Batailles et Blindés Hors Série N°40 – Août-Septembre 2019

(Barré) #1

INTRODUCTION


l’OB West. Apprécié de ses subordonnés, bien introduit
à Berlin, von Rundstedt est aussi connu pour être un
bon tacticien ; depuis le 1er septembre, l’homme et son
chef d’état-major (le Generalleutnant Siegfried Westphal,
détaché de Kesselring) sont « briefés » sur la situation
par l’OKW et par Hitler. Ce dernier semble à nouveau
ne pas saisir la mesure du désastre à venir à l’Ouest,
car selon lui, les forces alliées devront bientôt s’arrêter
par manque de ravitaillement. Il n’y aurait plus qu’à
détruire les « fers de lance » par des contre-attaques...
aux alentours de Reims. Enfin, pour Hitler, le Westwall
est imprenable ; c’est surestimer l’état de ces fortifica-
tions, dont la plupart ont été « cannibalisées » au profit
du mur de l’Atlantique. Rundstedt ne reçoit qu’un seul
ordre : arrêter la progression alliée à l’Ouest.
Le nouveau chef de l’OB West hérite d’une situa-
tion catastrophique. La Ruhr est bien sûr menacée,
mais le maintien en réserve des unités parachutistes
alliées l’inquiète : et si les Américains menaient une
nouvelle opération aéroportée derrière le Westwall?
Enfin, la fameuse contre-attaque du 12 septembre
risque d’être avortée compte-tenu du peu de troupes
disponibles. Cette dernière doit s’élancer sur trois axes
vers Reims : de Chaumont, de Nancy, et de Pont-à-
Mousson. La réussite de l’attaque empêchera à court
terme la jonction entre les forces alliées arrivant du sud
de la France et celles de Patton déjà présentes dans la
région. De nombreuses unités doivent participer à cette
attaque, notamment des unités SS ainsi que six des
toutes nouvelles Panzer-Brigaden, et von Manteuffel se
prépare à lancer l’offensive neuf jours plus tard, pour
le 12 septembre.
Les forces dont dispose von Manteuffel sont de qualité
variée : les Infanterie-Divisionen en bon état y côtoient
des Volksgrenadier-Divisionen, presque sans expérience
du feu, et d’autres unités sont composées de convales-
cents ou de membres d’écoles militaires. De plus,
ces formations ne disposent plus que d’une artillerie
très diminuée, et l’appui aérien de la Luftwaffe est
presque inexistant. Même la 17. SS-Panzergrenadier-
Division « Götz von Berlichingen » n’affiche qu’une bonne
santé de façade : décimée au début du mois d’août
durant l’opération « Cobra » en Normandie, l’unité a été
reconstituée autour de deux brigades SS et complétée
d’éléments de la Luftwaffe et de Volksdeutsche des
Balkans. Son parc blindé a lui aussi très souffert puisque
la division n’aligne plus que quatre Jagdpanzer IV/L70,
douze StuG. III et douze Flakpanzer 38(t). Les 3. et


  1. Panzergrenadier-Divisionen disposent quant à
    elles d’un nombre de blindés équivalent ; seule la

  2. Panzergrenadier-Division aligne 36 Panzer IV. Les
    deux Panzer-Divisionen (11. et 21.) ne peuvent amener
    qu’une soixantaine de blindés divers, dont 30 Panther.
    La production de Panzer est majoritairement dirigée vers
    l’équipement des nouvelles Panzer-Brigaden, sorties de
    l’esprit d’Hitler, et sont dotées notamment de Panther
    et de Jagdpanzer IV/L70, sans oublier les Flakpanzer
    pour contrer les Jabos tant redoutés. Sur le papier,
    ces Panzer-Brigaden disposent d’une force de frappe
    immense, puisqu’elles réunissent une centaine de blin-
    dés... mais la réalité est là encore différente puisque les
    équipages n’ont pas reçu suffisamment d’entraînement
    et qu’il manque des moyens de reconnaissance et d’ar-
    tillerie. Manteuffel lui-même dira après la campagne
    de Lorraine que ces unités n’avaient pas leur place
    à l’Ouest mais auraient dû affronter les Soviétiques.


 Jusqu'aux portes de la Lorraine, les pointes blindées américaines ne
souffrent pas de la pénurie de carburant ou de munitions, mais leur avance
rapide étire dangereusement les lignes de communication.
 Le General der Panzertruppe Hermann Balck devant une carte d'état-major.
Il commence la guerre en tant qu'Oberstleutnant et gravit les échelons avec une
rapidité presque inégalée. Son échec en Lorraine lui vaut une rétrogradation
et une mutation sur le front de l'Est. Bundesarchiv Bild 101I-732-0118-

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