INSIDE TEAM
L
e Tour de France a été exceptionnel
et s'inscrit d'ores et déjà dans la lé-
gende de l'histoire. Mais il le doit
d'abord à des individualités et non à des
équipes. Le supercombatif Julian Alaphi-
lippe a permis de faire sauter l'écrou de sé-
curité derrière lequel le Tour de France était
enfermé depuis 2012, par la faute de
l'équipe britannique, Sky devenue Ineos au
printemps dernier. On en oublierait
presque qu’Egan Bernal est des leurs, telle-
ment les Colombiens se sont emparés de
l'événement et de sa victoire sans se préoc-
cuper du Team Ineos. Même le milliardaire
Jim Ratcliffe, nouveau propriétaire de
l'équipe, était passé inaperçu à Pau lors de la
13 eétape! Les Britanniques n'ont pas rem-
porté la moindre étape et pourtant, Nico-
las Portal jure qu'il n'a jamais douté. Même
pas dans les Pyrénées, où son équipe fut
pourtant largement dominée par celle de
Thibaut Pinot et la Jumbo-Visma de Steven
Kruijswijk : « C'était un bilan correct dans
les Pyrénées. Ce n'était pas incroyable,
mais satisfaisant. Au Tourmalet, nous
n'avions perdu qu'une trentaine de se-condes avec “G” Thomas. Il n'y avait pas
de quoi s'affoler. Et au Prat d'Albis, c'était
bien avec Egan »notait le DS d'Ineos.
Une semaine plus tard, son équipe occu-
pait les deux premières places sur la boite à
Paris, sans avoir gagné la moindre étape!
Portal justifie ce nouveau triomphe au
maillot jaune, le 7een huit ans des Britan-
niques! Il retient une étape : « C'est notre
équipe qui a fait la course dans l'étape de
l'Iseran. On était la seule formation avec
cinq gars au pied de l'Iseran! »Des Britts
qui avaient attaqué au bazooka selon Portal :
« On avait démarré le col plein pot.
Quand j'ai vu que Dylan van Baarle, qui
n'est pas un grimpeur, avait passé son re-
lais et qu'il n'y avait plus que 7-8 cou-
reurs, c'était fort! On avait bien géré
notre course. »
Possible, mais le collectif était moins puis-
sant que les années précédentes. Privé de
Christopher Froome, le Team Ineos a paru
moins bien armé avec des coureurs comme
Michal Kwiatkowski et Gianni Moscon en
retrait, alors que Luke Rowe avait été exclu
vers Gap! Pour la 2eannée consécutive, lesBritts ont un coureur renvoyé après Mos-
con en 2018.Un Tour pas forcément
plus stressantPortal, qui est de toutes les victoires
comme le manager Dave Brailsford, rap-
pelle que malgré la prise du maillot jaune à
seulement 48 heurs de l'arrivée à Paris, cette
édition n'était pas plus stressante pour au-
tant : « C'était différent cette année -
Christopher Froome étant absent - mais
sur la Vuelta, ou quand on a gagné le Giro
l'an dernier, c'était aussi compliqué. Ce
sont des expériences qui nous font ap-
prendre tous les ans »relève Nico Portal.
« Même avec Quintana échappé dans
l'étape entre Limoux et Foix Prat d'Al-
bis, on ne s'est pas affolé. On s'est dit :
“Il n'y a pas que nous dans le jeu. On ne
bouge pas. Le Tour est un long marathon.
Il faut savoir être patient. On avait vu une
faiblesse chez Julian Alaphilippe vers le
Prat d'Albis, mais il fallait savoir se rete-
nir. C'est le plus dur à faire très souvent.
On se jette complètement quand on n'a
plus aucune chance. Ce n'était pas notreRowe exclu prématurément, les Ineos ont rejoint Paris à 7. Une winning team encore, avec Moscon, van
Baarle, Castroviejo, Bernal, Thomas, Poels et Kwiatkowski, mais moins dominatrice que les années passées.22-25 Ineos OK R.qxp_maquette 29/07/2019 11:03 Page24