Planète Cyclisme N°90 – Août-Septembre 2019

(Sean Pound) #1
De notre envoyé spécial à Reims, Armel Le Besconl Photos Skoda

Presse-Sports

Andy Schleck reste un jeune retraité passionné de cyclisme. A 34
ans, le Luxembourgeois est devenu un businessman qui passe sa
vie entre l'Europe et les Etats-Unis. Ambassadeur Skoda, celui qui
a remporté le Tour 2010 par défaut revient avec pudeur sur une
carrière inachevée, avant de jeter un œil critique mais juste sur
les coureurs et les équipes qui font le buzz aujourd'hui. Talent
sacrifié, Andy Schleck, emporté par la nouvelle vague, nous
explique aussi pourquoi il est fan d'Alaphilippe.


  • Planète Cyclisme : Comment se passe la
    reconversion d'un jeune retraité de 34 ans?
    Andy Schleck : « On peut dire que je suis un
    jeune retraité, mais je crois que je n’ai jamais
    vraiment travaillé dans ma vie. Je vivais le vélo
    par passion. Je ne faisais pas ce métier avec l'ap-
    pât du gain! Ma motivation de courir le Tour
    se réalisait dans l'amour du vélo. C'est la pas-
    sion qui conduit à gagner des étapes, des gran-
    des courses et des épreuves. On ne peut pas
    faire ce métier pour l'argent, c'est trop dur. »

  • P.C. : Il n'y a pas de regret d'avoir arrêté
    aussi tôt ta carrière?
    A.S. :« Mais je n'avais pas le choix. Même à
    29 ans. De toute façon, je savais que je n'irais
    pas jusqu'à 40 ans, parce que j'avais commencé
    très jeune. J'ai été pro pendant 11 ans. C'est déjà
    une longue carrière. Et puis j'avais eu six opé-
    rations du genou et mon corps disait stop. Je
    n'en voulais plus. »

  • P.C. : Est-ce que tu pensais déjà à ton après
    carrière à ce moment-là?
    A.S. :« Mais non, pas du tout. J'ai eu un grand
    amour dans ma vie. Ce n'est pas ma femme.
    C'est le vélo mon grand amour. C'est une fois
    que c'était terminé que je me suis projeté dans
    l'avenir. Le vélo m'avait toujours accompagné
    jusque-là. C'était logique que je me retrouve
    dans l'après-carrière avec l'envie de prolonger
    le plaisir en créant d'abord un magasin de vélo,
    puis un deuxième et un troisième. Je pense que
    j'ai une histoire personnelle intéressante pour
    le grand public. C'est une partie de mon tra-
    vail désormais comme d'aider les coureurs à
    travers mon investissement personnel. »

  • P.C. : Est-ce une histoire pour les jeunes
    ou pour le milieu du cyclisme en général?
    A.S. : « Je raconte mon histoire dans les écoles.
    Je pense qu'elle peut être utile pour les enfants.
    J'ai appris des choses pendant ma carrière qui
    sont la vraie vie. On n'enseigne pas ça dans les
    écoles. Si mon expérience peut aider des jeunes


ANDY SCHLECK


« ALAPHILIPPEABIENPLUS


DETALENTQUEMOI »


à trouver une bonne direction dans la vie, je
serais heureux. On dit toujours que le vélo,
c'est une école de la vie, mais c'est exactement
ça. Je n'oublie rien de ce que j'ai vécu. »


  • P.C. : As-tu accompli tes rêves dans le cy-
    clisme?
    A.S. :« Même si j'ai gagné le Tour 2010 par
    défaut, je suis fier de cela bien entendu. Je suis
    allé au bout de ce Tour et ensuite, il y a eu des
    avocats, des juristes qui ont rétabli la vérité. Al-
    berto Contador doit l'accepter et ne pas se
    mettre comme victime. C'est trop facile.
    Mais bon, c'est un autre débat. Mes rêves
    étaient de gagner les plus grandes courses. J'en
    ai gagnées, notamment un Liège-Bastogne-
    Liège. Mais les rêves sont inachevés. »

  • P.C. : Quelle est ta plus grande frustration
    de ce Tour de France-là?
    A.S. :« C'est de ne pas avoir eu le maillot jaune
    sur le podium des Champs-Elysées. C'est ter-
    rible ça. Cet instant en jaune n'existe pas. Il n'est
    nulle part. Alberto (Contador) a reçu toutes
    sortes de félicitations pendant ce Tour et après,
    et en réalité tout ça m'était destiné. Et puis, le
    business n'est pas le même entre un 2edu Tour
    de France et un vainqueur. Quand tu signes
    ton contrat après le Tour, ce n'est pas du tout
    la même chose. »

  • P.C. : Es-tu rancunier envers Contador?
    A.S. :« Non, il n'y a aucun problème entre
    nous. On prend un café, une bière, on discute
    ensemble d’autres choses que du vélo. Tout le
    monde peut faire une faute dans la vie. Alberto
    fait un boulot fantastique aujourd'hui avec sa
    fondation et son équipe de jeunes. On a les
    mêmes passions, on se retrouve autour de ça
    désormais. Il inspire beaucoup de jeunes. »

  • P.C. : Tu as fait rêver des milliers de fans
    à travers le monde en terminant 2ed'un Giro
    à seulement 21 ans et plus encore bien après.
    Est-ce que cette hype autour de toi t'a man-


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