Batailles et Blindés Hors Série N°40 – Août-Septembre 2019

(Barré) #1

ANNEXE 1


PATTON


LE « MAGNIFIQUE »


soient prêts à en découdre. Pour cela, point de secrets :
manœuvres épuisantes, exercices permanents et stricte
discipline sont de mise, sans oublier une « louche » de
complicité avec les soldats. Ne se plaît-il pas à affirmer
qu’un « litre de sueur à l’entraînement économise un
litre de sang »? Patton donne libre cours à son côté
théâtral, usant d’un langage de charretier, arpentant les
terrains de manœuvre à bord de divers engins qu’il a fait
modifier dans ses ateliers régimentaires, dont un char
léger M3, équipés de sirènes surpuissantes. L’homme est
désormais un personnage public. En cela, il ne manque
bien sûr pas d’intéresser la presse. C’est ainsi qu’il fera
la couverture de « Life magazine » en juillet 1941.
Une couverture chasse l’autre et, en décembre 1941,
c’est l’attaque surprise des Japonais contre Pearl Harbor
qui s’étale dans tous les kiosques américains ; tragé-
die que Patton, maintenant divisionnaire, avait prédite
dans un mémo extrêmement précis daté de son second
passage aux Hawaii! Mais qu’importe, la nation est en
guerre et Patton va pouvoir pleinement exprimer son
talent. À l’automne 1942, les Alliés se préparent à lan-
cer l’opération « Torch », le débarquement de troupes
anglo-américaines en Afrique du Nord Française (Maroc
et Algérie). Le « Vieux », qui est parti prenant dans
l’affaire, se frotte très vite au flegme des Britanniques
qui voient en lui un général digne des pires produc-
tions cinématographiques d’Hollywood. D’aucuns, dont
Alexander, feront même pression sur Eisenhower pour

que Patton soit relevé de son commandement : comment
en effet faire confiance à un personnage qui porte deux
colts à crosses de nacre tel un cow-boy, ce en lieux et
places d’une arme réglementaire? Mais « Ike » soutient
son turbulent subordonné et, le 8 octobre 1942, le débar-
quement a bel et bien lieu. Après quelques accrochages,
une fois passés les atermoiements des autorités mili-
taires et politiques françaises à Alger, les choses rentrent
dans l’ordre. Patton reste au Maroc où il occupe des
fonctions politico-diplomatiques et militaires. Il profite
de son temps libre pour visiter les ruines romaines de
la région, dont celles de Volubilis, à côté de Meknès,
et les champs de bataille des guerres puniques. À la
surprise de ses officiers d’état-major, il retrouve l’en-
droit précis de ces combats pourtant vieux de plusieurs
siècles, alors même qu’il n’avait jamais mis les pieds
dans la région. À ceux qui verbalisent leur étonnement,
il répond : « mais voyons, j’y étais, oui, j’étais l’un des
légionnaires morts ici pour la grande Rome » ; croyance
en la réincarnation encore et toujours.
De son côté, Erwin Rommel chassé d’Égypte et
de Libye par la 8th Army de Monty est parvenu à
ramener les restes de son Afrika-Korps jusqu’en
Tunisie, où il ne cesse de recevoir des renforts,
dont une Tiger-Abteilung et la 10. Panzer-Division
du Generalleutnant Friedrich Freiherr von Broich.
Le « Renard du désert » donne une leçon aux GIs inex-
périmentés lors de la bataille de la passe de Kasserine.

 Équipage américain
d’unchar M3 pris en
photo à Souk El-Arba, en
Tunisie, le 23 novembre


  1. Débarqués en
    Afrique du Nord, les GI’s
    partent rapidement se
    frotter aux Allemands et
    aux Italiens en Tunisie. Les
    premiers combats, dont
    ceux pour le contrôle de la
    passe de Kasserine, virent
    à la catastrophe, ce qui
    provoquera la nomination
    de Patton par « Ike » à la
    tête du II Corps. Il faudra
    tout le talent mais aussi
    la poigne du Californien
    pour rétablir la situation, à
    commencer par redonner
    un moral de vainqueurs
    à ses troupes. Cette
    reprise en mains passera
    aussi par une discipline
    stricte : « Malheur » au
    soldat qui n’aurait pas
    boucler sa jugulaire ou
    rectifi er sa tenue en
    présence de Patton!


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