Batailles et Blindés Hors Série N°40 – Août-Septembre 2019

(Barré) #1
eorge Smith Patton Junior voit le jour à
Saint-Gabriel, dans le Sud de la Californie,
au matin du 11 novembre 1885. Son père,
avocat et richissime propriétaire terrien,
est issu d’une famille de Virginie, un état
conservateur ayant rejoint le « vieux Sud » lors de la
guerre de Sécession. Lui-même ancien cadet de West
Point, fin lettré et cultivé, il a entamé avec succès une
carrière politique après avoir réussi dans le monde des
affaires. Non dénué d’une certaine ambition, il n’aura
de cesse de pousser son fils vers l’excellence en l’édu-
quant dans la notion de devoir, ne lui pardonnant
jamais ses erreurs et ne le félicitant que très rarement
pour ses réussites.

UN JEUNE HOMME HORS-NORMES


Le jeune George, que certains historiens contemporains
soupçonnent d’avoir été dyslexique, vit et grandit dans
le ranch familial sans aller à l’école. Le garçon y suit
l’enseignement dispensé par ses parents et quelques pré-
cepteurs triés sur le volet. C’est ainsi que Patton Junior
étudie la littérature américaine classique, les mythologies
grecque et romaine, les mathématiques, pour lesquelles
il se montre peu doué, l’histoire ainsi que la morale
chrétienne, celle-ci étant omniprésente au sein du clan
Patton ; une éducation religieuse que George teinte
toutefois d’un certain paganisme car, très tôt, il ne fait
guère mystère de sa croyance en la réincarnation. Il est
ainsi convaincu d’avoir été tour à tour légionnaire romain,
conquistador espagnol, arquebusier au service du roi de
France ou encore général de Napoléon. Volontarisme
exacerbé, ténacité à toute épreuve et croyance en Dieu
et en sa propre destinée... Autant de traits de caractère
qui feront du futur « patron » de la Third Army un homme
fait de détermination, un personnage monolithique per-
suadé qu’il revient à chacun de forger son destin dans
les épreuves et la difficulté. Se réfugiant dans ses cer-
titudes et baignant dans ces idées de destinée et de
réincarnation – l’amenant d’ailleurs à penser que cette
vie, comme les précédentes, ne pourra qu’être excep-
tionnelle – Patton développera une très (trop ?) grande
confiance en lui-même doublée d’un ego surpuissant.
L’un et l’autre n’iront pas sans lui jouer quelques tours
au cours de son parcours. Mais revenons à son enfance.
Bien que rencontrant toujours de grosses difficultés en
lecture et en écriture – en réalité, tout indique que Patton
était incapable de rédiger un texte de quelques mots
sans commettre de nombreuses fautes d’orthographe –
le garçonnet apprend vite, très vite même. Doté d’une
excellente mémoire, d’un sens inné de la rime et d’une
sensibilité à fleur de peau, il fait preuve d’un réel talent
de poète. Mais là où Patton excelle, c’est en Histoire, en
particulier en histoire militaire. Il faut dire que, dès son
plus jeune âge, été après été, il a arpenté avec son père
les champs de bataille de la guerre de Sécession, dont il
connaît le déroulement des batailles dans les moindres
détails. En prime, s’il se passionne pour les civilisations
disparues telles que Babylone ou les royaumes assyriens
et hittites, sa préférence va aux guerres antiques, dont
celles menées par les cités grecques, Carthage et Rome.
La grandeur et la décadence de ces empires le fascinent
au point que sa propre vie finira par suivre un scénario
tout aussi dramatique.

En 1897, alors âgé de 12 ans, George Patton est inscrit
dans une école privée réservée à la grande bourgeoi-
sie californienne. Paradoxalement, même s’il ne sait
toujours pas lire sans ânonner et encore moins écrire
correctement, il possède déjà une solide culture géné-
rale. Pour compenser ces lacunes, fidèle à la parole
donnée à son père, l’enfant travaille, travaille et travaille
encore. Adolescent, Patton est un jeune homme com-
plet. Sur le plan physique, c’est un véritable athlète qui
pratique l’équitation depuis sa plus tendre enfance ainsi
que la course de fond, l’escrime et les arts martiaux.
Intellectuellement, c’est un érudit qui, malgré son ortho-
graphe déficiente, réussira un cursus scolaire correct.
Il s’intéresse à plusieurs langues étrangères, en particulier
le Français, dont il maîtrise de solides notions. En outre,
il lit le Latin et comprend le Grec ancien. Enfin, il fait
preuve d’une éducation de qualité et sait se montrer par-
ticulièrement prévenant à l’égard des femmes, des atten-
tions que celles-ci lui rendent bien. Patton a du succès
auprès de la gente féminine, c’est un fait. En dehors de
ses cours, le jeune homme se consacre à l’histoire mili-
taire, notamment aux exploits de son grand-père, général
de la cavalerie confédérée lors de la guerre de Sécession.

ANNEXE 1


PATTON


LE « MAGNIFIQUE »


G


 L’Amérique qui entre en
guerre en 1917 n’est pas
vraiment prête et reste très
dépendante de ses alliés
britanniques et français,
qui fourniront les blindés
de Patton. C'est aussi
pendant cette période
que l'homme fera des
remarques racistes
envers les soldats
afro-américains,
monnaie courante dans
l'US Army d'alors.
Library of Congress

 Excellent cavalier,
George S. Patton a
cette passion chevillée
au plus profond de lui-
même. Toute sa vie, il va
apprécier la compagnie
des chevaux... et va
jusqu'à autoriser une
opération de sauvetage
de Lipizzans à la toute
fin de la guerre avant
qu'il ne tombe entre les
mains des Soviétiques!
Patton Museum

Vu sur https://www.french−bookys.com

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