à la suite depuis le
sud du fort, couverte par un écran de fumée et suivie
par la G Company ainsi qu’une compagnie de TD du
818th TD Battalion. Ce n’est que lors de la dernière
phase d’approche que les Allemands ouvrent le feu
sur les GIs, dont seulement deux sections parviennent
à s’approcher des superstructures ouest avant d’être
repoussées. À 18h30, ordre est donné de replier les
unités d’assaut et les pertes sont faibles : seulement
18 GIs ont perdu la vie dans les deux compagnies.
Le lendemain, Patton ordonne à Irwin de reposer sa
5th ID fortement éprouvée ; de son côté, Walker fulmine
et insinue qu’avec un esprit plus offensif, le fort serait
tombé. Le chef de la 5th ID n’est pas dupe et sait que
le fort ne tombera que grâce à un encerclement, mais
il suit les ordres de Walker et prépare une nouvelle
attaque. Des conclusions sont déjà tirées du premier
assaut : le fossé devant le fort devra être comblé par des
Tankdozers, tandis que les sections recevront des tubes
Bangalore afin de neutraliser les réseaux de barbelés.
L’attaque doit avoir lieu le 3 octobre prochain. Le 2nd
Battalion (11th IR) renforcé de la B Company du 1st
Battalion, une compagnie de Combat Engineers et douze
chars doit repartir à l’action. La B Company reçoit l’ordre
d’attaquer depuis le sud-ouest, tandis que la E Company
attaque depuis le nord-ouest. Hélas, la météo se corse
et empêche l’intervention des chasseurs-bombardiers ;

Irwin décide quand même de lancer l’attaque à 12h00. Couverts à nouveau par des
fumigènes, les GIs progressent, mais aucun d’entre eux ne sait vraiment utiliser
les tubes Bangalore qui sont très vite rendus inopérables... nécessitant des tirs
d’obus explosifs dans les réseaux de barbelés. Comme un malheur n’arrive jamais
seul, les Tankdozers connaissent tous des pannes à répétition. Seule la B Company
parvient à entrer dans le périmètre du fort, et c’est par cette brèche qu’arrivent les
renforts lors de la tombée de la nuit. La garnison allemande profite de l’obscurité
pour faire des sorties sur les arrières des Américains grâce aux tunnels, les laissant
totalement désorganisés au petit matin.
Le lendemain, l’assaut doit reprendre mais les tireurs de précision allemands neutra-
lisent à chaque fois les porteurs de lance-flammes ou d’explosifs qui s’approchent
des casemates. Les rares qui parviennent à atteindre la grille du périmètre tombent
devant une des innovations allemandes : les portes n’offrent aucune aspérité
permettant d’y fixer des charges. Le 5 octobre, le feu de l’artillerie allemande se
déclenche et fait des ravages mais les renforts continuent d’arriver. Deux jours plus
tard, une nouvelle attaque a lieu à 10h00 mais les GIs sont à nouveau repoussés ;

 Le M18 Hellcat, petit frère du TD M10,
a été créé pour apporter une puissance
de feu supérieure mais aussi une
rapidité et une agilité dont ne dispose
pas le M10. Dans les plaines lorraines,
son canon de 76,2 mm peut exploiter
tout son potentiel et va être meurtrier.

 Un P-47 du XIX TAC tire ses
roquettes sur les superstructures du
fort Driant. Le cliché permet d'observer
la densité de la forêt autour du fort,
rendant encore plus compliquée la
reconnaissance de l'ouvrage et surtout
le marquage des cibles par l'aviation.
Ce genre de frappe ne fera quasiment
aucun dégât aux ouvrages bétonnés,
mais parviendront surtout à laisser le
moral des défenseurs au plus bas.

Vu sur https://www.french−bookys.com

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