ANNEXE 1
PATTON
LE « MAGNIFIQUE »
n’a guère d’amitié pour le jeune officier qu’il perçoit
comme un arriviste manquant de diplomatie. Jugement
sévère et vraisemblablement influencé par les difficul-
tés relationnelles qui s’étaient posées entre les deux
hommes durant la Grande Guerre.
Tant pis, Patton subira, comme tant d’autres militaires
américains. Il « erre » de garnison en garnison, multi-
pliant les affectations y compris dans les bureaux à
Washington qui regorgent de « ronds de cuir » indignes
selon lui de porter l’uniforme. Sans budgets, point de
grandes manœuvres, aussi Patton s’occupe-t-il en lisant
énormément, notamment des ouvrages ayant trait à
l’histoire de cette Armée impériale allemande à laquelle
il a contribué à faire rendre les armes, en pratiquant
l’équitation et surtout en veillant à la bonne discipline
des troupes dont il a le commandement. L’homme ne
laisse rien passer, allant jusqu’à se montrer très sévère
avec des soldats faisant peu cas des règlements. Avec
lui, les chaussures sont cirées, les nœuds de cravate
réglementaires, les jugulaires attachées, les uniformes
impeccables et les effets soigneusement rangés dans les
casiers... Mais dans le fond, Patton s’ennuie, tourne en
rond, se morfond. Ironiquement, il se retrouve dans la
même situation que ses adversaires d’hier, ces officiers
allemands qui, au lendemain du traité de Versailles,
se retrouvent privés de moyens dans une Reichswehr
limitée à 100 000 hommes. Comme eux, il réagit en met-
tant l’accent sur l’instruction des quelques troupes qui
servent sous ses ordres, en particulier les sous-officiers
et officiers. George Patton développe ainsi un certain
talent didactique et, partout où il passe, il met l’accent
sur la formation théorique et pratique des cadres ainsi
que l’entraînement des soldats qu’il emmène le plus
souvent possible sur le terrain. Les moyens manquent,
alors il se débrouille avec rien ou presque. Malgré cela,
les années passent et se ressemblent.
Dans les années 20, on le retrouve à Hawaii où il occupe
un poste d’état-major sans grand intérêt. Au moins
rencontre-t-il sur place un officier de la Navy nommé
Nimitz, lui aussi promis à un destin exceptionnel et dont il devient un ami proche.
C’est aussi à cette époque qu’il croise Dwight Eisenhower avec lequel – déjà –
les relations sont tendues pour ne pas dire houleuses. Patton est un homme de
terrain, d’action, alors que « Ike » est un planificateur, un officier d’état-major qui
travaille sur des statistiques et des données objectives. Bien qu’ayant mutuelle-
ment conscience de leur valeur respective, ils ne se comprennent guère et cela ne
changera pas dans les années à venir. Patton fonctionne à l’affect et à l’instinct
alors qu’Eisenhower est pragmatique et réaliste. Et la valse des affectations de se
poursuivre pour notre homme...
L’année 1929 est marquée du sceau de la grande dépression aux États-Unis.
L’économie s’effondre et des milliers de familles se retrouvent brutalement pri-
vées de ressources. Désemparés, certains barons de l’industrie et magnas de la
finance se suicident. Les banques font faillite, entraînant avec elles leurs clients.
Des millions d’Américains perdent ainsi leurs économies et le flot des sans-abris
ne cesse de grossir. Le pays ne peut plus venir en aide au nombre toujours
croissant de chômeurs, hormis en ouvrant des « soupes populaires ». En 1932,
le désarroi social empire sans que le président Hoover ne prenne de mesures.
La crise de 1929
frappe durement les
pays occidentaux, mais
les États-Unis sont
les premiers à souffrir
réellement de cette
crise économique.
De nombreuses familles
se retrouvent sans le sou
en très peu de temps,
laissant la population
dans l'embarras. Il faudra
presque une dizaine
d'années et des milliards
de dollars investis
pour renverser enfin la
vapeur et résorber les
effets de cette crise.
Patton en tenue de
marin, cliché plutôt
inhabituel! Ses fréquentes
excursions à Hawaï
lui donnent l'occasion
de se familiariser
avec la navigation à
la voile, discipline qu'il
apprécie aussi pour sa
propension à l'effort.
Patton Museum