Moto Revue Classic N°106 – Septembre-Octobre 2019

(Jeff_L) #1

(^28) / # 106
Egli Red Baron
E
t nous revoilà, mon
photographe préféré et
moi, de retour chez Egli,
deux ans après notre dernière
visite. En 2017, nous avions
été conviés par le repreneur
de la marque à tester la 1300
Fritz W. Un café racer construit
à l’ancienne autour d’un moteur
moderne de Yamaha XJR.
Cette fois-ci, ce n’est pas pour
une moto moderne que nous
sommes là mais bien pour une
Egli d’époque. Et pas n’importe
laquelle puisqu’il s’agit d’une
machine montée avec un
moteur Honda 1000 CBX.
Eh oui, en 1982, alors que
la version Prolink est déjà
en vente, le bon Fritz n’hésite
pas à proposer une partie-
cycle pour le majestueux
six-cylindres nippon. On est
accueilli par le nouveau maître
des lieux, Alexander Frei (voir
pages suivantes), qui nous
emmène directement dans
l’atelier. Non seulement on y
découvre la machine de notre
essai mais une autre en cours
de restauration et encore
une autre en construction!
Y aurait-il un engouement
pour la Red Baron (Baron
Rouge), le petit nom de ce
modèle? Alexander nous
explique que c’est un pur
hasard, car à l’époque, à peine
une cinquantaine de EH 10-C
(le nom d’homologation) ont
trouvé clients. Il faut dire que
la bête s’affi chait à 72 000 F,
deux fois et demie le prix d’une
CBX standard! Bien sûr, il était
possible d’acheter la partie-
cycle seule contre 36 000 F
mais encore fallait-il dénicher
un moteur de CBX et assembler
le tout. Ensuite, il fallait se
rendre au service des Mines
pour homologuer l’engin.
Qualité et
rigidité suisses
La machine déshabillée
sur le banc permet de mieux
examiner la structure du
cadre à grosse poutre centrale
typiquement Egli. Le moteur
est relié dans sa partie
supérieure par un treillis
boulonné et classiquement
dans sa partie arrière.
L’ensemble est extrêmement
rigide, c’est bien connu.
La fourche de fabrication
maison apporte, elle aussi,
un maximum de rigidité.
On remarquera également
le déport du té inférieur,
une technique qui permet un
meilleur guidage sans jouer
sur le débattement. À l’arrière,
le système Cantilever cher
à Egli utilise un amortisseur
réglable qui disposait, à
l’époque, de quatre ressorts
aux tarages. Car une Egli,
c’était une vraie machine de
course homologuée pour la
route. D’ailleurs, au début des
années 80, Fritz engageait ses
motos en championnat du
monde d’endurance avec
Jacques Cornu et elles étaient
identiques à celles qu’il
vendait aux clients. Outre
les composants maison (cadre,
fourche, commandes reculées,
etc.), Fritz faisait appel au
meilleur manufacturier.
Les freins sont un mélange
d’étriers Lockheed et de
disques Brembo, tandis que
les roues en électron étaient
fabriquées par l’allemand
Mahle, certes plus connu
pour ses pistons. Concernant
le pot – un magnifi que six-
en-un –, il provient de chez
Schüle, autre manufacturier
teuton de renom. Une
anecdote qui caractérise
le sérieux de la maison Egli :
pour fabriquer ses fourches,
Fritz s’est d’abord associé à
l’italien Paioli mais jugeant
la qualité insuffi sante, il a fait
rapatrier la fabrication en
Suisse! Revenons à la Red
Baron. Ce qui frappe d’emblée
sur cette moto, c’est bien sûr
la peinture rouge appliquée
sur le moteur. Une coquetterie
qui, au passage, oblige à
un démontage complet du
moteur. Le détail qui tue, c’est
le compteur de vitesse qui, lui
aussi, était entièrement rouge.
Notez que cette machine est
DANS L’ATELIER,
PAS MOINS DE TROIS
RED BARON : UN RECORD!
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  1. Le té de fourche est la marque de
    la croix suisse. 2. La suspension
    arrière est de type Cantilever.

  2. Fourche Egli, disque Brembo,
    pinces Lockheed, jantes
    Mahle. C’est beau et effi cace.


Cette Red Baron date de 1985
et n’a connu qu’un propriétaire
avant de « rentrer » à la maison
il y a quelques semaines.
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