Planète Cyclisme N°90 – Août-Septembre 2019

(Sean Pound) #1
cas. Evidemment, il y a le Giro 2018, où
on était tellement loin qu'il fallait tout
tenter! Mais sur ce Tour, ce n'était pas le
problème avant l'entame de la 3esemaine.
On maitrisait notre sujet.»L'équipe Ineos
s'armera de patience pour lancer au bon
moment Egan Bernal. Un tir aura suffi.
Dans l'Iseran. Bien joué.
L'équipe était identique à celle de l'été
dernier, si l'on excepte Chris Froome rem-
placé par le Néerlandais van Baarle. Alors?
Dave Brailsford a une autre lecture de son
équipe sur cette Grande Boucle : « Geraint
(Thomas) a été très généreux. Les
conseils qu'il a donnés à Egan, le calme
qu'il a pu lui transmettre durant la course
ont été fondamentaux. »Et le manager gé-
néral ne boude pas son plaisir : « Il s'agissait
de la victoire de notre équipe. Les gens
se demandaient comment cela allait fonc-
tionner avec deux leaders. Mais tout a
parfaitement fonctionné. »
L'esprit Sky demeure, même si le sponsor

a changé et même si Chris Froome, le qua-
druple vainqueur du Tour, d'un Giro et de
deux Vuelta, n'est pas là! Un Facetime fut
organisé avec le Britannique en rééducation
et toute l'équipe à Bruxelles. Le “Dieu
Ineos” protégeait cette équipe.

Bernal l'émotif


Le Colombien Egan Bernal, souriant,
tranche avec le reste de ses coéquipiers.
Gianni Savio le connait très bien. Le boss
du team Androni-Giocattoli en Italie a été
le premier à le détecter quand le bambino
s'éclatait en Mountain Bike. « C'est un gar-
çon charmant. C'est vraiment un bon
gars et très humble. »Savio cherchait un
grimpeur pour Androni et c'est une rela-
tion colombienne qui lui a permis de dé-
couvrir Egan Bernal en 2015. « On m'a dit
“il est là le grimpeur que tu recherches”.
Et je vois un visage d'enfant en décou-
vrant Egan. J'ai parlé avec lui et il m'a fait
une très bonne impression »raconte Savio.

« On a parlé de la Colombie que je
connais très bien et quand j'ai vu ses tests,
je l'ai signé immédiatement. »Le jeune
Colombien restera deux ans chez Gianni
Savio avant de s'envoler chez Sky. Deux an-
nées d'apprentissage dans la roue d'un an-
cien, Francesco Gavazzi, chargé par Savio
de le guider. « J'avais dit à Francesco de
lui apprendre les vices du métier. Mais au
bout d'un moment, il m'a dit que ce se-
rait difficile, car il n'arrivait plus à suivre

UNEÉQUIPE,
4 COUREURS

DIFFÉRENTS


Team Sky et Ineos ont eu quatre coureurs différents
vainqueur du Tour de France.
Année Vainqueur
2012 Bradley Wiggins
2013-15-16-17 Chris Froome
2018 Geraint Thomas
2019 Egan Bernal

“Egan a déjà la
mentalité d’un athlète
de 30 ans. Il est très
mature. ”
GIANNISAVIO(SONPREMIER
MANAGERCHEZANDRONI-GIOCATTOLI)

Egan. »Savio n'avait jamais vu un tel talent.
« J'avais eu un très bon Vénézuélien, qui
s'appelait José Urano, 3ed'un Giro der-
rière Salvodelli et Simoni. Mais il n'avait
pas la mentalité d'un pro. Il s'est perdu. »
L'Italien a rendu visite à Egan Bernal à
Mulhouse cet été. Un moment chaleureux,
car Bernal garde toute son affection pour
Gianni, qu’il a couvé pendant deux ans près
de Turin. « Egan a déjà la mentalité d'un
athlète de 30 ans. Il est très mature »note
le patron du Team Androni, qui n'a aucun
doute sur son avenir. « Il a des forces phy-
siques et une Vo2 max bien supérieure
aux autres, y compris Christopher
Froome. Il connait son corps déjà. Il sait
comment se soigner sur le plan nutri-
tionnel. Il est complet tout simplement. »
Un portrait élogieux du vainqueur du Tour
de France par son premier mentor en Eu-
rope. Portal confirme tous les propos de
Savio et peut dormir tranquille avec un tel
joyau chez Team Ineos : « On l'avait mis
sur le Tour l'an dernier, parce qu'on savait

que c'était quelqu'un qui, physiquement,
avait les capacités de faire un Grand Tour.
Il était déjà fort. On avait dû le freiner
pour le maillot blanc et je lui avais dit
qu'il était programmé pour le maillot
jaune et pas pour le maillot des jeunes. »
Un an plus tard, Egan a eu sa réponse et
Ineos garde la même ambition que le Team
Sky. No limit.

Gianni Savio observe son ancien protégé interrogé par
Contador à Mulhouse, avant un moment chaleureux.

Portal avec son leader discutent avec Christian
Prudhomme après l’étape de Tignes.

Dave Brailsford souligne le rôle important de “G” Thomas, très généreux, auprès de son jeune équipier.

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