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ilote de side-car motocross
et vitesse, concessionnaire et
importateur moto, organisateur
de championnats de France (Supercross,
Supermotard, Promosport), président
du Moto Club de Lyon, délégué technique
de la FFM, Guy Bongiovanni a consacré
sa vie à la moto et perpétué ses grandes
heures à Lyon. Moi, le Parisien mais
« émigré » à Bressan en raison de mon
association avec la famille Maingret
de Pont-de-Vaux (et aussi à l’occasion
de ma période sentimentale lyonnaise),
j’ai eu la possibilité d’intégrer le milieu
moto de la région, et ai donc fait la
connaissance de Guy à l’occasion du
Salon de la compétition de Lyon, un must
du début des années 70, qui mériterait un
papier à lui tout seul. Très vite, nous avons
sympathisé et cette amitié sera scellée lors
d’un voyage Moto Revue aux 200 Miles
de Daytona 1972. Si l’on compte ses amis
sur les doigts d’une seule main, Guy et son
épouse Claudie, en font assurément partie.
Une amitié qui ne s’est jamais rompue.
Il est diffi cile de retracer une vie de presque
80 ans, vécue à 110 %, en une seule
page. Je ne retiendrai donc que les
moments les plus forts et signifi catifs
que nous avons vécus ensemble ou
les anecdotes que l’on m’a racontées.
Tout jeune, Guy a été attiré par les
side-cars. Motocross d’abord, vitesse
ensuite. Fernandez, qui sera son passager
avant d’être celui de Joseph Duhem,
se souvient de cette période héroïque :
« Guy, n’ayant pas de remorque, s’est fait
tirer par la voiture de ses parents pour
rallier, du sud de Lyon, le circuit de cross
de Valence, soit plus de 100 km, en pleine
nuit! » Par la suite, et pendant plus de
20 ans, il participera aux championnats
de France, d’Europe et ISRA avec les
attelages les plus divers et en particulier,
un modèle remarquable avec moteur de
MV Agusta 750, puisque Guy fut, pendant
une certaine période, importateur de la
marque. Cet attelage a d’ailleurs été mis
en vente en février dernier à Rétromobile.
Il utilisera également un side à moteur
Kawasaki à une époque où les Suzuki
régnaient en maîtres et obtiendra ses
meilleurs résultats de 1993 à 1997.
Il connaîtra le pire à la suite d’un
accident sur le circuit de Pau où
son passager perdra la vie. Sa carrière
sportive, qu’il menait de front avec ses
activités professionnelles, l’obligeait
à des « raids nocturnes » qui ont dû
avoir une incidence sur ses résultats,
même si Guy est une force de la nature
qui possède une endurance à toute
épreuve : le sommeil ne semble pas avoir
de prise sur lui. Il avait développé ces
facultés naturelles grâce à son expérience
de chauffeur routier au Sahara où les
heures de conduite ne se comptaient
pas. J’ai encore en mémoire un voyage
en Italie, sur le circuit de Misano,
pour l’essai d’un 50 cm^3 sport dont il
envisageait l’importation. Nous étions
partis de Lyon dans la soirée, avions
atteint l’Adriatique au petit matin,
pour repartir dans l’après-midi et
rejoindre Lyon vers minuit. Sans
une seconde de sommeil pour lui
- contrairement à moi qui n’ai
pas pris le volant une seule minute.
Du fait de ses racines italiennes, il s’est
naturellement tourné vers les marques
transalpines, Moto Guzzi, Ducati et MV.
Grâce à son dynamisme et ses compétences
techniques, il avait acquis une notoriété
qui dépassait largement Brignais – petite
ville où il réside toujours –, et son magasin
de l’avenue de Saxe, haut lieu de la moto
à Lyon. Lorsqu’il m’avait spontanément
proposé de me sponsoriser, en 1975,
alors que je courais sur Yamaha, je peux
affi rmer que l’amitié avait largement pris
le pas sur le marketing. À l’issue de sa
carrière sportive, Guy s’est impliqué dans
le Moto Club de Lyon, l’un des plus anciens
de France, créé en 1905. Guy en est
le président depuis 20 ans et perpétue
la mémoire de Benjamin Savoye et de
Raymond Moulin. Fort de son glorieux
passé sportif, il a su transmettre sa passion
de la moto et du sport motocycliste
à la jeune génération et contribué au
renouveau des courses moto au sein
du club, ce qui est loin d’une sinécure
dans la période actuelle. Néanmoins,
les organisations du MC Lyon (Supercross
de Lyon, Supermotard de Saint-Laurent-
de Mûre, Coupe de France Promosport
sur le circuit de Bresse, Moto 25 Power sur
le circuit d’Alès et récemment, une épreuve
de Tourisme à Sourcieux-les-Mines) sont
de véritables succès. Il est aussi impliqué
au sein de la commission technique de la
FFM en tant que commissaire technique,
mais de moins en moins car dans ce
domaine, comme dans beaucoup d’autres,
la politique prend le pas sur le reste
et le dialogue est préféré à la sanction...
Même retiré des affaires, il ne manque pas
d’activités entre sa ferme de la Dombes
et ses motos, des Kawasaki bien sûr, une
Vulcan 750 pour lui et un Eliminator
125 pour son épouse. Dynamique,
passionné, d’une extrême gentillesse
et toujours prêt à rendre service, la vie
ne lui en a pas toujours rendu grâce
puisqu’il a, entre autres drames, perdu
l’un de ses enfants dans la fl eur de l’âge. ✦
GUY BONGIOVANNI
LA MOTO
À LA LYONNAISE
Christian Bourgeois raconte
Christian Bourgeois, champion de
France de vitesse devenu journaliste
à Moto Revue, puis directeur
de la compétition chez Kawasaki, est
aujourd’hui retraité. Il a donc le temps
de nous conter quelques anecdotes.
UNE FORCE DE LA NATURE ET UNE
ENDURANCE À TOUTE ÉPREUVE