MX Magazine N°258 – Juillet 2019

(Wang) #1
nières et de trajectoires différentes.
Du coup, on avait des gars comme
Cooper ou Ferrandis qui pouvaient
faire des dépassements à bloc dans
des zones de freinage défoncées en
bas des descentes... Là, c’était beau!
La comparaison entre les deux courses
faisait peine à voir. Ils auraient pu dif-
fuser la Russie en noir et blanc, on se
serait cru à l’époque des CZ... Certes,
tous les circuits de MXGP ne sont pas
aussi déprimants, certains sont su-
perbes, mais les circuits US ressem-
blent au Colorado 95 % du temps. Ça
donne à réfléchir et montre une dif-
férence de mentalité dans le traite-
ment des pilotes. Les Américains pren-
nent soin de leurs pilotes et préparent
les terrains pour qu’ils prennent du
plaisir à chaque fois qu’ils roulent,
qu’il y ait du spectacle et pas des bles-
sés toutes les dix minutes. Faut pas
oublier que les pro roulent tous les
jours, il faut qu’ils s’amusent. Sur des
circuits pourris, les pilotes vont rouler
comme ils vont au boulot. Tu fais faire
une saison d’outdoor US à Gajser, il
ne remet plus jamais un pied en Eu-
rope! On peut aussi comparer les
écarts en course : Marvin, si tu le mets
sur un GP et qu’il part derrière Gajser
et Tonus, il ne prendra pas 25 secondes
comme derrière Tomac et Roczen.
Déjà, pour prendre 25 secondes en
Russie, faut y aller à vélo...
Aux US, le championnat 250 est inté-
ressant avec des pilotes qui n’ont pas
des contrats sur cinq ans et qui se bat-
tent pour aller chercher des victoires
et des podiums. Je suis épaté par Justin
Cooper qui a les crocs et ne lâche rien
face à un Adam Cianciarulo qui pense
enfin pouvoir remporter un titre. On
a aussi Ferrandis, mais il m’a avoué
avoir du mal à se remettre dans l’out-
door. Faut dire aussi qu’il stresse tel-
lement sur ses départs que du coup,
il les rate systématiquement. Un dé-
part, c’est 70 % psychologique. Faut
se conditionner mentalement dans les
deux minutes avant le baisser de grille,
bien sortir, puis continuer l’effort pen-
dant les 35 secondes qui suivent. Dy-
lan est hanté par ses mauvais départs
et ça l’empêche de se concentrer
comme il faut. C’est dommage, car à
son niveau et avec sa Yamaha qui
marche l’enfer, il devrait être dans les
3 à chaque coup... Dans les autres

teams, c’est moins glorieux que chez
Yamaha Star Racing. Il n’y a qu’Adam
qui sort du lot chez Pro Circuit. Chez
Troy Lee Designs, on a les mêmes
mecs qui font la même chose depuis
dix saisons et qui moulinent dans la
semoule. Faut dire que Tyla Ratray,
leur entraîneur, les oblige à être be-
sogneux, sans aucune possibilité
d’avoir de la créativité. Tu les vois
rouler la semaine à l’entraînement,
tu peux déjà prédire le résultat du
week-end. Or aujourd’hui, si tu n’as
pas le petit truc en plus, tu ne peux
pas espérer battre Justin, Adam ou
Dylan. On manque un peu de top pi-
lotes sur ce championnat et c’est dom-
mage quand on voit la qualité des mo-
tos... En 450, Ken Roczen va vouloir
prouver que ses deux premiers titres
outdoor étaient mérités, mais cela im-
plique de prendre des risques qu’il ne
veut pas vraiment prendre. Eli Tomac
reste fidèle à lui-même. Il est tellement
énervé après s’être inventé des pro-
blèmes en première manche, comme
par exemple se mettre le roll-off dans
la chaîne, qu’ensuite il atomise la
concurrence dans la seconde. Ça de-
vient un classique! Le duel entre les
deux sera intéressant car Roczen sera
régulier. Tout va donc dépendre du
pilote Kawasaki. S’il gagne trop de
manches d’affilée, ça va déprimer Roc-
zen. Déjà, on voit bien que s’il se fait
doubler par Tomac, il ne réplique pas.
C’est aussi dû au fait que les cham-
pionnats sont de plus en plus longs,
ce qui fait que les gars sont devenus
plus calculateurs, au détriment du
spectacle. En MXGP, si Tonus passe
Gajser, celui-ci va répliquer... Marvin
est un peu dedans, mais un petit peu
en dedans à ce niveau c’est énorme.
Il est troisième, mais pas à bloc. On
entend parler de problèmes de moto.
Même Osborne et Anderson sont de-
vant lui aux essais... Mais bon, à ce
niveau, c’est psychologique : si tu
penses que ta moto n’est pas au top,
tu n’iras pas à fond. Webb est arrivé
dans le team KTM cette année et n’a
pas pris le temps de réfléchir, emporté
dans la tourmente du supercross. De-
puis qu’il a eu son titre, il a réalisé et
il a besoin d’un peu de temps pour
s’y remettre... Mais on sait qu’il va y
aller, ça fera un peu plus de bagarre
en tête en fin de saison! ■

B


onjour à tous! Ce mois-ci, j’ai
eu l’occasion de regarder à la
suite le Grand Prix de Russie et la
manche du championnat US dans le
Colorado. Le dessin des deux circuits
m’a frappé. En Russie, le site était
magnifique mais le tracé rappelait
mon époque, on se serait cru en 1990.
Un circuit mono-trajectoire rendant
les dépassements impossibles, très sec,
avec de la poussière. Résultat? On
voit des pilotes se suivre à la queue
leu leu sur une terre tellement lisse
qu’on pourrait faire le tour avec une
moto de supermotard. Youthstream
privilégie les circuits rentables au dé-
triment du spectacle et du coup, on
s’ennuie devant la TV alors que les
pilotes s’explosent en course en es-
sayant de doubler. Dessale, Paulin,
Lupino et Bobryshev sont tombés à
cause de ça. Ils n’ont déjà que 21 pi-
lotes sur la grille et s’ils continuent,
ils vont finir à 12. Tiens pour un peu,

je devrais y aller, je marquerais des
points! Quant aux autres, ils n’ont pas
pu s’exprimer à leur vrai niveau. Cai-
roli a mal choisi son week-end pour
chuter aux essais. Il part à droite sur
la grille sur un circuit où tu ne peux
pas passer et perd 25 points à cause
du tracé. Même chose pour Tonus qui
était meilleur que Gajser mais qui n’a
jamais pu le doubler. À l’inverse dans
le Colorado, dès les essais on avait
l’impression qu’il avait plu toute la
journée tellement c’était rempli d’or-

Yannig


« Dylan est hanté par


ses mauvais départs,


ça l’empêche de


se concentrer... »


Pour Kerv’, si un pilote
comme Gajser vient
rouler en outdoor,
il n’aura plus envie
de rentrer en Europe.

Kervella


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