Batailles et Blindés Hors Série N°40 – Août-Septembre 2019

(Barré) #1

LORRAINE


L'OCCASION MANQUÉE
DE
PATTON

« Ike » nomme alors Patton à la tête du II Corps pour
rétablir la situation et revigorer les soldats américains.
L’arrivée de « Sang et tripes » provoque un électro-
choc au sein de la troupe, d’autant qu’elle s’accom-
pagne de discours de ce type : « L’objet de la guerre
n’est pas de mourir pour son pays, mais de faire en
sorte que le salaud d’en face le fasse pour le sien ».
En à peine quelques jours, il fait rétablir une disci-
pline de fer. Il ne fait pas bon croiser le général au
bord d’une piste en n’ayant pas bouclé sa jugulaire...
La reprise en mains est totale et porte ses fruits.
Le II Corps contre-attaque, en coopération avec les
Anglais et les Français ; c’est un succès et la noto-
riété de notre homme n’est plus à faire! Quelques
semaines plus tard, en mai 1943, Allemands et Italiens
lâchent prise et se rendent. La Tunisie est libérée par
les Alliés et l’Axe définitivement expulsé d’Afrique.
Reste désormais à prendre pied en Europe...
C’est chose faite dès le mois de juillet 1943 durant
lequel Patton, qui dirige la 5th Army, débarque avec
les Anglais de Montgomery en Sicile. C’est l’opération
« Husky ». Une véritable course de vitesse s’engage
alors entre les deux armées alliées. Les Tommies de
Montgomery piétinent sur la route de l’Etna, en direction
de Messine. Quant à Patton, ses tankistes affrontent les
Panzer-Grenadiere qui lui barrent la route vers le Nord
puis l’Est. Le « Vieux » pousse ses hommes au maxi-
mum, chassant les « planqués » qui selon lui sabordent
le moral de ses troupes. Le 3 août, lors d’une visite dans
un hôpital de campagne de la 1st Infantry Division, la
« Big Red One », il commet l’erreur de gifler avec ses
gants un soldat hospitalisé qu’il estime être un couard.
Le 10, le général recommence avec un autre GI. Il est
intéressant de noter que ces deux soldats avaient été
l’un et l’autre hospitalisés pour « troubles nerveux ».
Le premier souffrait d’une malaria mais en était à sa
nième hospitalisation depuis son arrivée en Afrique du
Nord tandis que le second, lui, avait déjà tenté de déser-
ter à plusieurs reprises... En attendant, Palerme puis
Messine tombent dans l’escarcelle de George Patton
le 17 août. Un Patton qui se couvre une fois de plus
de gloire comme un César mais qui est conduit à une
disgrâce temporaire, à la suite de ces affaires de vio-
lences qui le rattrapent à cause d’un correspondant
de presse. Sa réputation est ternie tandis que les jour-
naux font leurs choux gras de ces deux affaires et que
l’opinion publique américaine est outrée. En haut-lieu,
c’est un tollé de protestations, aussi bien de la part des
Américains que des Britanniques. Même les politiques
s’en mêlent et réclament sa tête. Mais « Ike » couvre
son général qu’il contraint tout de même à faire amende
honorable. L’officier s’excuse, ou du moins tente de le
faire, devant ses soldats, qui pour la majorité d’entre
eux le soutiennent, mais rien n’y fait et il doit subir
une « mise en quarantaine » à Malte puis en Grande-
Bretagne. Le Californien promet de mieux se tenir mais
« Ike » se montre intraitable. Alexander savoure la nou-
velle tandis que Montgomery exulte. Quant à Omar
Bradley, il se désolidarise de son ami. Patton le guerrier,
le valeureux, le général le plus aimé des Américains
passe ainsi une année loin des champs de batailles. Il
en profite pour visiter l’Égypte et le Moyen-Orient où
il explore les champs de bataille d’Alexandre le Grand.
Sur le plan de sa vie de couple aussi, les choses vont
mal et les retrouvailles avec Béatrice se font rares...
Tandis que les Soviétiques s’apprêtent à lancer une

nouvelle grande offensive estivale pour briser les reins
de la Wehrmacht à l’Est, les Alliés peaufinent leur plan
d’invasion de l’Europe occidentale ; c’est l’opération
« Overlord », le débarquement de plusieurs divisions
sur les côtes de Normandie. Pour tromper l’ennemi,
Britanniques et Américains multiplient les ruses, dont la
création d’une fausse armée américaine sensée débar-
quer dans le Pas-de-Calais. Et c’est Patton qui en hérite,
remplaçant à ce poste Hodges. Cette armée fictive,
c’est la célèbre Third Army qui, en réalité, montera en
puissance progressivement jusqu’à son intervention en
Normandie quelques semaines après le D-Day. C’est à
sa tête que George Patton percera les maigres défenses
allemandes au Sud de Saint-Lô pour ensuite exploiter
en Bretagne et vers l’Est de la France. Ironie du sort,
Patton sert sous les ordres d’Omar Bradley, l’un de
ses bras droits en Afrique du Nord et en Sicile. Après
l’opération « Cobra » qui marque le début de la fin de la
résistance des Allemands en Normandie, Patton conduit
ses troupes avec énergie et brio. Il s’enfonce en France,
libérant villes et villages à la vitesse de ses colonnes de
chars. La Third US Army fonce, fonce encore, fonce tou-
jours, en direction de l’Est. Elle bouscule les Allemands
qui ne parviennent pas à enrayer son offensive. Patton
rêve de finir la guerre à lui seul en quelques semaines.

 Patton et Eddy en 1945
alors que les troupes
américaines sont en train
de traverser la Roer au
début de l'année. Les deux
hommes fonctionneront
en tandem, s'appréciant
mutuellement. Les
différentes épreuves -
notamment la campagne
de Lorraine - cimenteront
leur relation.
 George S. Patton
s'adresse à ses troupes
en Sicile. Loin de sa
légende noire, l'homme
est en réalité proche
de ses hommes même
s'il peut leur faire subir
quelques coups de sang!
Jamais avares de bons
mots, Patton a envie de
sauvegarder ses « boys »
par l'exercice mais aussi
par la discipline de fer
qu'il leur impose.

Vu sur https://www.french−bookys.com

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