Planète Cyclisme N°90 – Août-Septembre 2019

(Sean Pound) #1

DU CYCLISME ET DES SPRINTEURS


De notre envoyé spécial à Nancy, Armel Le Bescon

Elia Viviani a gagné des étapes sur les trois Grand Tour! Il entre
dans une caste très fermée d'une vingtaine de champions en
exercice qui ont raflé des victoires sur le Giro, le Tour de France
et la Vuelta. L'italien fait partie de la master class du sprint
mondial. Une aubaine pour la Cofidis.

E


lia Viviani n'est pas le sprinteur le
plus sexy du peloton, mais un des
plus réguliers sur les podiums. Il cla-
que des bises aux miss sans qu’Elena
sa girlfriend en soit jalouse. Du côté de
Nancy sur le Tour, il est arrivé à ses fins com-
me il dit : « C'est la victoire qui me man-
quait. Oui, bien sûr, elle est à part dans ma
carrière, car elle a été longue à venir! »
Viviani était rentré fanny du Tour d'Italie en
mai dernier, mais il s'était remis en jambe sur
le Tour de Suisse pour débouler plein d'éner-
gie sur la Grande Boucle. Confiant en tout
cas. Tellement sûr de lui qu'il avait conseillé à
ses parents de rester à Nancy le 9 juillet pour
assister à sa probable victoire! Viviani est le
bolide de la Deceuninck-Quick•Step et
s'inscrit comme ses p'tits copains dans la dy-
namique de l'équipe. Alaphilippe avait gagné
la veille à Epernay et le champagne débou-
ché après le triomphe du Français avait
donné les meilleures vibes possibles à l'Ita-
lien. « Il y a une vraie émulation dans notre
équipe »reconnaît le sprinteur qui a désor-
mais gagné sur les trois Grand Tour, 5 étapes
au Giro, 1 au Tour et 3 sur la Vuelta : « On

est tous heureux des victoires des uns et
des autres. C'est ce qui fait notre force
aussi chez Quick•Step. Ma victoire à
Nancy sur le Tour, c'est le succès qui man-
quait à mon palmarès des Grand Tour. »
On se demande alors pourquoi l'Italien va
partir chez Cofidis? Longtemps sur le Tour,
il a botté en touche, alors que c'était un se-
cret de polichinelle pour les suiveurs. Il ra-
contait notamment aux journalistes qui le
questionnaient sur son changement d'équipe
l'an prochain, « mais c'est vous qui dites que
je vais quitter Deceuninck-Quick•Step! »
Un autre jour, pour calmer les reporters ita-
liens, il balançait : « J'ai déjà dit que c'était
le Tour de France qui déterminerait mon
avenir. »En réalité, Viviani portera bien le
maillot de la Cofidis en 2020 et remplacera
Nacer Bouhanni dans l'effectif des Nordistes.

Il déboulechez Cofidis
avecSabatini

Une recrue de choix qui, depuis trois ans,
rapporte une douzaine de victoires en moy-
enne à son équipe. Ce fut même un jackpot
en 2018 avec 18 succès! Et à 30 ans, Viviani
n'est pas pourri. « Je suis toujours rapide »
dit-il. « C'est d'ailleurs pour ça que j'ai dé-
croché ma première victoire sur le Tour à
Nancy. J'ai gagné ce sprint massif, parce
que j'étais le plus rapide. »Vorace comme
tous les sprinteurs, Viviani lorgnait ensuite
l'arrivée à Chalon/Saône et rêvait de lever

les bras sur les Champs « pour le prestige. »
Viviani avait deux trains différents chez les
Flamands. Il n'aura pas ce luxe dans l'équipe
de Cédric Vasseur. Quand on lui demandait
s'il préférait travailler avec le train du Giro ou
celui du Tour de France, il répondait simple-
ment : « J'avais deux trains différents c'est
vrai, mais les deux sont très bons » comme
s'il ne voulait se fâcher avec personne. Mais
en juillet, il louait le travail de Michael Mor-
kov, son poisson-pilote. « Michael est celui
qui prend toutes les décisions dans le train.
Je crois en lui à 200 %, il a la bonne lecture
pour me faire sortir de la boîte et il garde
la vitesse d'exécution dans les jambes. Je
lui fais toujours confiance. » Pourtant, ce
n'est pas avec Michael Morkov que l'Italien
va débarquer chez Cofidis. C'est son autre
poisson-pilote (italien), du Giro 2019, Fabio
Sabatini qui le rejoint dans ses valises.
Les journalistes transalpins le trouvent
honnête : « Quand il perd, il dit qu'il n'a pas
réussi à rester dans la roue de son poisson-
pilote. Il ne cherche pas d'excuse bidon »
dit un reporter de la Gazzetta dello Sport.
« Il est correct avec ses coéquipiers. »Un
sprinteur qui dénote parmi la confrérie des
bolides, où la nouvelle génération montre les
muscles. Quand il avait été mis hors-délai du
Giro en 2016, il n'avait rien reproché à ses
équipiers. Depuis cette période de vaches
maigres, Viviani est un bon sprinteur, qui s'est
construit un palmarès avec courage et téna-
cité. Des victoires entre Tirreno, Dauphiné,
Tour de Suisse et les Grand Tour auraient pu
lui apporter un peu plus de luxe, mais le cou-
reur de la province de Vérone est resté un
homme simple et sympathique qui a voyagé
entre Liquigas, Cannondale et Sky avant d'al-
ler chez les Belges. Ce n'est pas la Bretagne
Classic remportée en 2017 qui a changé le
bonhomme. Il croit que le meilleur est à ve-
nir. C'est pour cela qu'il a envie de courir pour
une équipe française en pleine transforma-
tion. Un sacré pari avec son ami Sabatini.

“J'avais dit que c'était
le Tour de France
qui déterminerait
mon avenir.”

VIVIANIDANSLES
3 GRANDTOUR

L'Italien compte désormais 9 victoires
d'étapes sur les 3 Grand Tour.
GRANDTOUR VICTOIRESD'ÉTAPES


  • Giro 5

  • Tour de France 1

  • Vuelta 3


ELIA VIVIANI


« La victoire qui me manquait »


Getty Images

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