Planète Cyclisme N°90 – Août-Septembre 2019

(Sean Pound) #1
De notre envoyé spécial sur le Tour, Armel Le Bescon

L


'équipe flamande Deceuninck-Quick•
Step explose son record de victoires
encore cette saison et le Tour de France
a été une parenthèse enchantée en juillet.
Son directeur marketing, Alessandro Tegner,
qui avait mesuré l'effet Tom Boonen quatre
jours en jaune en 2006, notait avec bonheur
le retour de l'équipe belge avec le maillot lea-
der : « Je dirais que pour la première fois
après des années, on a vécu quelque chose
de nouveau. On a pu mesurer l'impor-
tance d'avoir un maillot jaune. On s'est
aperçu que c'était plus important d'avoir
le maillot jaune une journée que de ga-
gner une étape. »Des données vérifiables
quand Elia Viviani remportait la 4eétape à
Nancy, alors que Julian Alaphilippe était en
jaune depuis sa prise de pouvoir 48 heures
plus tôt à Nancy.
Très présente sur les réseaux sociaux,
l'équipe Deceuninck-Quick•Step a enregis-
tré un bond de connexions grâce évidem-
ment à Julian Alaphilippe. Des datas
compulsées avant d'être mesurées et analy-
sées par le service marketing de l'équipe :
« On a impacté cet été, parce que Julian
Alaphilippe est français, mais aussi et sur-
tout parce qu'il a une très bonne image
aux yeux du public »reconnaît Tegner. « Ju-
lian est un battant, un gagneur, un séduc-
teur également, car il sait comment
s'adresser au public. Les spectateurs et té-
léspectateurs sont non seulement sensibles
à ce qu'il fait, mais aussi à ce qu'il dit après
une journée de vélo. »
Plus important, Tegner et le service mar-
keting des Belges sont persuadés que Julian
Alaphilippe a dépassé le cadre du milieu cy-
cliste pendant cette 106eédition. « Oui, parce
qu'il a touché le facteur émotionnel dans

sa manière de reconquête du maillot jaune
à Saint-Etienne. Il y avait du panache dans
son échappée du peloton avec un autre
Français, Thibaut Pinot. »
Autre facteur important cet été, on célé-
brait les 100 ans du maillot jaune! Alaphi-
lippe a frappé juste en le portant également
le plus longtemps possible pour le centenaire.
Une donnée importante pour les sponsors
majeurs que sont Deceuninck et Quick•
Step. Tegner parle de synergie entre les deux
marques. « On crée un lien entre la star de
l'équipe et le sponsor. En France, dans les
magasins Deceuninck qui distribuent des
fenêtres et des portes, il y a une proximité
qui existe entre la marque et Alaphilippe. »
Les acheteurs potentiels doivent identifier la
marque au champion Alaphilippe. Même
chose chez Quick•Step qui occupe un large
marché de revêtements de sols en France.

Alaphilippe est un artiste
pour la marque

Depuis deux saisons, l'équipe flamande a
son ADN avec le slogan Wolfpack. « C'est
autre chose »reprend Alessandro Tegner, qui
fut à la création du terme après un Tour d'Ita-
lie avec Bob Jungels et le directeur sportif
Brian Holm. « Le Wolfpack caractérise
l'état d'esprit de l'équipe. La meute de
loups dégage un esprit de solidarité pour
ne laisser personne derrière dans l'équipe.
On gagne ensemble, mais on perd aussi
ensemble. »Derrière ce slogan, tout un mer-
chandising sur le site Internet de l'équipe
avec vente de casquettes, de maillots et autres
mugs. « Ça fonctionne très bien et on va
continuer autour du Wolfpack. »Julian Ala-
philippe devrait se retrouver à nouveau sur
les produits Wolfpack. Depuis Tom Boonen,
c'est le Français qui est le plus “bankable”
chez Deceuninck-Quick•Step. Le Tour 2019
n'a fait qu'accroitre l'impact du Français chez
les Flamands. « Alaphilippe, c'est un artiste
du vélo »précise
Tegner. « Et c'est
une chance inouïe
qu'il soit tombé
dans notre équipe.
Julian pouvait fai-
re ce qu'il voulait
dans la vie, mais il

a choisi le vélo, parce que ce sport lui a
plu quand il a débuté. C'est une chance
pour le cyclisme et a fortiori pour nous
aujourd'hui. »
Une image positive relayée sur le compte
Instagram de l'équipe où le Français a lar-
gement alimenté le réseau pendant trois se-
maines. Le patron du marketing insiste sur
le champion, « sa fraîcheur, sa jeunesse, un
ton simple et direct et puis son amour des
supporters. Julian est heureux de donner
du bonheur aux gens. Il les a souvent re-
merciés pour leurs encouragements pen-
dant ce Tour de France, parce qu'il est
extrêmement sensible à cet engouement
autour de lui. Il ne fait pas du vélo pour
ça. Mais il sait que ça fait partie de son
histoire quand il gagne. Il apporte du bon-
heur à tous les fans de cyclisme. »

La F.F.C. espère un afflux
de licenciés dans ses clubs

Du côté de la Fédération Française de Cy-
clisme, on espère capitaliser sur la vague Ala-
philippe. Son président, Michel Callot, était
au départ de la première étape pyrénéenne
à Toulouse pour prendre le pouls du Tour.
Julian Alaphilippe, encore en jaune, était du
pain béni pour lui. « Cette épopée de Ju-
lian avec le maillot jaune a fait énormé-
ment de bien au cyclisme français. Il y a
eu un surcroit d'intérêt avec lui. »Avec
116 000 licenciés au total, la F.F.C. n'a que
55 % d'entre eux sur la route! Un pour-
centage qui n'a pas les 3 % d'augmentation
par an en VTT et BMX, disciplines qui at-
tirent les jeunes. La route jugée dangereuse
par les parents est un handicap pour la F.F.C..
Alaphilippe va-t-il booster la Fédération?
Michel Callot se montre optimiste : « J'es-
père que Julian sera un booster pour nos
clubs à la rentrée de septembre. En 2018,
il y avait eu un effet Coupe du monde de
foot dans les clubs grâce au titre des Bleus
en Russie! On espère que ce sera la mê-
me chose sur la route dans nos clubs, car
on a vu de belles images du maillot jaune
avec Julian Alaphilippe. »Tête de proue du
cyclisme tricolore pour le prochain Mondial
au Yorkshire, Julian Alaphilippe est bien la
nouvelle étoile de la Fédération.

Presse-Sports

lFacebook et Instagram J. Alaphilippe

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