Planète Cyclisme N°90 – Août-Septembre 2019

(Sean Pound) #1
ParArmel Le Bescon

Une saison

D'EXCEPTION

Julian Alaphilippe réalise une saison de rêve. De San Juan en Argentine au Tour de France, avec
deux victoires d'étapes et un abonnement de deux semaines au maillot jaune, le puncheur français
est bien le roi du KO. Retour en images sur ses plus beaux combats.

N


ous sommes au mois de janvier
dernier, Julian Alaphilippe a choisi
l'Argentine pour lancer sa saison.
C'est une première pour lui dans la Vuelta
San Juan, une course d'une semaine où il
côtoie Peter Sagan et Nairo Quintana
notamment. Il reste après en Amérique
du Sud et enchaîne en février avec la Co-
lombie au départ de Medellin, sur six
jours de course avant de prolonger son
séjour au pays avec l'accord du manager
de l'équipe flamande, Patrick Lefévère.
« C'était une demande personnelle. Je
voulais travailler en altitude. J'étais con-
vaincu que ce serait utile pour la suite
de ma saison que je savais lourde, même
très lourde dès le départ »rappelle Julian
Alaphilippe. Le puncheur français n'est
pas disert sur son séjour en Colombie.
On sait seulement qu'il y reste trois se-
maines. L'équipe autour de lui ne l'est pas
plus.
Quand il rentre en Europe, frais
comme un gardon, léger comme une ga-
zelle, il met le cap sur l'Italie. Pour une
première sur les routes blanches et les
Gravel des Strade Bianche. Puis c'est à
Tirreno-Adriatico qu'il prolonge la “vita
e bella” au mois de mars.
Les Deceuninck-Quick•Step sont irré-
sistibles depuis le début de saison. Tom
Steels et Davide Bramati, deux des direc-
teurs sportifs des groupes de classiques et
autres Grand Tour, parlent d'une dyna-
mique dans l'équipe. La même que la sai-
son précédente, au cours de laquelle
l'équipe belge a surfé sur un record de 73
victoires. Alaphilippe impacte cette dyna-
mique positive avec Elia Viviani, Yves

Lampaert et une ribambelle de nouveaux
talents. Enric Mas, Remco Evenepoel,
Kasper Asgreen font partie du lot. Avant
de foncer au Tour du Pays Basque, Ala-
philippe a dégoupillé sur la Primavera, la
reine des Classique, Milan-Sanremo! La
campagne italienne a été fructueuse.
Celle des Ardennes s'inscrit dans le même
marbre avec l'espoir de décrocher un
Liège-Bastogne-Liège. Echec! Le Fran-
çais a montré ses limites sur le nouveau
tracé de la Doyenne, quatre jours après sa
9 evictoire de la saison sur la Flèche Wal-
lonne. Fatigué! Il a craqué dans la Roche
aux Faucons sur une pente à 11 %, quand
Jakob Fuglsang a placé son démarrage
pour s'imposer au cœur de Liège.
La star française va se faire oublier pen-
dant un moment. Il rentre chez lui à An-
dorre pour un break salutaire. « J'avais
besoin de souffler après les Ardennai-
ses »dit-il. « Il fallait recharger les bat-
teries dans la perspective du Tour de
France. »La petite coupure terminée,
Alaphilippe part au sud de l'Espagne, en
Sierra Nevada avec son équipier, le Belge
Dries Devenyns. Un lieu habituel pour
les grimpeurs, mais les coureurs, quelle
que soit leur spécialité, ne rechignent pas
à venir y séjourner. Le leader des ag2r La
Mondiale, Romain Bardet, prend régu-
lièrement ses quartiers en Sierra Nevada
en prévision du Tour de France. Là-bas,
Alaphilippe croise la route de Tiesj Be-
noot (Lotto-Soudal) et Steven Kruijswijk,
des Jumbo-Visma.
Le champion revient ensuite sur le
Dauphiné avec une nouvelle énergie qui
lui permet de se mettre une étape dans la

poche en Maurienne. La Sierra Nevada a
eu son petit effet. Le Montluçonnais est le
meilleur grimpeur du Dauphiné devant
Magnus Cort Nielsen de l'équipe Astana
et Wout Poels du Team Ineos. Un nou-
veau stage en altitude est programmé,
mais il y a également la reconnaissance
des étapes du Tour de France. Un dernier
training camp en altitude est également
programmé. Le compte à rebours en vue
du Tour de France s'égrène au rythme
d'entraînements intensifs. Une nouvelle
fois, il a décidé de ne pas s'aligner au
Championnat de France à huit jours du
Grand Départ à Bruxelles. Simple pré-
caution.
Alaphilippe n'a rien promis pour le
Tour. Il a juste envie. Comme en 2018
quand il fit la course en tête pour le
maillot à pois. Cette fois, il se sent grisé
par un autre challenge, la course au
maillot jaune. Emporté par la foule. Le
Tour est terminé. Rincé, il regarde sûre-
ment dans le rétro. Ses victoires se comp-
tent à la pelle. Plus belles les unes que les
autres. Sa saison est riche. Extrêmement
riche disent certains. Alaphilippe a été un
marchand de bonheur cet été. « C'est
l'homme du Tour de France »disait le
directeur sportir d’Ineos, le Français Ni-
colas Portal. Le numéro 1 mondial - car il
l'est toujours - est l'homme de la saison.
« Les gens m'aiment surtout parce que
je gagne beaucoup »disait-il pendant le
Tour, avant d'ajouter : « Je ne suis pas
certain qu'ils m'aimeraient autant si
j'étais deuxième. »Alors pourquoi ne
pas prolonger le plaisir avec toutes ses vic-
toires. ->

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