1944
LORRAINE
L'OCCASION MANQUÉE
DE
PATTONLA LORRAINE, À NOUVEAU
AU CŒUR DES COMBATS
L’homme en charge du front de l’Ouest chez les
Allemands est le Feldmarschall Model, qui est à la tête
du Heeresgruppe B et de l’Oberbefehlshaber West.
Model a pu voir, dépité, la progression alliée tout au
long du mois d’août, et pense qu’Hitler ne saisit pas le
risque majeur de ce front. Le maître du III. Reich, lui,
semble en effet plus prompt à réagir sur l’Ostfront qu’en
France, au grand dam des officiers de la Wehrmacht y
opérant. C’est ainsi que le Feldmarschall n’hésite plus à
envoyer des rapports alarmistes sur l’état des divisions
allemandes à l’Ouest – il est vrai que la plupart ne dis-
posent plus d’armement lourd, et les Panzer-Divisionen
ne sont plus aussi bien dotées en blindés. Pis, la retraite
de certaines unités allemandes laisse des trous dans
le système défensif en Lorraine ; entre Lunéville et
Belfort, Model demande à ce qu’on lui assigne trois
divisions « fraîches » d’infanterie afin de combler les
défenses. L’OKW accède à sa demande... pour que
Model, en pleine réorganisation, précise ensuite qu’il
n’en a plus besoin car selon lui, c’est tout le front de
l’Ouest qui doit être renforcé. Mais d’autres requêtes
suivent, cette fois-ci sans succès : les pièces de Flak
demandées par Model lui sont refusées, tout commeles trois Panzer-Divisionen. Désespéré, Model se résout
à adresser directement ses demandes à Hitler, et non
plus à Jodl. Le tableau n’est pas flatteur – et l’exercice
est dangereux : le Führer n’apprécie pas le défaitisme
chez ses commandants – car Model estime la puis-
sance du Heeresgruppe B à un peu moins de quatre
Panzer-Divisionen et dix Infanterie-Divisionen. Selon
lui, le maintien du front Ouest nécessite pas moins
de 25 nouvelles divisions d’infanterie et six Panzer-
Divisionen! Il va sans dire qu’aucune réponse ne par-
vient à Model, qui est sur la sellette, bientôt remplacé par
le Generalfeldmarschall Gerd von Rundstedt à la tête deÀ la fin du mois d’août, la Third Army de Patton compte 314 814 officiers et
hommes de troupes, mais son VIII Corps est encore en train de combattre en
Bretagne. Au niveau des blindés, Patton dispose officiellement de 669 « chars
moyens », 8 Squadrons de cavalerie mécanisée, 23 bataillons anti-aériens,
15 bataillons de Tank Destroyers, 51 bataillons d’artillerie de campagne et 23
bataillons de troupes du génie (dont 20 sont composés de Combat Engineers).
Enfin, il ne faut pas oublier que la Third Army est soutenue par le XIX Tactical
Air Command (huit Groups de chasseurs-bombardiers et un Group de recon-
naissance), commandé par le Brigadier General Otto P. Weyland, chargé de
l’appui aérien des troupes américaines. Patton lui-même tient en haute estime
le General Weyland : ce dernier, à chaque briefing matinal, est assis à côté du
chef de la Third Army.LA THIRD ARMY, COMBIEN DE DIVISIONS?
Alors que les chars
américains parviennent
en Lorraine, certains
sont déjà à la frontière
allemande notamment
près d'Aix-la-Chapelle.
Ce n'est que le début de
la bataille des Ardennes
qui fera obliquer Patton
vers le nord... mais avant
cela, il va devoir capturer
Metz et Thionville tout en
progressant vers la Sarre.
Un programme loin d'être
si facile qu'il le pense!