LORRAINE
L'OCCASION MANQUÉE
DE
PATTONMais ce n’est qu’à la tombée de la nuit que les
hommes du XX Corps ne s’élancent, notam-
ment ceux du général Twaddle de la 95th
ID. Une opération de diversion surnommée
« Casanova » est prévue sur le flanc nord de la
division : une partie du 377th IR doit traverser
la Moselle à Uckange et prendre le village de
Bertrange tandis que le reste doit détruire une
poche de résistance allemande plus au sud,
à Maizières-les-Metz. Alors que l’obscurité
vient de tomber, des Engineers traversent au
sud d’Uckange sans bruit dans leurs canots
d’assaut. Sur la rive allemande, ils posent
leurs charges dans les réseaux de barbeléset les champs de mines, puis les font explo-
ser après être retournés sur leur rive... sans
aucun tué. Ce n’est qu’à 21h00 que les GIs
traversent la Moselle, alors que la 19. VG-D
en face n’a aucun avant-poste sur le fleuve.
Les batteries allemandes ouvrent le feu sur des
points prédéfinis, empêchant les Engineers
de jeter un pont et leur infligeant des pertes.
Bertrange est dépassé le 9 novembre mais
les renforts ne peuvent parvenir à cause du
niveau de la Moselle, qui a considérablement
augmenté pendant la nuit. Le ravitaillement
est impossible, et le chef de la 95th ID a alors
une idée : utiliser les avions de liaison pourlâcher du ravitaillement. La Flak étant inexis-
tante, les appareils américains volent bas et
lâchent vêtements secs, rations et matériel
médical ; un pilote dira soulignera l’effet qu’a
eu ce ravitaillement sur les troupes au sol :
« Les gars ont explosé de joie quand ils ont
aperçu le premier avion lâcher du ravitaille-
ment. On a pu les voir en dessous de nous,
enterrés dans leurs foxholes, sales, affamés
et grelottants... mais tout sourire quand
nous sommes arrivés [1]. » Mais il est tou-
jours impossible de traverser. Un infirmier
américain tente par deux fois avec son petit
canot, mais par deux fois il est repoussé par[1] Cole (H.), The Lorraine
Campaign, 2012, Whitman
Publishing, p. 578.
[2] Ibid.Dodge WC54 ambulance
90th Infantry Division
XX Corps, Third Army
Secteur de Thionville, novembre 1944 Un camion transportant
des jerrycans est en
fâcheuse posture dans un
village lorrain aux routes
transformées en fondrières.
Il faut l'aide d'un Sherman
tank dozer pour le tirer de
l'ornière dans laquelle il
s'est enfoncé. La météo
catastrophique, en plus
d'interdire les vols, va
aussi grandement ralentir
la progression des trains
de ravitaillement pour
les troupes au front.