MX Magazine N°258 – Juillet 2019

(Wang) #1
base. Mais comme ensuite au fil des
semaines ils prennent de la vitesse, il
faut continuer à tester et à faire des
évolutions et là, c’est moi qui inter-
viens. C’est sans arrêt! Il y a beaucoup
plus d’expérience et d’exigence chez
les pilotes MXGP. Ils savent ce qu’ils
veulent. Ils ont une telle routine de
travail que ça doit tomber de suite
alors qu’en MX2, les pilotes expriment
leurs besoins différemment. Quand
Gautier me parle, je sais de suite trans-
crire techniquement ce qu’il dit. »

Il est exigeant Gautier?
« Il est exigeant mais il est profes-
sionnel, donc ça tombe bien avec moi
et ça fonctionne bien entre nous. »

Tu es occupé durant un week-end
de course, mais le panneautage
de ton pilote ne te manque pas?
« Je n’ai jamais vu autant de courses
de ma carrière que depuis le début
de saison! Avant je ne suivais que
mon pilote. Aujourd’hui je suis capable
de te dire qui est monté sur le podium.
L’avantage pour le team, c’est que ça
lui coûte moins cher en ardoises de
panneautage (rires). C’est un autre

stress, je ne sais pas si c’est le fait de
la nouveauté mais j’ai un stress. Quand
Gautier tombe à Valkenswaard, tu te
dis “putain, est-ce qu’il va dire que
c’est la faute des suspensions ???”
Hier je vivais la course d’un pilote,
aujourd’hui j’en ai quatre à suivre!
J’ai la même attention pour les quatre,
que ce soit un Flamand, un Suisse, un
Rosbif ou un Frenchie! »

Quand un de tes pilotes monte sur
le podium, tu as le même ressenti?
« C’est différent mais c’est une satis-
faction. Ça m’a permis de mûrir.
Quand tu es mécanicien, tu as le sen-
timent d’être le centre de la moto. En
fait tu n’es qu’un morceau du puzzle.
Je suis une autre pièce du puzzle, mais
j’ai beaucoup plus de recul. Ça m’a
fait évoluer. »

C’est une étape ou une finalité
ce job?
« J’aimerais qu’il y ait d’autres étapes,
que j’aille plus loin, que je fasse du R
and D (NDR : Recherche et Déve-
loppement). Ça me plairait de faire
de la recherche, de l’expérimentation.
Quand tu bosses sur les suspensions,
il y a plein d’horizons qui peuvent
s’ouvrir, et pas seulement en moto-
cross. »

Quels conseils donnerais-tu
à un jeune?
« Va faire du scooter en concession,
fais plein de choses y compris de la
merde et monte les échelons un à un.
Plus tu auras d’outils dans la main,
mieux tu y arriveras. Il ne faut pas
avoir peur de porter les roues! La
chemise, le bel auvent, c’est pas le vrai
boulot d’un mécano. Il faut commen-
cer dans un petit team, faire tout de
A à Z. Moi j’ai eu la chance de bosser

avec Michel Moreau, avec Philippe
Darthail, de Sébastien Dassé et quand
tu passes dans ces mains-là, tu ne peux
qu’apprendre. »

La vie de mécanicien de GP
entraîne des sacrifices au niveau
de la vie privée?
« Mon meilleur ami aujourd’hui, c’est
mon téléphone. Depuis 2015, j’ai fait
le choix d’habiter en Belgique, je suis
loin de ma famille, de mes amis.
Construire une relation avec une co-
pine, c’est compliqué car tu es toujours
en vadrouille et nous, on n’a jamais
de congés. On teste en semaine, le
week-end... C’est un choix, je l’ai fait
et il me plaît. »

Ton regard sur l’évolution des GP?
« Je suis dans de bons teams où il y a
du personnel, où l’on est payé à la fin
du mois. On est concentré sur notre
taf, on fait plus que le simple travail
de mécanicien mais on ne doit pas
tout faire. Tout s’est professionnalisé,
au début des années Bud on était tous


  • les mécanos – en pit bike pour aller
    faire le con ou boire un coup, ça
    n’existe plus aujourd’hui. Tous ceux
    de ma génération ont fait ça, mais on
    a tous compris que ça ne pouvait pas
    durer, il y a tellement d’argent investi
    aujourd’hui. Au niveau des teams, il
    y en a où c’est trop strict, d’autres pas
    assez, c’est partout pareil. »


Le niveau du MXGP?
« Ça va vite! Les technologies avan-
cent et rendent le niveau encore plus
élevé. Les pilotes ont plus de facilité
pour aller plus vite vu la technologie,
mais ils prennent aussi plus de risques.
Les mecs allaient très vite en 90, mais
aujourd’hui avec une moto du com-
merce, tu peux faire du top dix! » ■

PORTRAIT
Ludovic Bottazzini

Gautier Paulin se
montre pointu en
termes de technique et
de réglages. Il possède
l’expérience pour
avancer dans la bonne
direction aux dires
de Ludo.

LUDO DIGEST
➜Né le 29 mai 1986
➜Réside entre La Teste-de-Buch et Lommel
➜Mécano de : 2007-2008 : Adrien Lopes, 2009-2010 :
Fabien Izoird, 2010 : Bud Racing Kawasaki avec Michael
Leib (MX2), 2011 : Bud Racing Kawasaki avec Davide Guarneri (MX1),
2012 : Bud Racing Kawasaki avec Dylan Ferrandis (MX2), 2013 : Bud Racing
Kawasaki avec Dylan Ferrandis (MX2), 2014 : Yamaha 2B avec Milko Potisek
(MX1), 2015 : Standing Construct Yamaha avec Valentin Guillod (MX2),
2016 : Kemea Yamaha avec Valentin Guillod (MXGP), 2017 : Kemea Yamaha
avec Alvin Östlund (MX2), 2018 : Kemea Yamaha avec Ben Watson (MX2),
2019 : Yamaha Europe, technicien suspensions avec les teams Kemea (MX2)
et Wilvo (MXGP)

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