Planète Cyclisme N°90 – Août-Septembre 2019

(Sean Pound) #1
Yves Krattinger, est le meilleur interlocuteur
de l'organisation parisienne. En moins de 10
ans, le Tour est allé quatre fois à la Planche
des Belles Filles et Vesoul a été une ville-dé-
part en 2017. Krattinger rêvait de faire de la
Planche un chamboule-tout la veille de ral-
lier les Champs-Elysées pour redistribuer les
places à Paris! Un peu comme en 1997
quand le Tour, à 72 h. de l'arrivée à Paris, avait
conclu l'épisode montagneux à Montbéliard
avec Richard Virenque meilleur grimpeur.

Les jeunes à la mine,
les anciens à pied!

Le passage du Ballon d'Alsace garde
quelque chose de magique. Il assoit le Tour
dans sa culture comme une cigogne retrouve
son nid en Alsace. En 1905, René Pottier
avait ouvert le passage. Il y a 50 ans, Eddy
Merckx y remportait sa première étape dans
le Tour de France à son sommet! Alors, cet
été, Tim Wellens mettait un point d'honneur
à passer en tête avant de plonger vers le col
des Croix. Majestueux, les lacs de Sewen et
d'Alfeld apportent leur fraîcheur à la quié-
tude des lieux. Le col des Chevrères est au-
trement plus turbulent dans la pénombre des
feuillus.« Terrible »notait Julien Bernard

(Trek-Segafredo) au charbon du matin au
soir : « Le goudron est complètement dé-
foncé. C'est extrêmement étroit. Dur de
ne pas craquer. »Un chantier avant la
Planche des Belles Filles, où le Gravel ren-
dait la pente plus coriace dans le dernier ki-
lomètre. Un calvaire pour Bardet scotché
dans la pente. L'Auvergnat avait enterré ses
derniers espoirs de gagner le Tour, en étant
relégué à près de 3’ du héros Dylan Teuns,
vainqueur de l'étape. « Je n'étais pas au ni-
veau »dira t-il. « Je n'avais pas les jambes. »
Asphyxiés par l'effort, exténués par le pour-
centage de la rampe, les coureurs terminaient
poussés et soutenus par des “helpers A.S.O.”
une fois la ligne franchie. Teuns terminera al-
longé dans l'herbe, les bras en croix comme
jeté en pâture. Alaphilippe, rincé, s'effondrait
dans la panneautique du sponsor maillot
jaune qu'il perdait pour 6’’ !« Il a été fort
pourtant! Extrêmement courageux »mau-
gréait son coach Tom Steels.
Le court circuit d'Alaphilippe électrisait
Giulio Ciccone. Nouveau maillot jaune du
Tour, le lézard - son surnom - avait grimpé
comme un reptile les sept cols de la journée,
en finissant dans la trace de Teuns. Meilleur
grimpeur du dernier Tour d'Italie, Ciconne
s'est fait un nom dès son premier Tour de
France grâce à cette chevauchée fantastique
à travers les Vosges. Une glace à son nom était
crée en Italie. L'histoire peut être rafraîchis-
sante à la Planche des Belles Filles.

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