se, mais aussi des coureurs comme nulle
part ailleurs »dit Madiot. On raconte
que le maire de Binche, Laurent Devin,
une ville de 30 000 habitants environ
avait pleuré quand il avait su que son ag-
glomération serait ville-départ de la 3e
étape du Tour. Le patron de l'équipe fran-
çaise explique aussi la force des médias
dans ce pays qui parle de vélo au quoti-
dien dans les plus grands tabloïds : « On
a une presse belge très vive, comparable
à la presse française sur le football. Les
journaux sont au pied des bus de la
Quick•Step et de la Lotto-Soudal, com-
me les médias français sont au Camp
des Loges avec le PSG. Ça fait vivre le
cyclisme à travers des histoires croustil-
lantes dans ce pays. »Signe de renou-
veau de ce cyclisme incarné par Wout van
Aert, Remco Evenepoel, coureurs talen-
tueux d'une nouvelle génération, il y avait
21 coureurs belges au départ du Tour cet
été. Un record depuis 1994! Mais ils
étaient plus d'un million dans le cœur de
la Grande Boucle. Une raison supplé-
mentaire pour sonder trois coureurs du
Tour de France 2019, Yoann Offredo de
Wanty-Gobert, le Canadien Hugo Houle
du Team Astana et Fabien Grellier, de
Total direct energie. On a voulu connaî-
tre leur opinion sur ce cyclisme d'une ri-
chesse toujours fertile à travers les évé-
nements et la découverte de talents, sans
oublier la légende Eddy Merckx. ->
“Tout est magnifié
dans le vélo quand
tu es au cœur d’une
course en Belgique.
C’était puissance 10
au niveau du public,
des encouragements,
de l’enthousiasme.
C’était incroyable.”
YOANNOFFREDO(WANTY-GOBERT)
1 -> « QUE REPRESENTE
LA BELGIQUE EN TERMES
DE CYCLISME? »
- YOANN OFFREDO :« Tout est magnifié dans le
vélo quand tu es au cœur d'une
course en Belgique. C'était puis-
sance 10 au niveau du public, des
encouragements, de l'enthou-
siasme. C'était incroyable. C'est
une terre qui m'est très chère la
Belgique. Malgré les années som-
bres du vélo, il y a toujours ici une ferveur populaire
et je reste admiratif de cette passion. Et puis il y a
aussi cette proximité des coureurs avec le public
en Belgique, où il n'y a pas de barrière en fait. Les
coureurs peuvent s'arrêter sans problème faire des
selfies. Tout le monde est content, aussi bien le
public que les coureurs et ça se ressent. » - FABIEN GRELLIER : « C'est vraiment une terre de
vélo avec ses deux Monument, le
Tour des Flandres et Liège-Bas-
togne-Liège, avec également la
foule sur le bord des routes quelle
que soit la course. Ce sont aussi
des conditions difficiles avec des
routes pavées ou étroites sur des
bitumes assez moyens. C'est un pays qui s'est dé-
veloppé sur différents types de terrains aussi. Ils
ont du cyclo-cross avec des champions, c'est ce
qui rend ce sport aussi populaire dans le pays. On
a ressenti le même engouement sur les étapes en
Belgique. C'était fabuleux de partir sur le Tour de-
puis Bruxelles. » - HUGO HOULE :« Ces journées de course en Bel-
gique ont démontré encore une fois
que la Belgique est vraiment fer-
vente de vélo. J'aime bien courir
dans ce pays, car on ressent une
vraie émotion, une communion
avec les fans. Et puis, je trouve que
les courses en Belgique nous ap-
prennent aussi à courir de manière plus nerveuse
qu'ailleurs. Il faut se battre pour tenir son rang. Il y
a une culture populaire du vélo. Les gens connais-
sent et hiérarchisent bien les différents niveaux. »
2 -> « QUELLE EST LA
COURSE MYTHIQUE POUR
TOI EN BELGIQUE? »
- YOANN OFFREDO :« C'est le Tour des Flandres!
Cette course est l'ADN du patrimoine belge, aussi
bien la Wallonie que les Flandres. Le Tour des
Flandres est une madeleine de Proust avec les
odeurs de frites, de bières, les encouragements.
On ressent tout ça quand on est sur cette course.
Un coureur marche au mental et c'est un vrai mo-
teur. »- FABIEN GRELLIER :« Je n'ai jamais couru le Tour
des Flandres. Avec mon gabarit, c'est normal.
Alors sans hésiter, c'est Liège-Bastogne-Liège,
même si elle n'est pas vraiment abordable. C'est
une course qu'il faudrait quand même améliorer
pour qu'elle soit plus ouverte. C'est très dur du
début à la fin. Je l'ai courue quatre fois. J'en sais
quelque chose. » - HUGO HOULE :« Pour moi, c'est le Tour des Flan-
dres. Je l'ai faite plusieurs fois en allant au bout et
j'ai bien aimé à chaque fois l'atmosphère des
pavés. »
- FABIEN GRELLIER :« Je n'ai jamais couru le Tour
3 -> « COMMENT AS-TU
DECOUVERT LA LEGENDE
EDDY MERCKX? »
- YOANN OFFREDO :« Je suis né en 1986, mais
comme je suis passionné par l'histoire du cyclisme,
j'ai lu énormément de choses sur Eddy Merckx.
D'ailleurs, à Noël dernier, on m'a offert un superbe
livre sur lui. C'est une véritable rock star Eddy
Merckx, avec une aura extraordinaire. Au-delà du
vélo, il dégage quelque chose, parce qu'il fait par-
tie du patrimoine cycliste du monde entier. Le p'tit
gamin en face de nous (Trévise, 8 ans, en photo en
bas) porte un maillot Wanty. Mais il a aussi une
casquette Eddy Merckx. C'est une légende qui
parle à tous. On a besoin de cette magie grâce à
un champion comme Eddy dans notre sport. » - FABIEN GRELLIER :« Je suis né en 1994. Alors
il faut remonter à mes grands-parents paternels
pour entendre parler d’Eddy Merckx. Ils m'ont ra-
conté qu'ils écoutaient le Tour à la radio. Après, j'ai
vu des petits films sur lui. Mais ça ne me parle pas
vraiment. C'est comme pour Raymond Poulidor.
J'en ai entendu parler. J'ai commencé par jouer au
football après le titre de champion du monde de la
France en 1998. Ça ne fait que 10 ans que je fais
du vélo. » - HUGO HOULE :« Le problème, c'est que je ne
suis pas trop culture vélo! Mais j'ai cru compren-
dre qu'il avait gagné pas mal de courses. J'ai cô-
toyé des coureurs belges. Alors maintenant, je
connais son histoire. C'est sûrement le plus grand
champion du sport cycliste. »
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